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Action n° 1
Croix Rouge Française

Page 8 sur 8

Bernard Bel, Aix-en-Provence
à M. le Président de la Croix Rouge Française
Monsieur le Président,
J'ai été extrêmement choqué, en visitant la page <http://www.croix- rouge.fr/goto/secours/ sur votre site Internet, par le spot publicitaire qui met en scène une femme mannequin avec des commentaires suggestifs dans le style : "Pendant une heure, ce mannequin sera tout à vous".
Une allusion aussi explicite à un corps de femme blessée comme objet de satisfaction sexuelle, appelant aux plus bas instincts des spectateurs, est indigne d'une institution comme la vôtre. C'est manifestement une incitation au viol, qui devrait tomber sous le coup de la loi.
Je suis d'autant plus sensible à cette immonde mise en scène qu'à l'âge de 14 ans j'ai été sauvé par des soins d'urgence suite à une noyade en piscine. J'ai par la suite appris les gestes de réanimation, notamment la respiration artificielle qui n'a rien d'une partie de plaisir.
En diffusant de telles images, vous déshonorez l'institution que vous êtes censé représenter. Merci d'y mettre fin.
12 mars 2001


Docteur Catherine BOUDIGOU-FILLASTRE, conseillère régionale des pays de la Loire, responsable de la commission santé des Verts
Médecin urgentiste pendant longtemps, et assurant toujours des gardes de médecin pompier, ayant démarré le secourisme à l'âge de 14 ans, je sais combien d'hommes et de femmes j'ai dû masser et ventiler, sans que l'ensemble soit particulièrement "séduisant", "sexy" ou ... je ne sais quel qualificatif trouver. J'ai trouvé cette pub racoleuse, voire putassière ; moi qui ai servi dans les équipes secouristes pendant toute mon adolescence, et sachant que, dans mon métier de médecin, ce sont très souvent ces gestes apppris à la Croix-Rouge qui me servent encore, je suis blessée.
Non, la fin ne justifie pas les moyens. Et connaissant le professeur Gentilini, je suis encore plus choquée qu'il se soit laissé piéger par les marchands et les publicistes.
Je ne crois pas à l'efficacité d'une campagne qui resterait isolée. Il me semble que l'introduction dans les programmes scolaires de la formation régulière, répétée, à ces gestes qui sauvent, et qui, appris dans l'enfance, resteraient dans la tête des citoyens - hommes-femmes -jeunes -vieux- beaux -laids que nous sommes, aurait une autre efficacité et une autre dimension que cette campagne qui est de plus totalement éloignée de la réalité des choses, et à terme contre-productive.
17 novembre 2000

Stéphane Calmeyn, journaliste, Paris
Chère Croix-Rouge,
Adriana Karembeu est évidemment très belle dans votre publicité télévisée. Aussi belle que lorsqu'elle vante des cosmétiques. Mais l'enjeu est-il le même?
Il n'était pas nécessaire d'exciter aussi lourdement nos fantasmes pour promouvoir l'apprentissage des "gestes qui sauvent la vie". Sa seule notoriété aurait suffi.
A moins que vous ne considériez que - pour sensibiliser l'opinion - l'Unicef aurait dû proposer à son ambassadrice Emmanuelle Béart de visiter les camps de réfugiés rwandais en string!
Respectueusement,
21 novembre 2000

 Martine Davenel, enseignante, 29 ans
Par votre spot publicitaire, vous ne sensibilisez que les hommes au problème du secourisme.
Vous croyez que je suis sensible au joli corps d'une femme mannequin ? Et bien non !
Par contre, si je voyais un enfant faisant une crise d'épilepsie, ou bien sur le point d'étouffer, une dame âgée tombant dans la rue, là oui, je me sentirais interpellée, car ça peut arriver tous les jours !
Ras-le-bol de la pub qui ne s'adresse qu'aux hommes !
17 novembre 2000

Katia Dieschbourg, ingénieure, Paris
La CRF souhaite développer (en faveur de l'apprentissage des "gestes qui sauvent") une "information qui responsabilise les jeunes en particulier", en vertu de quoi elle leur adresse un message "associant beauté, séduction, humour et intelligence" :
1 - je ne vois pas pourquoi il faut absolument parler du secourisme en termes de "beauté" et de "séduction". C'est de sauver une vie humaine qu'il s'agit, pas de parade sexuelle. La réalité du secourisme n'a rien de ragoûtant, entre le sang, les gens asphyxiés, ou brûlés, ou pris de convulsions, ou en état de prostration, et c'est montrer un grand mépris envers les jeunes que de les croire incapables de comprendre cette réalité, et de baser votre message sur une totale illusion ;
2 - le spot publicitaire est profondément discriminatoire, puisqu'il s'adresse d'emblée au public masculin (hétérosexuel, s'entend), le public féminin ne pouvant (une fois de plus) s'identifier qu'à la victime.
Les gestes de "secourisme" proposés ont de toute évidence une forte connotation sexuelle. Pour caricaturer (mais à peine), si je suis un jeune homme sous l'emprise de sa testostérone en train de regarder votre pub, il se forme dans mon esprit l'association d'idées suivante :
1 - si je dois secourir une femme, regarder d'abord son âge et son corps. Si elle est jeune et bien foutue, j'interviens. Dans tous les autres cas, je la laisse crever par terre.
2 - les gestes de secourisme : lui mettre des coups de boutoir entre les cuisses ("point de compression"), lui tripoter les nibards ("massage cardiaque") et lui rouler un patin ("bouche-à-bouche") ...
Voilà un message qui illustre clairement le mépris des femmes, et aussi des jeunes hommes puisqu'ils sont littéralement assimilés à des bites à deux pattes. Quant à "l'humour" et à "l'intelligence" revendiqués, je crains qu'il ne s'agisse "d'humour" et "d'intelligence" de publicitaire ... de cette génération de méprisables petits crétins mufles, misogynes, irresponsables et égoïstes, cette génération qui n'a jamais appris le respect de l'autre, qui se sent tenue de défendre une certaine conception de la virilité (face aux grandes méchantes féministes à mater à tout prix), et qui envahit les médias de leurs fantasmes puérils et de leur vision ô combien réduite et pathétique de la "Femme" ... et qui, bien sûr, montent sur leurs grands chevaux, quand on les interpelle, au nom de "l'humour" et du "second degré" ...
Que Mme Karembeu prête son concours à ce genre de pub, ça la regarde. Que les margoulins, marchands de bagnoles et autres aient recours aux agences de pub qui produisent ce genre de "concepts" tournant tous autour de la femme-objet, rien d'étonnant puisqu'ils voient le monde comme un marché où tout est à vendre, y compris la viande humaine fraîche, et les être humains comme des con-sommateurs. Mais qu'une association qui a pour raison sociale de secourir les victimes d'accidents et de violences bien souvent d'origine humaine, achète une publicité aussi minable et insultante pour les femmes, et persiste en outre en défendant son choix désastreux, voilà qui me dégoûte. Au reste, je me demande combien de généreux donateurs se sont involontairement cotisés pour financer ce spot si "intelligent" ...
Lorsque je vois cette avalance d'images et de vidéos où le corps féminin (jeune et beau, bien sûr !) est mis en scène dans toutes sortes de fantasmes sexuels sous le prétexte de vendre n'importe quoi au public (à une partie du public, en tout cas), lorsque je vois de quelle manière infantilisante on s'adresse à nous, public, lorsque je vois que la vente de yaourts est traitée, dans les média, de la même façon et sur le même plan que l'information citoyenne, je me dis que la route pour être respectée en tant qu'être humain et particulièrement en tant que femme, est encore bien longue et ardue ; et je m'inquiète aussi pour ma fille ...
En tout cas, chère Croix-Rouge, vous pouvez toujours courir pour que je donne un kopek à votre association, ou pour que je vienne apprendre le secourisme chez vous. Et si un jour j'ai besoin de secours de première urgence, j'espère qu'il me restera assez de lucidité pour reconnaître si j'ai affaire à un bénévole de la Croix-Rouge, et le cas échéant assez de force pour m'opposer à ce qu'il mette ses sales pattes sur moi.
Bien cordialement à vous,
PS : et quand il faut secourir la victime d'une agression sexuelle, quels sont les gestes préconisés ?
20 novembre 2000

Marie-Ange Filippi, peintre, Paris
J'ai été médusée que la Croix-Rouge puisse utiliser des clichés aussi sexistes pour une cause aussi importante.
Travaillant avec des jeunes gens, j'ai parfaitement conscience que les top models exercent une fascination sur eux. Dans le scénario, c'est la passivité sensuelle du mannequin qui me choque. Quoique le professeur Gentilini en dise, l'esthétique n'est pas la première chose qui vous vienne à l'esprit pendant que la caméra effleure le corps d'Adriana Karambeu. Je suis sûre que vous auriez pu mettre en scène Adriana Karambeu dans un spot où elle aurait eu quelque chose à dire et à faire. L'agence de publicité aurait dû chercher plus loin que le cliché d'une très belle jeune femme blonde et passive et le spot aurait pu être tout aussi accrocheur et humoristique.
J'ai déjà mon brevet de secourisme, heureusement, car je n'aurais jaamis cherché à me renseigner en voyant un spot racoleur et méprisant pour les femmes.
Malgré ce faux pas, je respecte toujours les actions de la Croix-Rouge. J'espère seulement que la prochaine campagne publicitaire sera respectueuse de l'action et du rôle des femmes.
21 novembre 2000

Isabelle Giraud, doctorante en science politique, Isère
Je viens de prendre connaissance de la réponse officielle faite par la Croix-Rouge Française aux signataires du Manifeste contre la publicité sexiste dont je fais partie. Veuillez prendre en considération l'extrême déception dans laquelle elle me plonge...
Je dirais seulement ceci : Il n'y a pas de mal à réaliser un spot publicitaire avec la présence de mannequins professionnelles. MAIS QU'ELLES MONTRENT LE BON EXEMPLE ! Pourquoi Adriana Karembeu n'aurait-elle pas pratiqué elle-même des gestes de secourisme pour montrer aux "jeunes" que tout le monde doit savoir lespratiquer ? Les "jeunes" sont aussi des jeunes femmes, vous savez... et même les garçons, doivent-ils apprendre ces gestes dans l'espoir de sauver la vie de femmes sexy un jour ou bien également pour pouvoir sauver celle de personnes âgées "peu esthétiques" par exemple ? Une Adriana Karembeu qui sauve la vie d'une vieille dame, voilà par exemple qui aurait été un message de solidarité ou d'humanisme et non de simple plaisir sexuel.
Votre publicité est scandaleuse et j'espère que vous saurez trouver d'autres arguments à l'avenir pour convaincre les Français d'apprendre les gestes de base de la solidarité.
17 novembre 2000

Cécile Gréboval, lobbyiste, Bruxelles
Je tiens à exprimer mon mécontentement par rapport au dernier spot télévisé de la Croix Rouge qui me semble véhiculer un message ambigu et sexiste. Je ne comprends pas le côté accrocheur utilisé par une organisation telle que la Croix-Rouge. Ce genre de spot renforce les stéréotypes sur ce que "devrait être" la femme, objet sexuel pour les hommes et mannequin parfait, docile et passif, pour les femmes. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de renforcer encore ces idées qui devraient être dépassées.
Permettez-moi également de vous dire que l'argument "esthétique"/ "humour" que vous avez avancé me semble tout à fait malhonnête... Je ne suis pas sûre que le message sexuel renforce l'image de la Croix-Rouge, en particulier auprès des femmes : qui aurait envie de se faire soigner par un secouriste aux intentions aussi évidemment autres qu'humanitaires?
17 novembre 2000

Michel Grévin, instituteur, Aisne
Notre corps nous appartient ; et Mme Karembeu a choisi, comme vous le dites, de se prêter " gracieusement " à ce que j'appelle pour ma part un détournement de sens.
Ce qui est valorisé ici, ce n'est pas l'acte qui sauve une vie, car je pense que dans ce cas, l'appel à la responsabilité de tout un chacun pour qu'il apprenne à sauver des vies passe par un autre travail ; celui par exemple, de l'éducation. Cette formation pourrait être dispensée dans lesécoles pour les maîtres qui eux-mêmes sensibiliseraient leurs élèves. J'en parle d'autant plus franchement qu'à l'occasion d'un stage à l'institut de formation des maîtres, j'ai eu l'occasion unique de participer sur 4 semaines de formation à une 1/2 journée de formation de base, celle-ci s'appelant "Apprendre à porter secours".
C'est peu et rare. En tous les cas, je crois cela plus efficace ; en nous montrant le joli corps d'une personne qui par son "attrait" voulu fait écran, vous cachez en définitive le véritable message dont vous êtes porteur.
Les gestes de secourisme, c'est du lien social et je ne crois pas qu'en érotisant le corps de la femme, une fois de plus servant à vanter un produit si noble soit-il, on aide à respecter l'autre.
Cela me choque, d'autant plus que ce corps ainsi étalé, tronçonné déshumanise encore plus l'être qu'il devait servir à l'origine. Il manque une âme et un regard.
Pour ma part, il n'y a pas d'un côté le libre choix de son corps et de l'autre, la contrainte ; on peut être manipulé tout en pensant être libre. Cette pub participe à une image de la femme stéréotypée ; elle est belle, elle est jeune et sexy et elle se donne à une bonne cause, certes, mais quelle ambiguité !!! Elle se donne surtout à des milliers de paires d'yeux qui ne verront en elle, non le message qu'elle est censée faire passer mais uniquement l'enveloppe.
17 novembre 2000

Françoise Hatchuel, maîtresse de conférences en sciences de l'éducation, Val-de-Marne
Je m'associe aux autres signataires du "manifeste pour une publicité non sexiste" pour protester contre votre dernière campagne de publicité qui utilise l'indéniable attrait sexuel qu'exerce Adriana Karembeu pour inciter les jeunes à s'engager dans la pratique secouriste. Loin du "deuxième degré humoristique " que vous prétendez utiliser, je trouve au contraire que cette campagne renforce les clichés sexistes en sous-entendant qu'un corps de femme sert avant tout à être désirable, alors même que vous êtes bien placés pour savoir que, quand un corps est blessé, on se fiche de savoir si c'est celui d'Adriana Karembeu. "Accrocher le public" est certes un objectif (et nul doute qu'il sera atteint) mais il ne peut se suffire à lui-même. Il y a bien assez de "et si tu tombes dans les pommes, je te ferais du bouche à bouche" dans les cours de récréation pour qu'il me semble inutile de renforcer l'association entre geste salvateur et utilisation du corps d'autrui. À ce niveau-là, c'est du pousse-au-crime ! Il me semble qu'il y a d'autres moyens, plus efficaces et moins néfastes, d'être drôle et accrocheur/se.
25 nov 2000

Geneviève Hesse, journaliste, Berlin
En tant que signataire du Manifeste "Non à la pub sexiste!", je vous fais part de mon désaccord avec l'actuelle publicité télévisée de la Croix-Rouge.
En tant que journaliste franco-allemande spécialisée sur les sujets du non-profit, je pense qu'il existe d´autres moyens qu´une femme-objet pour recruter de nouveaux secouristes pour la Croix-Rouge. Vous pourriez par exemple expliquer dans votre publicité quels avantages (formation, contacts, plaisir de donner, de sauver etc...) apporte le travail de secouriste. Je pense que c'est cette motivation (et non pas la perspective de palper de la jolie chair, activité en soi fort plaisante, mais pas dans de telles circonstances!!!) qui attirera vos secouristes. Ou bien souhaitez-vous encourager vos secouristes à abuser des femmes malades ou blessées? Dans l´espoir que vous stoppiez cette publicité le plus rapidement possible
17 novembre 2000

Véronique Jourde, Valbonne
J'ai été choquée par le spot publicitaire sur le secourisme mettant en scène A. Karambeu ; je suis déçue qu'une organisation aussi sérieuse que la Croix-Rouge ait elle aussi choisi de jouer sur des aspects sexuels et d'utiliser le corps de la femme comme vecteur pour un message qui n'a rien à voir. Je trouve ce genre de pratique sexiste et dévalorisante.
J'ai donc décidé de suspendre les versements que je fais habituellement à la Croix-Rouge, au moins tant que je n'aurais pas reçu l'assurance de votre part que vous n'utiliserez plus à l'avenir de tels moyens.
28 fév 2001


Jacqueline Julien, présidente de la Coordination Lesbienne Nationale et de Bagdam Cafée - Toulouse
Accrocheur, votre spot ? Bien sûr, selon les éternels principes qui consistent à ne s'adresser qu'aux mâles hétérosexuels, et à ce qui est supposer les "motiver".
Votre imaginaire se décline au masculin et vous vous comportez (via votre publicitaire) comme si c'était la "loi" du genre humain. Les femmes ne sont pas sujets, mais encore une fois des objets de ce que vous appelez le désir (de secourir, surtout rien de plus, qu'allons-nous imaginer-là ?).
Pour vous, "l'opinion publique" ce sont les hommes, "les jeunes" sont des garçons, les secouristes sont des mâles, les secourables sont des femelles, et une "femme" n'est pas une individue mais un corps à (faire) reluquer par "les spectateurs". Ce corps est en danger ? OK, mais avant de le "secourir", on va exciter le basic instinct du mâle hétéro toujours prêt, toujours là. Oh certes pas pour une vieille dame, non (pas "accrocheur"), mais pour une jolie viande "bandante", pourquoi pas ? Bien sûr, c'est un casse-tête d'être universel, n'est-ce pas ? S'il fallait "accrocher" en plus les femmes, dans votre campagne, où irait-on ? Les femmes ne sont en rien "universelles". Et si dans votre spot on les avaient impliquées activement (et non passivement comme il se doit), "les jeunes", "les spectateurs", "l'opinion publique" ne se seraient pas sentis concernés sans doute ? Une femme secourant une autre femme ? J'entends déjà ces rires gras de la légitimité mâle : ciel, un spot de lesbiennes ? Car c'est ainsi : toute image d'une femme non appropriée par un homme est considérée comme si a-normale qu'elle est simplement inimaginable. Alors bravo : au nom de vos bons sentiments, vous avez contribué à renforcer ce qui, en effet "va de soi" : que les femmes sont au monde, votre monde, pour être reluquées, tripotées, chosifiées, battues, violées.
Pardon, je voulais dire secourues : par la Croix-Rouge.
17 novembre 2000

Anne Lardeux, monteuse et étudiante en cinéma, Montréal, Québec, Canada
Je trouve très discutable la mise en scène du corps féminin dans ce spot publicitaire. Cela me parait non seulement dénué de pertinence par rapport à votre propos, mais surtout cela participe à un courant de chosification du corps de la femme très répandu dans la publicité. Sous prétexte d'esthétique, le corps féminin est utilisé de façon équivoque afin de vendre n'importe quoi : assurance, voiture, téléphone, lunettes... et maintenant " responsabilisation des jeunes ". Cela n'a aucun sens et ne fait que creuser l'ornière dans laquelle on maintient les femmes: " soyez belle et laissez-nous parler par votre bouche ". Il est décevant qu'un organisme tel que la Croix-Rouge Française participe à ce courant de communication sexiste.
Il s'agit pour ma part de faire entendre ma voix face à un type de médiatisation que je trouve choquant; c'est aussi à ce titre que je suis signataire du manifeste " Non à la pub sexiste! "
Je souhaite que les nombreuses protestations soulevées par votre spot vous encouragent à concevoir d'autres campagnes d'information, respectueuses celles-ci, de l'intégrité de l'individu.
17 novembre 2000

Alain Lipietz, député européen
Monsieur,
Je trouve votre publicité "Vous avez toujours rêvé d'embrasser un mannequin, pendant une heure il sera tout à vous" fort ambiguë. Vous risquez le "mot d'esprit" quand il s'agit d'une femme (la top-model), pas quand il s'agit de l'homme (pourtant il y a des mannequins hommes)
Considérez-vous que les femmes et les gays n'ont pas de fantasmes, ou que les femmes sont des objets sexuels ?
19 avril 2001


Dominique MARCILHACY, membre du Conseil Economique et Social français
La Croix-Rouge diffuse actuellement une publicité présentant une image de la femme qui me choque. La cause que vous défendez est assez noble pour qu'il ne soit pas besoin de la promouvoir en faisant appel à l'image de la femme version "sensuello-sexuelle". Qu'on présente une belle femme pour vendre du café ou des voitures est déjà assez pesant pour que des institutions comme la vôtre ne donnent pas à leur tour dans la pub sexiste.
Sexiste, car vous n'avez pas choisi de faire errer la caméra sur les appâts d'un homme, n'est-ce pas ? Merci de votre action en général et merci de "corriger le tir" dans le cas d'espèce.
17 novembre 2000

Françoise Mariotti, universitaire, Montpellier
Bonjour,
Votre publicité faisant appel à de nouveaux secouristes pour la Croix-Rouge m'a plus que déconcertée. Moi, femme de 45 ans, universitaire, psychologue, je ne me suis pas du tout sentie concernée par ce message, alors que j'avais envisagé il y a quelques temps de suivre cette formation. A la limite, la chute humoristique aurait été de proposer Zidane au lieu de votre minable Roger en bois, mais franchement, m'entraîner sur Roger alors que le public masculin peut fantasmer sur Adriana, cela me rend jalouse, et me fait rejeter votre publicité.
Oubliez-vous la moitié du monde quand vous réalisez vos publicité ? Ou alors, manquez-vous terriblement de secouristes hommes, et alors je comprends mieux. Mais votre publicité reste terriblement sexuelle et utilise une fois de plus le corps dénudé d'une femme pour un produit qui n'a rien à voir. Peut-être faudrait-il que cela change pour que le respect entre les sexes continue à s'établir.
P.S. : En admettant que vous manquiez de secouristes femmes, et que vous décidiez de remplacer Adriana par Zidane, je n'aurai pas admis ce côté voyeur provoquant dans la façon de filmer le corps.
16 nov 2000

Réponse du président de la Croix-Rouge française
Des quelques lettres reçues, à l'appel de l'association les Chiennes de garde, contre la publicité pour les gestes qui sauvent la vie, la vôtre reste courtoise et humoristique. Je vous en remercie. D'autres sont seulement vulgaires, agressives et parfois diffamatoires.
27 novembre 2000

Note de chefdemeute : Il ne s'agissait pas d'un appel de l'association Chiennes de garde, mais d'une alerte de La Meute.


Sylvie Mateo, institutrice, Marseille
Si vous vous adressez à un public jeune "en associant beauté, séduction,humour et intelligence" (je cite votre président), vous avez fait acte de discrimination à de nombreux niveaux en choisissant le corps d'une femme :
- il n'y a pas que le corps d'une femme qu'on puisse qualifier de beau, n'est-ce pas ?
-si vous avez cherché à séduire, c'était surtout les hommes hétérosexuels et les femmes lesbiennes, mais pas forcément les futurs secouristes de tout âge et de toutes tendances sexuelles confondues.
-l'humour et l'urgence, peut-être, mais seulement après, avec le recul (avez-vous déjà fait un vrai bouche-à-bouche ?)
-Enfin pour ce qui concerne l'intelligence, je trouve que ce spot publicitaire en manque cruellement : inciteriez-vous les jeunes que vous voulez sensibiliser au secourisme à ne sauver que les jeunes top-models qui pourraient d'ailleurs les remercier en nature (comme la pub le suggère ) ? La Croix-Rouge ne peut-elle mieux faire en matière de com ?
17 novembre 2000


Vincent Michard, professeur, Essonne
Monsieur le Président,
J'ai eu connaissance de l'échange de courrier qui a eu lieu au début du mois de novembre entre vous-même et Florence Montreynaud à propos de la publicité télévisée utilisée par la Croix-Rouge pour promouvoir la formation au secourisme notamment parmi les jeunes.
L'intention de promouvoir la formation de secouriste est hautement louable.
Cependant, je tiens à abonder dans le sens de Florence Montreynaud et à vous faire savoir que je désapprouve la forme de ce spot publicitaire. Posez-vous la question suivante : pourquoi les spots publicitaires vantant telle marque de glace ou de voiture présentent-ils des corps de femmes dévêtus mais JAMAIS de corps d'hommes dévêtus ? Parce qu'une assimilation entre une glace ou une voiture et un corps de femme paraît acceptable alors qu'une telle assimilation paraît inacceptable dans le cas du corps d'un homme. Il y a bien chosification du corps féminin dans ces publicités. La publicité de la Croix-Rouge, si elle vise un but différent et autrement plus valable, semble cependant répondre à une logique voisine : pourquoi un VRAI corps de femme nu mais par contre un mannequin en LATEX figurant un homme ? Apparemment, l'un s'assimile à l'autre : le corps de la femme avec le mannequin en latex. Pour cette raison, cette publicité me paraît difficile à approuver dans sa forme et je suis étonné que la Croix-Rouge croie nécessaire d'utiliser de tels arguments pour promouvoir la formation de secouriste.
Je vous prie, Monsieur, de croire en l'expression de mes sentiments distingués.
12 décembre 2000

Annie Morel, expert comptable
Je souhaite protester contre le caractère sexiste des publicités actuelles et je m'étonne que la Croix Rouge en vienne à utiliser ce genre d'arguments déplorables (pub 11/2000 pour le secourisme).
Les images rabaissantes, humiliantes de femmes dénudées, posant pour des causes sans rapport avec elles, contribuent à un manque d'harmonie et de compréhension entre les sexes et entretiennent le mépris du sexe masculin envers le sexe féminin.
Permettez-moi d'exprimer ma grande déception à l'égard de votre organisme.
12 avril 2001

Lisa PERRISSIN-FABERT, étudiante, Grenoble
Je vous fais part de ma colère à la vue de votre pub TV (avec Adriana et Roger) pour "sensibiliser l'opinion publique française".
Je suis signataire du manifeste NON A LA PUB SEXISTE. Il est tout de même navrant que la "première" publicité sexiste contre laquelle nous nous élevons (depuis la création du manifeste, j'entends) soit celle de la Croix-Rouge.
Réfléchissez à l'avenir, avant de succomber à la pub racoleuse et très très facile. Pour une organisation qui "protège le corps humain", n'oubliez pas de protéger celui des femmes et leur dignité.
17 novembre 2000

Vittorio Pichireddu, traducteur, Haute-Garonne
Tout d'abord, en regardant cette publicité, le ou la citoyen(ne) se demande sans doute ce que cela a à voir avec le fait de sensibiliser le grand public au secourisme.
Pourquoi après avoir complaisamment et lourdement exposé l'anatomie féminine, choisir pudiquement un mannequin en bois pour symboliser l'homme ? Parce que vous savez bien que la société masculine supporterait beaucoup moins une publicité sexiste qui la viserait ouvertement.
La Croix-rouge n'a-t-elle pas ou ne devrait elle pas avoir une autre éthique qui exclut d'emblée le sexisme ? Saviez-vous que ce genre de publicité est interdite dans les pays nordiques ? La France représente de toute manière souvent un énigme vue de dehors : d'un côté, elle condamne sans appel toute forme de racisme et c'est à son honneur, de l'autre elle n'arrive apparemment pas à faire le rapprochement idéologique entre racisme et sexisme. Techniquement parlant, je pense que non seulement vous n'allez pas atteindre votre objectif mais que vous allez perdre beaucoup en crédibilité.
Les entreprises consacrent beaucoup d'argent à la publicité, alors qu'aucune étude n'a montré jusqu'ici qu'elle fonctionne mieux si elle est ouvertement sexiste.
Je pense que vous savez aussi que ce genre de publicité est déjà trop courante pour être remarquée. Par contre la seule chose qu'on retiendra, dans ce cas précis, c'est la Croix-rouge qui l'a commandée. Dans une société qui recherche de plus en plus de stimulus forts pour se donner l'idée de vivre pleinement, les méthodes descendent de plus en plus bas. Nous ne sommes pas très loin du jour où ce sera à l'ultime stimulus qu'il faudra faire appel : la violence concentrationnaire et industrialisée pour persuader le "client" qu'il doit lui aussi s'engager dans l'humanitaire. A quand les jeux des gladiateurs ?!
21 novembre 2000

Claudie de Rauglaudre, retraitée, Vendée
Au Professeur Gentilini, président de la Croix Rouge
Monsieur le Professeur,
En tant que femme tout simplement, je me fais l'écho des ami-es signataires du Manifeste : "Non à la pub sexiste !" pour ajouter mon indignation à la leur, au sujet de la "prestation" d'Adriana Karembeu pour la soi-disant défense de la cause de La Croix-Rouge.
Adriana, comme quelques femmes exhibitionnistes, heureuses de jouer de leurs charmes dans les stades ou ailleurs, dessert la cause de La Croix-Rouge, comme elle dessert la cause des femmes. Comment des hommes de votre qualité n'ont-ils pas conscience que la très grande majorité des femmes souffrent de se voir réduites à leur corps sexué, si beau et attrayant soit-il ? Elles en ont assez.
Cette pub, une fois de plus, est faite uniquement pour des regards d'hommes. Quel humour, quelle intelligence peut-on y voir, de la part d'une femme livrée aux caresses de la caméra voyeuse et insistante sur les points sexués de son corps ? Je n'ai pas peur de le dire : cela s'apparente à un viol collectif, même si la comparse Adriana est consentante, car toutes les femmes sont concernées par le regard lubrique qui n'est pas du tout innocent.
J'étais donatrice à la Croix Rouge. J'arrête là mes dons. Et je ferai tout pour dénigrer auprès de mes 8 enfants et 24 petits-enfants le message que vous avez fait passer. A force de m'entendre dénoncer le pouvoir sexiste des hommes, depuis la bienheureuse vague féministe qui m'a moi-même libérée de ma souffrance d"être-femme", mon entourage commence à être sensibilisé à cela. Mon mari m'approuve; depuis toujours je j'entends râler contre les femmes exhibitionnistes et la manipulation que des hommes sont trop contents d'exercer sur elles.
Veuillez croire à mes sentiments navrés.
le 17 novembre 2000


Réponse du professeur Gentilini, 24 novembre 2000
"Vos propos, excessifs et violents, me paraissent sans rapport avec notre démarche. De surcroît, vous parlez avec mépris de Madame Adriana Karembeu, jeune femme dont je connais la générosité.
Vous pouvez dénigrer la Croix-Rouge Française auprès de vos 8 enfants et 24 petits-enfants que la Providence vous a accordés ; j'en suis désolé, pour nous et pour eux. Je vous laisse la responsabilité de ce message négatif contre la vie.
J'espère surtout, et de tout coeur, qu'aucun membre de votre famille ne sera victime d'un accident de la route, ou d'un accident cardiaque, qu'un geste de secourisme élémentaire aurait pu sauver."

 
Danièle REFUVEILLE, professeur, Paris
Signataire de la pétition contre la publicité sexiste, je ne peux accepter qu'une institution comme la Croix-Rouge, quelle que soit la valeur de ses objectifs, puisse diffuser des spots publicitaires maltraitant ainsi l'image de la femme.
La violence dont les femmes sont encore les victimes - des violences verbales, aux brutalités conjugales ou encore la prostitution - trouve ses racines dans l'image du corps de la femme que l'on inculque aux jeunes.
N'est-ce pas avant tout à eux que votre message s'adresse ? Ayant représenté la France à la Commission de la condition de la femme des Nations unies, j'ai pu constater que le degré d'avancement des sociétés se mesure toujours au sort réservé aux femmes.
Notre pays n'est pas exemplaire et je pense sincèrement que la Croix-Rouge vient de l'aider à régresser.
17 novembre 2000
Jacqueline Shernetzky
Monsieur le Président,
Au cours de l'année écoulée, il m'est arrivé plusieurs fois de vous retourner certains de vos courriers d'appels de fonds en vous disant qu'ils me rappelaient par leur luxe et leurs photos couleurs, les messages reçus de l'ARC lorsque cette association était représentée par un président de triste mémoire.
Aujourd'hui, la Croix Rouge me choque une fois de plus par sa campagne publicitaire qui n'hésite pas à s'appuyer bien inutilement et malheureusement sur une représentation de la femme objet et sur des phantasmes sexuels sans rapport avec la mission qu'il s'agit de servir. Je suis attristée de constater qu'une Association aussi utile et prestigieuse ternisse son image en se laissant abuser par des publicitaires au goût douteux et en tout cas injurieux pour les femmes en général.
En tant que membre du club service "Zonta International" (35.000 femmes occupant des postes de responsabilité dans les diverses branches professionnelles) et également en tant que membres du réseau d'hommes et femmes de "La Meute" et signataire du "Manifeste contre la publicité sexiste", j'ai cru comprendre que vous restiez indifférent à nos remarques et que vous souhaitiez persister dans votre erreur. Comme beaucoup de personnes de mon entourage, j'en suis navrée et je demeure persuadée que votre attitude porte préjudice à l'Association que vous représentez.
Restant néanmoins dans l'espoir que vous répondrez à ce message en m'annonçant un prochain changement de l'esprit de votre communication publicitaire, je vous prie de croire en ma considération distinguée.
19 avril 2001

Danielle Thomas, antiquaire, Paris
Monsieur le Professeur,
Je n’aurais jamais imaginé, compte tenu de votre parcours professionnel, que c’est sous votre présidence à la Croix-Rouge Française que je m’insurgerais contre vos campagnes publicitaires.
Il y a une dérive scandaleuse !
Choisir des mannequins comme Adriana Karembeu, très jolie femme au demeurant, pour promouvoir les " gestes qui sauvent la vie " et où il n’est question que de beauté et de séduction, c’est exciter les fantasmes masculins.
Les femmes ne peuvent se reconnaître dans un message publicitaire qui appelle bien plus au viol qu’au secourisme.
Et vous récidivez ! Tant sur votre site internet que sur les affiches apposées dans vos centres, nous retrouvons le même thème.
Maintenant il s’agit d’attraper un mannequin (cela devient une obsession), qui : " pendant une heure sera tout à vous ", c’est-à-dire une femme, bien entendu, choisie et offerte aux hommes pour assouvir leurs plus bas instincts.
Retour à la Préhistoire et à l’homme des cavernes...
NON, TROP C’EST TROP ! ! !
Vous semblez oublier que les femmes aussi font des dons à la Croix-Rouge ; tant que vous utiliserez l’image de notre corps de façon pernicieuse, il est inutile que vous me sollicitiez.
Dommage, car j’apprécie beaucoup le travail effectué par votre personnel.
22 avril 2001


Michèle VANDERSTRAETEN, Belgique
En tant que femme et infirmière, je trouve très malhonnête de montrer ce beau corps : c'est tromper les jeunes. Ce n'est généralement pas de beaux corps de femmes que l'on réanime ; la réalité est bien différente, très rarement associée à la beauté et la séduction. Je le sais pour avoir travaillé en soins intensifs.
Tous les moyens ne sont pas bons pour trouver des bénévoles. Ces braves bénévoles ou ces jeunes ne feront pas du bouche-à-bouche à de jolies femmes, c'est un mensonge, et vous le savez.
22 décembre 2000

Christine Villard-Farjon
J'ai signé le Manifeste "Non à la pub sexiste" en pensant aux publicités des constructeurs automobiles ou celles des distributeurs de vêtements et chaussures ! Je ne pensai pas qu'un jour je serai amenée à manifester ma désapprobation à la Croix-Rouge pour sa pub. qui souhaite recruter des secouristes d'un genre particulier, semble-t-il, auxquels j'espère n'avoir jamais à recourir. L'esthétique a bon dos!!