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Les médias commentent les actions de La Meute

Campaign to turn tide of sexist ads, by Jon Henley
in The Guardian (UK), 11/11/2000

Fed up with the unreconstructed chauvinism of a country that considers bare breasts an appropriate way to advertise anything from lawnmowers to low-fat margarine, a group of feminists plans to call for a national boycott of all products sold using sexist slogans.

"We've been campaigning against sexist French advertising for 20 years, spraying graffiti on posters, writing to advertisers and even starting a prize for the least sexist ad campaign," said Florence Montreynaud, a writer and historian who is organising the initiative.

"None of it has worked. It's time to confront ordinary people with the violence that these adverts perpetrate against women, to ask them to examine what they say about them and about French society, and simply to stop buying goods advertised in a sexist manner."

Ms Montreynaud, who last year founded the Guard Bitches, dedicated to stamping out sexist insults in public life, has launched a petition that has garnered the signatures of such well-known figures as the former women's affairs minister, Yvette Roudy, MP Roselyne Bachelot, and the best-selling author Amélie Nothomb.

French manufacturers have long favoured the use of the naked female form to publicise their products. The very first commercial, projected before the featured film in a turn-of-the-century French cinema, extolled the virtues of a pasta brand with the help of a scantily-clad demoiselle.

Among today's more offensive examples are advertisements from the confectioner Suchard, which advertises its mouthwatering chocolates with a nude model and the words "You say No; We hear Yes"; and a brand of cream ("Even whipped or beaten, Babette stays creamy").

The Nomade mobile phone campaign is illustrated with a picture of an obscene-looking inflatable doll and the words "Your girlfriend will be open-mouthed"; a financial information database uses a pair of naked female buttocks and the slogan "Has she got decent foundations? Check out the solidity of your company!"; and the latest ad for the haute couture Ungaro shows a werewolf licking a woman's bare body.

The petition, which is to be published next month, will also call on advertisers and manufacturers to develop a code of non-sexist conduct in conjunction with its signatories, and will urge the French government to adopt legislation outlawing blatant sexism in advertising.

"Advertisers use, out of all context, pictures of women's bodies and scenes of sexuality," it reads. "They apply them to all kinds of products, like yoghurts and cars. Under a veil of so-called creativity, they impose their norms and their fantasies. We say No! to degrading, devaluing and dehumanising images, and Yes! to human respect."

But the campaign faces an uphill struggle. It was not long ago that the French president, Jacques Chirac, described his ideal woman as one who "served the men at table, never sat down with them, and never spoke", and the singer and artist Sacha Guitry famously said: "If women were any good, God would have had one."

Une campagne pour inverser le courant des publicités sexistes
Traduction d'Isabelle Collet, Michel Castaignet et Carol Prevot

Excédé-es par un machisme rarement mis en question dans un pays qui considère les seins nus comme un moyen adéquat de faire de la publicité pour n'importe quoi, des tondeuses à gazon à la margarine allégée, un groupe de féministes projette de boycotter tous les produits vendus grâce des slogans sexistes.

"Depuis vingt ans, nous faisons campagne contre le sexisme des annonceurs français, en taguant les affiches, en écrivant aux annonceurs et même en organisant un prix pour la publicité la moins sexiste", nous dit Florence Montreynaud, écrivaine et historienne, qui est à l'origine de l'initiative.

"Rien n'y a fait. Il est temps de confronter tout un chacun avec la violence que ces annonceurs font subir aux femmes, de leur demander d'examiner sous quel jour elles nous montrent, quel tableau elles offrent de la société française, et tout simplement de cesser d'acheter des produits vantés de manière sexiste". Mme Montreynaud, qui a fondé l'année dernière les Chiennes de garde, mouvement qui veut éradiquer les insultes sexistes de la vie publique, a lancé une pétition qui a récolté la signature de personnalités publiques connues comme l'ancienne ministre du droit des femmes, Yvette Roudy, la députée Roselyne Bachelot et l'auteure de best-sellers Amélie Nothomb.

Les fabricants français ont longtemps utilisé des femmes nues pour vanter leurs produits. L'un des premiers films publicitaires, au début du XX° siècle, vantait les vertus d'une marque de pâtes à l'aide d'une demoiselle légèrement vêtue.

Parmi les exemples les plus choquants d'aujourd'hui, nous trouvons l'affiche pour le confiseur Suchard qui vante ses chocolats appétissants avec une top model nue et ces mots : "Vous dites Non, mais on entend Oui", et aussi une marque de crème fraîche ("Babette, Je la lie, je la fouette et parfois elle passe à la casserole").

La campagne pour le téléphone portable Nomad est illustrée par la photo d'une poupée gonflable obscène et ces mots " Votre fiancée va en rester bouche bée " ; une banque de données financières montre une paire de fesses féminines avec le slogan "Votre entreprise a-t-elle les reins solides ?." ; et la dernière pour le couturier Ungaro représente un loup-garou léchant le corps d'une femme nue [plutôt : un chien-loup, et la femme n'est pas nue].

La pétition qui sera rendue publique le mois prochain, demandera aussi aux annonceurs et aux responsables de production d'adopter un code de conduite non sexiste en liaison avec les signataires du texte, et pressera le gouvernement français de voter une loi punissant les publicités manifestement sexistes.

"Les annonceurs utilisent hors de propos l'image du corps, surtout celui de femmes, et des scènes de sexualité ou de violence", peut-on y lire. "Ils les appliquent à 'importe quels produits, des yaourts aux voitures. Sous couvert de "création", ils imposent leurs normes et leurs fantasmes. Nous disons Non ! aux représentations dégradantes, dévalorisantes et déshumanisantes, et Oui ! au respect de la personne humaine ".

Mais cette campagne n'est pas gagnée d'avance. Il n'y a pas si longtemps que le Président Jacques Chirac décrivait la femme idéale comme celle "qui sert les hommes à table, ne s'assied jamais avec eux et ne parle pas". Comme disait l'écrivain Sacha Guitry : "S'il y avait du bon dans la femme, Dieu en aurait eu une".

interview sur le site de la Compagnie des femmes, avril 2002
Rencontre avec Florence Montreynaud, par Ronan Le Glouannec
responsable de La Meute, réseau féministe regroupant l’ensemble des signataires du Manifeste « NON à la pub sexiste !»

Comment fonctionne le réseau et quelles actions menez vous ? leurs résultats ?
L’internet a complètement transformé notre façon de travailler.Depuis trente ans, j’ai tout essayé contre la publicité sexiste. La Meute emploie des méthodes qui ont bien réussi avec un autre mouvement féministe que j’ai lancé, Les chiennes de garde : manifester dans la rue, parler avec les gens, interpeller les élus, demander une loi antisexiste. Le réseau se compose d’une quinzaine de meutes locales qui organisent leurs propres actions.
Les lettres que nous recevons, les nombreuses signatures du Manifeste "NON à la pub sexiste !", les conversations que nous tenons lors de nos actions montrent que notre démarche commence à porter ses fruits. Le travail de La Meute lui a valu une reconnaissance rapide, de la part des médias et des pouvoirs publics. J’ai été invitée à intervenir sur la publicité sexiste devant la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale et devant la commission sur l'image des femmes dans la publicité, qui a remis un rapport à la secrétaire d’Etat aux droits des femmes.

Quelle loi souhaiteriez vous voir mise en place ?
Nous demandons une loi antisexiste, sur le modèle de la loi antiraciste de 1972.Il existe déjà des dispositions législatives contre le sexisme. Un projet de loi discuté au Sénat prévoit d’ajouter le mot «sexe» à plusieurs articles de la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Mais nous demandons une loi antisexiste qui rassemblerait l’ensemble des dispositions, existantes ou prévues, afin que la volonté politique d’en finir avec le sexisme soit clairement affichée. Nous demandons aussi des moyens pour que cette loi soit appliquée.

Au-delà de l'aspect législatif, assimilez-vous le combat antiraciste au combat antisexiste ?
Oui, dans la mesure où s’agit de discriminations inadmissibles, car elles se fondent sur un critère biologique. Cependant, l’analogie entre sexisme et racisme a des limites, ne serait-ce que pour des raisons de classification : il n’y a que deux sexes, tandis qu’il y a des nuances infinies de couleur de peau. Mais la comparaison permet de mettre en lumière l’identité des processus : la peur de l’autre et le désir de le dominer.

La suite (débat plus large sur des questions féministes) sur http://www.comdesfemmes.com/rosamag.php?id=208

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