AUBADE (panneaux rue, mai 03)
Slogan : Leçons de séduction
Description : 3 visuels : toujours des représentations de corps de femmes tronçonnées, pas de tête, leur poitrine 'énorme' et leur fessier bien potelé mis en valeur
Analyse : la femme est morcelée, ne mettant en valeur que ses parties féminines (ses seins, ses fesses, son sexe). Ces images sont montrées à tout public dans la rue, elles incitent au voyeurisme. Elles empêchent certaines femmes qui n'arrivent pas à atteindre cette plastique parfaite, retouchée sur ordinateur, d’aimer leur corps. Ces images de femmes toujours représentées en lingerie dans des poses suggestives peuvent aussi heurter la sensibilité des jeunes hommes qui croient que les femmes ne pensent qu'à être désirables et ne pensent qu'à çà !
InfosAnnonceur : Aubade Lingerie de Femme
10 RUE DU COLONEL DRIANT 75001 PARIS
Tél : 01 70 99 20 00
site internet : www.aubade.com
SERVICE CONSOMMATEUR-MARKETING
Flavie RETIF
e-mail : aubade@imaginet.fr
PATRICIA PACITTI

AUBADE (presse, fév. 03)

à Monsieur Patrick de Borchgrave (Le Vif L'express)
Au moment des fêtes de fin d'année, j'avais réagi devant la somme de publicités porno-chic pour des produits de luxe que vous aviez fait passer dans votre hebdomadaire. Depuis, j'avoue que vous aviez repris un ton normal et plus constructif.
Ce vendredi, je suis tombée sur la publicité d'Aubade (leçon No 50) que vous publiez en page 15.
Moins que la photo, c'est le procédé de marketing dans la durée et les slogans qui me révoltent. Comment pouvez-vous avaliser une campagne qui cherche à apprendre aux femmes comment séduire, détourner le partenaire de ses élans naturels, le faire tomber dans des pièges (procédé digne des plus grands vendeurs de camelote) et utiliser les sentiments au profit d'une mise en avant de la femme-objet sexuel. Vous ne devez pas avoir consulté le site d'Aubade (www.aubade.com <http://www.aubade.com> ) qui distille subtilement les conseils psychologiques et techniques pour "mettre à l'épreuve son self-control". "S'il résiste, utilisez l'hypnose." En tant qu'homme, comment pouvez-vous accepter d'entrer dans ce type de relation?
Je vous prie de refuser à l'avenir ce type de publicité et vous transmets en annexe mon message à Aubade.
Sincèrement lectrice critique.
M.N. Vroonen-Vaes, 7 fév. 03

Je sais que vous avez déjà eu des lettres concernant cette campagne "leçons de séduction".
Je note que la leçon 50 est parue dans le supplément du Vif L'express du 7 au 13 février, page 15, que le photographe est Hervé Lewis et le publiciste Carlin. Aubade porte le label de "lingerie française, Paris"
La pub montre une femme de dos, des épaules aux cuisses, portant un porte-jaretelles en dentelles/string très découpé. Les fesses sont très rebomdies. Sa main tire sur l'élastique qui tient le bas droit. texte : Leçon No 50 : Lui rappeler votre générosité.
Les dessous de vos leçons sont détestables et démoniaques.
Vous distillez pas à pas (je viens de découvrir la leçon 50) le fiel des techniques de marketing agressives, de la séduction perverse et de la manipulation affective. La femme n'est-elle qu'un piège pour l'homme? n'a-t-elle comme moyen de le séduire que des poses affriolantes agrémentées de dentelles minimalistes? Lui rappeler combien vous êtes fragile, ce n'est pas mettre en cause la solidité de vos produits! Jouer avec le feu, c'est autre chose qu'acheter un balconnet provoquant! Vous mélangez à dessein tous les sentiments, toutes les sensations, tous les désirs, pour les ramener à votre fichue production commerciale. C'est inhumain et néfaste à la construction de nos relations. Il est grand temps d'arrêter votre petit jeu renforcé par les autres propositions de votre site internet.

Réponse de Patrick de Borchgrave, Directeur Le Vif Magazine S.A., 11 février 2003
Madame,
Croyez bien que je comprends parfaitement que le genre de publicités que vous dénoncez dans votre e-mail puisse vous choquer. D'autres lecteurs, hommes et femmes, partageront ou non votre opinion.
Dans votre message il y a cependant une phrase qui semble indiquer qu'une petite explication s'impose.
Je ne vois pas les publicités avant leur parution. Je ne gère donc pas "le ton" de la partie publicitaire du magazine.
C'est une régie extérieure, faisant partie de notre groupe de presse, qui récolte les publicités. Jadis, elle recevait les documents ou les films servant à l'impression et pouvait donc vérifier si ceux-ci respectaient les codes, lois et bons usages en la matière. Maintenant, tout va plus vite. Les documents digitalisés partent de l'agence de publicité - par envoi numérique (par l'Internet quoi) - directement vers l'imprimerie.
Là, nous avons donc mis une personne qui a été spécialement formée pour vérifier ces documents qui parviennent le plus souvent à la dernière minute. Ce genre de publicités (représentation de la personne humaine) est régi par un des codes (celui de 1976) du Jury d'Ethique Publicitaire auquel nous adhérons, comme tous les médias sérieux.
Je vois deux règles qui pourraient s'appliquer :
1. La représentation du corps humain ou d'une partie de celui-ci ne peut être indécente ou obscène. Une prudence particulière s'impose lorsque la représentation est sans lien avec le produit et ses caractéristiques objectives ou subjectives.
2. La publicité doit tenir compte de l'évolution des moeurs et ne pas contribuer à perpétuer des préjugés sociaux ou des images stéréotypées contraires à l'évolution de la société ou aux idées largement acceptées par celle-ci.
Dans le cas que vous évoquez, je doute que la première règle s'applique et la seconde est une question d'interprétation, de jugement...
Nous pouvons refuser des publicités mais nous ne pouvons pas le faire sans raison sérieuse ou sur base de sentiments personnels. Dès lors, quand nous avons un doute (ce qui n'a pas été le cas ici, à ce que je constate), nous les soumettons préalablement au JEP susmentionné auprès duquel vous pouvez toujours déposer une plainte en tant que particulier.
Voici l'adresse :
Jury d'Ethique Publicitaire
Avenue Louise, 120 bte 5 à 1050 Bruxelles
Le jury se réunit chaque mois et est composé de gens de métier avec une longue expérience, et est présidé par un juge honoraire ou un professeur d'université.
C'est gratuit, c'est très sérieux et les cas font l'objet d'un avis motivé qui est suivi par les médias et les annonceurs.
En espérant avoir ainsi répondu à votre message pour lequel je vous remercie, je vous prie d'agréer, Madame, Chère lectrice, l'expression de mes sentiments distingués.

nouvelle lettre de M.N. Vroonen, 12 février 2003
Cher Monsieur,
Merci pour cette réponse rapide et argumentée.
Il semble regrettable que la rédaction de votre magazine n'ait plus de contrôle sur le ton des publicités qui s'y retrouvent. La technique n'excuse pas tout et il serait souhaitable que vous puissiez débattre du contenu d'une publication avant que l'imprimeur ne la mette en page.
J'ai dénoncé ici une campagne publicitaire tout entière. Il ne s'agit pas de juger une seule image, même si le texte en est choquant. Il s'agit d'empêcher des entreprises commerciales de suggérer subtillement de nouveaux comportements psycho-sexuels dénaturés aux consommateurs. Tout le monde sait que la phrase répétée de L’Oréal "parce que je le vaux bien!" est maintenant célèbre. Une femme est-elle "valable" parce qu'elle a décidé de la couleur de ses cheveux ou de l'éclat de son teint ? Avant, on vantait le produit et son effet bluffant sur l'entourage. C'était déjà mettre l'avoir avant l'être. Maintenant on suggère qu'on vous aimera plus parce que vous possédez ceci ou paraissez comme cela. On fait appel aux sentiments pour vendre!
Il est du devoir des professionnels des médias de dénoncer cette dérive et d'exiger un code de bonne conduite des agences de publicité.
Merci pour votre collaboration. J'essaierai le JEP.

réponse de Patrick de Borchgrave, 12 février 2003
Madame,
Chère lectrice,
Merci d'avoir exprimé votre opinion. Je la respecte mais je ne la partage pas entièrement. Puis-je vous donner mon sentiment tout à fait personnel à cet égard ?
Il ne serait pas bon que la rédaction s'occupe de la communication publicitaire. Ce n'est pas leur métier et il vaut mieux maintenir une bonne distance entre leur travail et celui de la régie. Cela leur permet de garder leur indépendance à l'égard de la pression des annonceurs. Ces pressions, je les ai vécues quand j'étais moi-même directeur de régies (chez Pourquoi Pas ? - un groupe de féminins, etc.), et je n'ai jamais permis qu'un annonceur ait un quelconque droit de regard sur la rédaction du fait qu'il était un gros client.
Ce qui m'a permis de refuser des campagnes entières (entre autres, certaines de Benetton, car j'estimais que son métier était de vendre des pulls, pas de communiquer ses idées particulières sur la société dans nos colonnes). Chacun son métier. Et j'ai souvent refusé des publicités à cette époque quand j'estimais qu'elles risquaient de choquer les sensibilités d'une majorité de lecteurs. Ces sensibilités sont différentes d'un média à l'autre.
Je dois dire que les choses ont beaucoup évolué depuis et le JEP, qui est un organe d'auto-discipline, a fait un travail remarquable à cet égard. Mais la société et les moeurs ont évolué aussi et ce qui choquait à l'époque est parfois communément admis maintenant.
Il faut aussi comprendre que les annonceurs doivent vendre. Et pour vendre, il faut faire rêver un peu. Toutefois, vu le coût, ils ne peuvent se permettre de faire des campagnes qui créeraient des sentiments hostiles à l'égard de leur marque. Ils testent donc leurs campagnes avant de les lancer.
C'est le cas pour l'Oréal qui a un même positionnement créatif dans tous les pays d'Europe. L'interprétation plus correcte est : « je mérite des produits de qualité. »
Quant à Aubade, il joue avec un certain humour sur la séduction puisqu'il s'agit de lingerie fine.
Ce n'est pas vraiment nouveau - la séduction est un besoin qui a toujours existé - mais la manière est... disons plus originale ou... surprenante.
Je vous trouve donc un peu sévère dans vos interprétations. Le JEP vous dira sans doute si votre sentiment est partagé par un plus grand nombre et si l'annonceur a dépassé certaines limites admises.
En espérant que vous ne me tiendrez pas rigueur d'avoir exprimé une opinion un peu différente - nous sommes d'accord sur l'essentiel, je crois - je vous prie d'agréer l'expression de mes meilleurs sentiments.

*****************************************************************

AUBADE « Leçons de séduction » (suite) (panneaux, mai 02)
visuel en noir et blanc, femme sans tête, corps parfait, gros seins, taille cintrée,
slogan : "s'il résiste, pratiquez l'hypnose"

(panneaux rue, 15 mai 2002)
Slogan : "lui donner votre coeur"
Description : Un tronc de femme de dos. Les seins sont cachés par un voile noir. Au premier plan, à la hauteur du visage du passant, un énorme postérieur avec un string. Sur un panneau situé au dessus des fesses le slogan "lui offrir son coeur".
Analyse : Le message de cette publicité est effrayant. Le slogan parle de donner le coeur et montre un cul. Cela veut dire: le coeur de la femme c'est son cul. Donner son coeur (donc aimer) égale donner son cul (se faire sodomiser). Donc, quand une femme aime, elle se laisse sodomiser. Pour moi, cette pub c'est une justification du viol.
Service Consommateur: Flavie Rétif
aubade@imaginet.fr
Aubade
10 rue Colonel Driant
75001 Paris
tél: 01 70 99 20 00
Monika KARBOWSKA, Paris, 15 mai 2002

Cette même publicité était déjà passée sur une pleine page du Figaro, de Libération et du Monde le 8 mars 2002, Journée internationale des femmes !

AUBADE (LINGERIE DE FEMME, LE MONDE – 11, 12, 13, 14, 15 fév. 2002) Agence : PH.HERVE LEWIS CARLIN
Slogan : ST VALENTIN LUI OFFRIR VOTRE COEUR
Description : Sur une pleine page, une jeune femme ou une jeune fille est représentée de dos; au premier plan, ses fesses nues sont mises en évidence décorées d'un fin ruban.
Analyse : Le corps de la femme ou de la jeune fille est montré d'un manière très suggestive en lieu et place de la lingerie. Une mention précise : "Avez-vous bien appris votre leçon ?..."
Suzanne Jablonka, Paris, 13 février 2002

InfosAnnonceur : LE MONDE
tel 01-42-17-39-00 fax 01-42-17-39-26
21bis rue Claude Bernard
75226 PARIS CEDEX 05
www.lemonde.fr
InfosAgence : www.aubade.com
Aubade 10, rue du Colonel Driant - 75001 Paris
attachée de presse : Annie BREDIN-BENEZY - Tél : 01 70 99 20 16
standard : 01 70 99 20 26 Fax : 01 70 99 20 26
aubade@imaginet.fr



Gros plan sur postérieur ... habillé d'un string! La dame est en train de se déshabiller.
Confusion entre coeur et cul!!!
Danielle Sudrie, Bordeaux, 13 février 2002

"Je trouve vraiment épouvantable, à chaque fois que je suis sur la page d'accueil de Lycos, de voir se dérouler sous mes yeux un panneau avec un cul de femme avec des jambes en l'air avec aux pieds des hauts talons, corps de femme coupé en deux sans buste ni tête où il est écrit: « AUBADE, testez votre séduction ». Non seulement cela me fait perdre du temps mais en plus on m'oblige à regarder cette image dégradante de la femme que je n'ai pas envie de voir. Au moins dans la rue je peux ne pas regarder les panneaux publicitaires.Là ça m'est imposé de façon intempestive."
Elisabeth Pochon, 14 février 2002

***********************************************************************************

Une odieuse campagne d'affichage pour la lingerie Aubade, avec des images qui présentent des corps (ou plutôt des parcelles de corps, jamais de visage) de femmes en objets de désir sexuel masculin, et des messages qui semblent s'adresser plus à des hommes qu'à des femmes ("posez-lui une question métaphysique" avec un gros plan de fesses ou "allongez-le sur le divan" avec un tronçon de femme recroquevillé sur un canapé), et qui impliquent qu'une femme est faite pour être belle et bête, et pour séduire avec son corps, et éventuellement la lingerie Aubade. En plus, pour changer, les corps de femmes sont totalement irréalistes, à tel point d'ailleurs qu'on ne les voit jamais en entier. Quand va-t-on faire de la publicité pour la lingerie en mettant en avant le confort des femmes, au lieu de faire des femmes des fantasmes masculins?

Angéline (Grenoble) 27 mai 2001