Bleu Forêt (Affiches)

Hélène Detourne, Paris, 6 janvier 2001
"Et mes chaussettes, tu les aimes?" (plusieurs images, affiches dans le métro parisien)
" J'étais prête à acheter l'affiche que le colleur d'affiche posait, où la fille est sur le dos, les jambes en l'air. Je l'aurais eue, je l'envoyais au ministre des transports, afin que le milieu des transports urbains ne soit pas transformé en sex-shop. Une télévision, quand les images vous gênent, on peut la fermer. Mais dans le métro, il faut bien traverser les couloirs ; dans l'autobus, assise, accepter cette vision devant soi.
Le colleur d'affiche me fit part de son écoeurement. Il trouve lui aussi qu'on va trop loin, il a deux petites filles et ce genre d'affiches le gêne beaucoup mais, m'a-t-il dit, ''il faut bien que je fasse mon travail,malgré que je me fasse insulter tous les jours pour le faire'' ".

Maud Ferrari, 20 juin 2001
J'ai été tout simplement outrée et blessée dans mon identité de femme. Le pire, c'est que j'ai dû la subir à deux reprises durant l'année 2000 : une première campagne a sévi dans tous les couloirs, quais et rames du métro parisien en mai 2000, et j'ai eu le très grand déplaisir de la voir revenir (c'était exactement les mêmes photos) à l'identique, placardée sur tous les murs du métro en novembre 2000 ! Cette campagne représente une très jeune fille blonde en sous-vêtements blancs qui porte des chaussettes noires au pieds, un bras cachant son visage, allongée sur un divan, et un homme vêtu de noir, portant un chapeau qui lui cache le visage, aussi au bout du divan, dans une position dominante. La légende dit: "Et mes chaussettes, tu les aimes ?" et l'homme répond : "Oui...", ce qui doit certainement faire référence à la scène du "Mépris" dans laquelle Brigitte Bardot détaille toutes les parties de son corps en demandant à son amant (beaucoup plus vieux qu'elle) s’il les aime.
Ce qui m'a profondément choquée dans cette publicité, c'est l'extrême jeunesse de cette jeune fille dénudée qui n'a vraiment pas l'air majeure, et qui est présentée dans un rapport de séduction avec un homme d'âge mûr. D'autre part, le visage de la fille est volontairement caché, alors que son corps (et surtout ses fesses, dans l'autre publicité de la même campagne) sont bien montrés. C'est une façon de la présenter comme un objet. C'est aussi une image machiste selon laquelle une jeune fille qui couche avec un homme de 50 ans, c'est normal, à tel point que cela peut faire vendre des chaussettes !