Témoignages : Martinique, Québec, Argentine, Suède, Guadeloupe, Allemagne et… à vous !

« Le "porno chic" n'est pas arrivé en Martinique et a priori ne le devrait pas (les groupes confessionnels et/ou les sectes protestantes sont assez puissantes ici et véhiculent un grand puritanisme). Les créatifs se sont calmés sur l'exploitation sexuelle de l'image de la femme mais on n'est pas non plus dans le meilleur des mondes..
Les femmes sont utilisées pour leur plastique (même de manière prude) pour nous vendre n'importe quoi ; elles sont volages (et demandent à leur compagnon de leur acheter de l'électroménager et des bijoux en pagaille sous peine de rupture), ou alors ce sont les mamans doudou protectrices et nourricières qui nous vendent la bonne cuisine traditionnelle du pays...
On reste donc dans les images traditionnelles que les hommes peuvent avoir des femmes... »
Laure Martin, 14 septembre 2001

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Québec : compte rendu par Florence Montreynaud de son voyage au Québec (sept. 02). Dans la dernière partie, elle communique sa surprise à la vue, eh oui… de publicités sexistes dans un pays dont de telles images avaient pratiquement disparu il y a dix ans.

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Je suis signataire du manifeste de La Meute, et je vis en Argentine, où la publicité est également très sexiste.
Le 8 mars dernier, par exemple, à l'occasion de la Journée des Femmes, les restaurants McDonald's ont diffusé la publicité suivante à la télévision: On y voit une petite fille et un petit garçon, de 5 ou 6 ans, assis sur un banc dans un patio d'un restau McDo. Les deux enfants parlent. Enfin, la fille parle, pendant que le petit garçon mange des frites.
La fille: « Tu veux sortir avec moi? » Le garçon ne répond pas et hausse les épaules.
La fille: « Super! Alors, tu dois m'inviter à dîner. Tu payes toi, évidemment, je vais pas payer moi (le petit garçon se pousse de côté et la petite fille se rapproche de lui, au contraire). Tu dois me faire tout plein de beaux cadeaux. Tu devras te souvenir qu'aujourd'hui, c'est notre anniversaire, même si tu dois dépenser beaucoup, parce que bon, c'est normal. Ah! Et il faut aussi que tu me donnes une carte de crédit. Tu amèneras tes amis à la maison et moi je me ferai toute belle. D'accord? » Le garçon ne répond rien. Sa seule préoccupation, c'est de finir son paquet de frites.
La pub finit avec le message suivant (tenez-vous bien): "Bonne fête à toutes les femmes".
Des plaintes ont été déposées pour discrimination sexiste, notamment au Parlement (mais les députés ne se sont pas encore prononcés dessus), où traîne également un projet de loi contre la publicité sexiste.
J'ai écrit à McDonald's pour me plaindre, et j'ai reçu la réponse suivante: "L'intention de la publicité a été de montrer, avec humour, une conversation naturelle entre deux enfants, sans offenser les droits des femmes ou des hommes" (notez le "naturel" de la conversation, quand même).
"De plus, en ces moments difficiles pour le pays, nous avons voulu souligner avec humour la valeur, la persévérance, l'enthousiasme et la passion avec laquelle, tous les jours, travaillent les femmes argentines, attitudes qui les rendent méritantes de la reconnaissance de tous".
Alors que, précisément, la publicité montre une petite fille qui attend tout du petit garçon (cadeaux, carte de crédit), renforçant ainsi l'idée qu'une femme ne travaille forcément pas et se fait entretenir par son mari!
La Fête des Mères est l'occasion pour les publicitaires argentins de dévoiler tout leur machisme. Il y a quelques années, on voyait la photo d'une jeune femme et d'un jeune homme dans un lit. Commentaire: "Si tu veux qu'elle te donne plus de moments comme celui-ci, il va falloir lui offrir les produits de la marque X". Les produits en question étaient tous des appareils électro-ménagers.
Message implicite: une fois qu'elle aura lavé, repassé, nettoyé, fait à manger, elle sera disponible sexuellement. Autant qu'elle fasse tout ça le plus vite possible pour être disponible le plus vite possible.
Effarant.
Très cordialement,
Angeline Montoya, Buenos Aires

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Suède
La presse suédoise mentionne beaucoups plus souvent les viols et agressions subies par les femmes qu'en France mais on assiste par le biais de la télévision à une débilisation des programmes (chaines privées) avec "big brother", "mtv", qui représente la télépoubelle par exemple. De plus, les Suédois ont beaucoup de publicités françaises avec des femmes nues ici et là.
On peut en conclure que ce qui a été acquis durement par les Suédoises (et les Suédois ?) est fragile et qu'il faut rester ACTIF.
Par contre, la chaine stv1 et stv2 sont publiques et n'ont pas de publicité.
Ouf! car les autres, oui, et attention les cadences publicitaires, toutes les 5 mn env.
Olivier Hulin, 9 mai 03

En Guadeloupe

- à l’occasion de l’ouverture du Mondial Auto parisien, septembre 2002 :
Renault : avec un champion automobile guadeloupéen ,
Sorecar : salon 4X4 sept/oct 2002 à Jarry et Gourbeyre - « mâle dominant ».

- plus tard : Sorecar Hyundai Getz «l’insoumise » et Soguava Alfa Romeo - « ré- veillez vos sens » .


Les deux premières affiches prônent d’abord la domination masculine, et la possession de tel ou tel véhicule pour y parvenir et y participer et manifester ce pouvoir - les femmes aussi sont prises au piège de ces marchands d’autos qui font les machos : pour être une vraie femme il faut ( être possédée par) un vrai homme, et un vrai homme doit être puissant et donc posséder une grosse … et belle auto ! *1
Les deux suivantes confirment l’équivalence de la femme et de l’auto, toutes les deux marchandises : en acquérant et en contrôlant par le pilotage un tel ou tel véhicule, on possède du corps de la femme blanche sans visage dont le décolleté inspire la calandre, ou on soumet la figure dominante de la négresse reine insoumise .

Moi homme c’est dans ma dignité humaine de base que je me sens atteint quand on me prend pour un singe, devant affirmer une soi-disant mâlitude, devant posséder et dominer pour exister : je ne suis pas un mâle, je suis un être humain, accessoirement doté de tel sexe, et je ne veux pas être dominant, mais au contraire je suis combattant de toutes les dominations qui m’écrasent et écrasent mes frères et écrasent mes sœurs - je veux tenter de vivre solidaire, et heureux, en un si petit pays .
Merci, les marchands et les publicitaires guadeloupéens, merci d’affirmer ainsi les infériorités où vous voulez maintenir les femmes en les comparant à des voitures plus ou moins fines, sportives, bourgeoises, rebondies de la calandre .
Merci de jouer sur nos fibres machos : ces images induisent, confortent et exaspèrent-même les comportements de vitesse, de compétition, d’agressivité, et augmentent le nombre et la gravité des accidents ; et elles justifient tous les autres comportements du pouvoir masculin abusif : violences conjugales, incestes, viols .
Merci de remplir les hôpitaux, les tribunaux, les prisons .

Vous m’avez pris pour un débile, vous nous prenez tous pour des imbéciles, et de surcroît en polluant nos paysages, et la plupart du temps illégalement .

Et vous voudriez une reconnaissance de l’Art ? *2

Ca ne nous fait plus rire du tout, du tout .
Gwadafool, 28/04/03
*1) à cette époque aussi, dans Le Monde du 27 septembre 2002, une
grande bourgeoise sans tête pour la nouvelle Audi A8 .

*2) nous, Attac-Guadeloupe, avons distribué un tract anti pub sexiste à l’entrée du Centre des Arts de Pointe-à-Pitre pour la soirée (très réservée sinon nous serions rentrés) de clôture des Start§Com qui ont désigné aux Antilles Françaises les « meilleures » pub radio, télé, 4X3 etc. dans la plus grande confusion entre publicité, communication, création et arts .
Denis Molès, 9 juin 2003

en Espagne il y a une Institution qui propose aux gens de téléphoner pour dénoncer les publicités sexistes afin de les supprimer.
D'ailleurs, je remarque qu'il y a beaucoup moins d'affiches sexistes qu'en
France, pour ainsi dire, depuis mon arrivée en octobre, je n'en ai vu que 3
(c'était des affiches de lingerie, avec une femme presque nue mais il y
avait aussi l'équivalent masculin). Il y a des émissions à la télé où l'on
voit des femmes faire les "potiches" mais au moins dans la rue, on n'est pas soumis à la vision de publicités dégradantes.
Elisa Castillo, 7 mars 2004

En Allemagne il y a encore assez de publicités sexistes.
Mais il y a aussi des institutions qui proposent aux gens de dénoncer les publicités sexistes afin de les supprimer. Par exemple les "Frauenbeauftragte" (Délégué de femme) dans chaque ville, ou le "Deutscher Werberat" (Conseil publicitaire allemande).
Petra Schmittner, nov. 04

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