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Sommaire de "Agir" Sommaire de l'action 4

Action n° 4
Barre p'tit Mec

Page 3 sur 3 : Commentaires

par ordre chronologique

Réactions de meutières de Toulouse à la vue de la pub "magnum"
avril 01
Emmanuel (48ans) Enseignant
Est-ce honteux d'être une femme ? Pourquoi n'y aurait-il que les hommes qui pourraient manger une barre chocolatée ? C'est sexiste! Je suis un homme et j'ai toujours détesté les barres chocolatées, je dois m'inquiéter peut-être ? Cette pub s'adresse-t-elle également aux femmes qui, après tout, peuvent très bien avoir envie d'en manger ? Dans ces conditions le secret de toutes les femmes est-il de devenir un homme ? De posséder un pénis ? Parce que l'état d'homme serait supérieur à l'état de femme ?

Sandra (20ans) étudiante
Pourquoi manger un Magnum ferait devenir un homme, parce que ça rime ? C'est bidon cette pub, je ne vois pas le rapport. Pourquoi c'est écrit pour homme et qu'on voit un corps de femme-sans tête!

Agnès (48ans) privée d'emploi de secrétaire
O.k, papa Freud a dit que les femmes avaient une envie de pénis, tout le monde peut dire des âneries, Karen Horney lui a répondu que les hommes nourrissent inconsciemment un désir de Maternité, ce n'est peut-être pas une ânerie ! Trève d'humour degré zéro, je trouve cette pub très perturbante pour les ados en recherche d'identité sexuel.

Anne (26ans) étudiante I.U.F.M
"Les valeurs" soi-disant masculines sont mises en valeur. Le produit est prétexte à tout.

Hélène (dans la cinquantaine) enseignante
Pour les enfants, ça veut dire quoi ? Qu'enregistrent-ils ?

Josse (dans la cinquantaine) enseignante
Obscène, laide, absolument sans fondement et sans logique! (?) La pub empêche d'acheter le produit par les femmes, qui se sentent bien dans leur peau, je n'ai pas envie, comme femme (féministe) de changer de sexe. Magnum transforme la population d'Europe en hommes et travestis.

Le premier Mai à la manif, micro-trottoir, par Agnès et Emmanuel.
Lydia (30ans) "Booouh! Ils peuvent le mettre à la poubelle leur magnum, moi je m'en passe très bien.

Ses filles qui voient la pub...
Marie (8ans) Une fille c'est plus jolie sans moustache. (elle détourne le regard de l'autre cliché)
Aurélie (10 ans) Boudu...(elle semble désolée et écoeurée et s'en va)

Claire (22ans)
Qu'est-ce que ça veut dire ? En tout cas c'est encore un truc que je n'achèterai plus!

Louise (41ans) fonctionnaire
Je n'ai pas encore vue cette pub, ce sont les jeunes qui mangent beaucoup cette glace, qu'est-ce qu'ils vont comprendre à cet "humour" ? Les publicitaires ont des problèmes avec leur sexualité ou quoi ?

Yves (20ans) étudiant
"Bof, c'est débile, ils croient que la jeunesse ne pense qu'à ça ?"

Sébastien (22ans) sans travail
"C'est rigolo"

Meute parisienne, réunion du 7 avril 2001 / Commentaires
Catherine
C’est obscène. Amalgame friandise/sexe en érection, invite à la fellation.
Accroche “pour homme” et l’image montre la “portion” (encore une fois la femme morcelée, objet de consommation) d’un corps de femme la plus directement sexuelle. C’est sûr, ça fait bander !
Le Magnum (nom de la barre chocolatée) exploite le désir de puissance virile (avoir la plus grosse = être un homme). Et comme chacun sait la pauvre petite fille “qui n’en a pas” rêve aussi de remplir son slip.
Cette publicité joue délibérément sur la pulsion sexuelle la plus élémentaire. Elle réduit la femme -morcelée- à un objet de consommation. Elle laisse entendre que la jeune fille a besoin d’un sexe pour être (complexe de castration) et aux garçons, elle confirme qu’il faut “en avoir” une grosse de préférence. C’est une invitation à la fellation qui assimile le sexe de l’homme à une friandise bonne à sucer ou à croquer. C’est le plaisir de l’homme qui est suggéré et associé pour plus d’impact au plaisir gustatif.

Marie-Noëlle
C’est un sexe d’homme qui sort d’un slip de jeune fille. C’est un sexe dressé qui bande. Le bout est croqué. C’est une barre = “avoir la barre”. C’est du chocolat ‘ friandise ‘ fellation. Je suis encore plus choquée que cela paraisse dans un journal pour jeunes filles.
Cette publicité fait appel l’animalité. Elle présente un corps dénudé et une argumentation sexuelle qui n’ont aucun rapport avec le produit vendu.

Monique
Cette pub me fait penser à l’été, la mer, la plage, le soleil. La fille sort de l’eau en maillot de bain et va vers son destin
Cette pub incite à la violence car elle est ambiguë : est-ce un homme ou une femme ? donc elle est dangereuse pour des enfants ou des pré-adolescent(e)s.
Elle incite les ados à passer à l’acte sexuel, la pub remplace le bouche à oreille des cours de récré. Les gamin(e)s rapportent le journal à la maison et le donnent à lire aux petits frères et soeurs.

Marie-France
Pourquoi cette pub me choque : elle est racoleuse, elle gêne, elle est voyeuriste, elle avilit celui ou celle qui la regarde, elle trouble les genres, elle appelle à la fellation.
La fille peut aussi devenir un mec, elle peut dominer avec la barre, l’être humain ne peut être que mec.
Virilité exacerbée. Etre un homme est plus valorisant. La femme a-t-elle besoin de cet attribut pour avoir une place dans la société ? Comme elles n’ont pas de pénis, les femmes n’ont pas la même place dans notre société que les hommes, elles sont dévalorisées. Cela ne donne pas du tout envie d’acheter cette barre après qu’elle soit passée dans un slip.

Frédéric
Obscène, c’est le but recherché. C’est une corps de fillette “pour homme”. Le corps n’a rien à voir avec ce qui est proposé à la vente. Certainement gênant pour nombre de personnes dont moi. Personnellement, je trouve ordurier le mélange de la bouffe et du sexe (surtout dans “l’art de la pipe”). Le seul mécanisme publicitaire possible semble de provoquer des réactions comme “Tu as vu la pub Magnum ?”. Drôle. Un homme en bikini redoute d’être amené à bander en public, mais avec l’exemple de cette image plus rien n’est à craindre.
Pub à condamner parce que l’obscénité est à proscrire de la pub en général et en particulier du domaine où elle n’a pas à s’appliquer (friandise), du regard des enfants, d’un usage où elle n’est qu’un outil de provocation, d’un usage où elle ne sert qu’à dévoyer la compréhension.

Florence
Il en a une grosse, on en mangerait.
Elle n’a pas de poils, elle est sucrée.
Cela ne la fait pas grossir.
“Pour homme “ la fille est offerte.
Un clitoris géant.
La barre = avoir la trique.
Déjà entamée = revenez-y. En croquant on arrive au con. Il la mange, elle n’aura plus de bite, de pouvoir, ou elle l’attire par le chocolat et il lui fera un broute-minou.
Représentation de la sexualité sans rapport avec le produit.
Utiliser un morceau de corps d’une jeune femme offerte comme de la viande.
Associer la virilité au chocolat, quel rapport ?
Confusion entre la nourriture et la fellation.

Hélène
Publicité obscène, le sexe de l’homme est associé à une friandise : est-ce pour inciter les filles à le croquer ou à le sucer. Cette pub cible sur le fantasme qui n’est pas raisonné mais pulsif.

Dolorès
Représentation du sexe masculin + “elle fera de vous un homme” ‘ réactiver le complexe de castration. Supériorité masculine ?
Distributeur automatique, elle s’offre, elle aguiche, elle racole avec la barre chocolatée pour se vendre.
De plus, la barre a déjà été entamée, ça me rappelle une offre promotionnelle où tout le monde peut goûter, essayer (la femme/la barre)
Avec le double sens de “elle fera de vous un homme” ‘ la femme (1e expérience sexuelle).
Cette action doit être menée afin de passer outre l’excuse de l’humour, du choc nécessaire de la publicité. Elle a pour but d’attirer l’attention : chose faite. Mais comment ? Comme les autres pubs, en présentant un corps de femme nue offerte. Mais toutes les pubs le font, soyons clair, le corps d’une femme nue exposée en gros plan dans la rue ne choque plus suffisamment les gens alors on va plus loin dans l’échelle de la violence visuelle. On met dans le slip de cette femme une grosse barre chocolatée déjà entamée. Le slogan, le titre, la position du corps est clair : c’est du racolage. Objectif atteint pour cette pub. Mais jusqu’où ira la publicité lorsque celle-ci ne fera plus d’effet ?

Dani
“Pour homme” ‘ pour l’inciter à bander. Barre chocolatée ‘ sexe d’homme jaillissant d’un slip de femme (on veut s’y attarder car c’est tellement incroyable qu’o,n veut en avoir le coeur net, si, si il s’agit bien d’une femme ! ‘ ambiguïté. Complètement sexuel.
Friandise à sucer, à croquer, image choquante assimilant le sexe à un objet sucré
Provocation totale - fellation - chez l’homme et chez la femme. Sexe en érection = plaisir, susciter le désir sans heurter, ses formes/notion de castration (contraire aux incitations aux régimes préconisés, tous les magazines à l’approche de l’été.
Il ne faut pas se priver = aucun tabou. “Trompe l’oeil”.
Violence sexiste : pub obscène s’adresse à des ados
Assimilation du sexe avec la nourriture, notion d’écoeurement.
Incitation à la perversité et à des violences sexuelles et à des déviances (pédophilie)
Ambiguïté permanente : corps d’homme ? de femme ? d’enfant ? sexe d’homme ? de femme ?
Non respect de la sexualité et de l’intimité, le corps devient objet de consommation.

Sophie
Pour être un homme il faut être en érection. (de la part des femmes) Pour plaire aux femmes, idem. Le sexe de la femme n’est pas montré, celui de l’homme, lui, peut l’être. Pour être un homme, il faut posséder une femme. “Pour homme” : la femme (son corps) et le plaisir d’avoir été croqué, eu du plaisir, gâteries, fellation. Où est le plaisir de la femme ? Comment est-il traité dans cette pub ? Le plaisir d’avoir donné le plaisir à l’homme peut-être ?
Les rôles homme /femme sont réduits à leur éternelle expression : la femme est là pour satisfaire le plaisir de l’homme et à travers ce service rendu par les femmes aux hommes à cette soumission les hommes ont le pouvoir, le gardent et légitiment la violence qu’ils pourraient s’autoriser pour obtenir ce plaisir = prendre un magnum (l’arme) ou un magnum (la barre chocolatée) - humour ? c’est drôle non ?- pour obliger les femmes à leur donner du plaisir.


5 mai 2001
Angéline Benoit, étudiante, Grenoble
Cette publicité pour Magnum est absolument révoltante.
Je ne sais pas si les publicitaires se rendent compte que les femmes aiment aussi les glaces mais que jamais elles n'achèteront une glace dont la publicité les humilie et les dégrade. Je travaille en ce moment pour mon mémoire avec des jeunes femmes (entre 15 et 20 ans) qui me font systématiquement remarquer à quel point elles trouvent "injuste", "sexiste" et "dégradant" qu'on utilise des corps de femmes nus pour vendre des produits. Leur glace, ils peuvent se la mettre dans le cul mais pas dans le slip des femmes.
Cette pub véhicule une conception des femmes et des relations sexuelles inacceptable pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à l'égalité entre les hommes et les femmes, et à des relations en dehors des stéréotypes.
Je soutiens toutes les actions contre cette pub machiste et j'estime que le PDG de Magnum doit des excuses publiques à tous et toutes.


8 mai 2001
Kader Rahmani, concepteur multimédia plasticien, Paris
La première allusion que l'on peut déceler est une référence à l'arme (le pistolet Magnum) et l'association arme à feu = virilité est le premier message (voir aussi l'expression avoir la barre = être en érection).
Le second message est sur le mode de la dérision grivoise : un corps féminin affublé d'un pénis fantoche.
Le corps de la femme, sensuel, doré, ayant profité du soleil, est dans une position suggestive, offert avec les jambes ouvertes.
Vous vous souvenez sans doute de la gitane sur les paquets d'allumettes qui avait le feu aux fesses. Ici le message est du même ordre : face a l'appétit sexuel démesuré de cette femme, il faut lui coller une barre glacée dans le sexe qui saura bien la refroidir (le feu de ce corps est encore accentué par son aspect bronzé).
Les couleurs du corps le rendent difficilement distinguable du mur, le corps n'est plus qu'un objet à même d'être violé par le texte qui est apposé sur le corps comme une marque pour le bétail ; par l'objet publicitaire la barre Magnum utilisé comme un godmichet de fortune.

9 mai 2001Antoinette Brouyaux, Réseau Eco-consommation, Bruxelles
Monsieur,
Vous avez diffusé via le réseau de cartes Boomerang et d'autres médias belges, des publicités pour la barre glacée Magnum.
Ces publicités, accompagnées de slogans tels que "prends-le si tu oses", ou "pas ce soir chéri, j'ai la barre" accompagnent des images de femmes.
L’une des images représente un tronçon de corps sans doute féminin, vu de face, coupé en haut du ventre et en bas des cuisses, et seulement vêtu d’un mini-slip. Dans celui-ci, à l’endroit du sexe, une barre Magnum au bout entamé, marron à l’extérieur et blanc à l’intérieur, est glissée verticalement, la moitié dépassant du slip.
Représenter ainsi une barre glacée au chocolat, dont le nom est celui d’une arme à feu, comme un pénis en érection, c’est mélanger l’intimité du corps humain avec un objet à manger ; c’est utiliser la sexualité pour vendre un produit ; c’est associer la chaleur d’un sexe de femme avec un produit glacé ou une arme à feu, et encourager le fantasme masculin qui consiste à fourrer un objet froid dans le slip ou dans le vagin d’une femme ou d’une fille ; c’est établir un lien entre devenir un homme et manger de la glace, tout en réduisant le fait d’être un homme à la capacité d’avoir un pénis long et dur ; c’est faire croire que toute femme a envie d’avoir un pénis et qu’elle rêve de devenir un homme.
Pour les responsables de La Meute et d'autres organisations en France et en Belgique, votre publicité est sexiste. Nous vous demandons d'interrompre sa diffusion et de prendre l’engagement de cesser d’utiliser des éléments sexistes dans vos futures publicités. Dans la foulée, nous contactons également le Jury d'Ethique Publicitaire. Sans réponse satisfaisante de votre part avant le 18 mai 2001, nous serons en droit de penser que vous continuerez à diffuser des publicités utilisant des représentations sexistes. Dans ce cas, les associations et personnes signataires du manifeste de La Meute lanceront des actions publiques en réaction à cette campagne, en liaison avec cette plate-forme internationale de réaction à la publicité sexiste.

Jacqueline Shernetzky, Ambassadrice de la Fondation du Zonta International
Monsieur le Président,
Je vous adresse ce message en tant que femme active occupant ou ayant occupé, parallèlement à ma vie professionnelle, des fonctions de responsable dans de nombreux réseaux citoyens parmi lesquels plusieurs réseaux féministes, notamment le club service "Zonta International" qui regroupe 35.000 femmes agissant contre les violences envers les femmes et les enfants, sous la devise "promouvoir le statut des femmes partout dans le monde", et le groupe chaque jour plus nombreux des signataires du manifeste de "La Meute" contre la publicité sexiste.
Nous sommes scandalisé(e)s par votre publicité présentant une barre glacée Magnum en position très particulière dans un slip. Elle nous donne l'impression de vouloir flatter des instincts sexuels et sexistes qui favorisent les agressions violentes et le manque de respect envers les femmes, les fillettes, les enfants en général.
Compte tenu du dégoût que nous inspire cette publicité et du danger qu'elle nous semble présenter, nous sommes déjà nombreux et nombreuses à prendre la décision de "boycotter" et de "girlcotter" votre produit (et peut-être bientôt tous les produits Miko et Unilever) et à inciter notre entourage et nos relations à faire de même. Parce que nous serons chaque jour de plus en plus nombreux et de plus en plus nombreuses à agir et à réagir de la sorte, nous ne doutons pas que vous nous rejoindrez le plus rapidement possible en retirant cette publicité et en annulant ses effets nocifs par une nouvelle campagne valorisant de meilleurs instincts.
Dans cette attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en nos salutations les plus distinguées.

Didier, 43 ans, ouvrier, Brétigny
"C'est dégoutant ! Vraiment, je ne sens pas un homme à cause d'une glace, et avec une fille que je désire je crois avoir mieux à offrir et à faire !!!"


10 mai 2001
Danielle Thomas, Paris
Monsieur,
Nous sommes actuellement en plein Festival de Cannes qui décernera une palme d'or au meilleur des films présentés.
S'il devait y avoir une palme d'or de la grossièreté, de la vulgarité, du sexisme et en un mot du mauvais goût, elle vous serait attribuée à l'unanimité du jury.
En effet, vos publicités sexistes, qui nous sont imposées par une presse complaisante, nous montrent le summum de ce que l'on peut faire dans le style pornographique. Leurs places seraient mieux à même de figurer dans les sex-shops....
Pensez-vous que les femmes, que vous avilissez de la sorte, vont en supplément acheter vos barres chocolatées qui d'ailleurs ne leur sont pas destinées ?
Non monsieur, vous avez d'excellents concurrents qui font de très bons produits et qui n'ont pas besoin, "eux", de racoler de façon ignoble le consommateur.
Je vous demande, avec La Meute, de prendre l'engagement de cesser d'utiliser des éléments sexistes dans vos futures publicités.

Antoine FRAYSSINHES
(...) Est-ce bien raisonnable?
Vulgarité et lourdeur sont désormais attachées à l'image de votre marque.
Je suis persuadé que l'argent que vous avez investi dans cette campagne publicitaire aurait été mieux utilisé dans l'augmentation du salaire de votre personnel.
Quel gâchis !

14 mai 2001
Annie Morel
Monsieur,
Votre publicité représentant le ventre d'une femme d'où émerge d'un slip votre glace Magnum est tout simplement immonde. Votre épouse, vos filles l'ont-elles approuvée ? En conséquence, je m'engage à dénoncer autour de moi votre attitude et à décourager l'achat de vos produits.
Je ne vous salue point.

Antoinette Brouyaux, meutière belge, signale que cette même image est accompagnée, dans sa version en flamand, d’une autre accroche. Traduction : "Prends-le si tu oses !"

Action-trottoir 2 juin 01, Paris
Gustave Michel, 18 ans, étudiant : « Choquante et pas appétissante. Cette pub n’annonce pas vraiment le produit. »
Kenza, 29 ans, informaticienne : « Je n’ai pas du tout envie d’acheter cette barre. Sans être féministe à fond, ça me révolte. »
Tristan, 20 ans, vendeur, et Fayssan, 19 ans, théâtre : « On pense au sexe d’un garçon. C’est une pub sensuelle qui ne donne pas envie d’acheter. La femme est en chaleur, elle met une glace dans sa culotte pour se refroidir. On aurait plus envie d’acheter si la barre était dans sa bouche. »

Didier Smal, chroniqueur musical, professeur de français, Liège, Belgique.
Sale coup de barre
Que nous dit cette pub [publiée dans le journal gratuit Rif Raf], outre qu'elle est moche et vulgaire ? Elle (…) illustre un discours publicitaire machiste aussi répugnant que majoritaire, que ce soit par l'exposition d'un corps et son détournement par adjonction d'accessoires, ou, plus grave, par un slogan réduisant la femme à un objet de conquête sexuelle : ce "prends-le si tu oses"* qu'on ne peut comprendre que "prends-la (je souligne) si tu oses". La pub est la plus absolue des victoires sur la femme, dans laquelle elle est employée, dévoyée, objectivée et réduite à une somme de clichés. Ce qui est aussi le cas dans les cinq autres publicités relevées au fil du même numéro et employant aussi l'image de la femme. Dans l'ordre d'apparition au fil des pages, la femme est un objet décoratif/décoré (p. 21), silhouette sans visage ayant juste un rapport esthétique complémentaire au monde musical (pp. 27 & 51, en filigrane), pur objet esthétique sur le mode de "sois belle et surtout n'ouvre la bouche qu'en cas d'urgence (fellation, nutrition, réponses onomatopéiques, etc.)" (p. 29) et une salope juste bonne à porter une guitare et à, on l'imagine volontiers, satisfaire les désirs du joueur de la guitare en question (p. 33, pour l'Axion bitch festival).
* en Belgique, le texte en haut de la pub n’est pas " pour homme ", mais " prends-le si tu oses " !
18 juin 2001