Boléro (panneaux rue, oct.03)

Une jeune femme de dos, la tête tournée vers nous et le regard engageant. Elle est vêtue d’un slip dont dépasse le haut d’un string. Sur le string, un symbole astrologique du signe de la Vierge.
Slogan : « Je suis vierge. Et vous ? »

Vierge avec un petit v. Pas Vierge avec grand V, comme pour le signe de la Vierge. La même différence qu’entre : « je suis balance » et « je suis Balance » !
« Je suis vierge » signifie : « j’ai toujours, à l’entrée de mon vagin, la membrane qui certifie que je n’ai pas été pénétrée sexuellement ». Réaction : « Eh bien, mademoiselle, ça vous regarde. C’est votre affaire. Pourquoi l’étaler dans la rue ? »
« Et vous ? » C’est une question. Ma réponse : « Ça ne vous regarde pas. Si vous avez envie d’exhiber votre corps, de décrire une part de votre intimité, moi je n’ai aucune envie de recevoir des informations de ce genre, et encore moins envie de partager ce type d’informations me concernant. »
La Meute

Une jeune femme de dos en short moulant découvrant les fesses. Une allusion d'ordre sexuel pour vanter les mérites d'un sous-vêtement féminin !
Danielle Chalot, 24 octobre 2003


Communiqué de l’association Mix-Cité (24 octobre 2003) :
En réaction à la publicité Bolero, affichée notamment sur les murs de Paris depuis quelques jours, nous vous proposons d’envoyer ce message-type au BVP (Bureau de Vérification de la publicité), à Nicole Ameline (Ministre déléguée à la parité et à l'égalité professionnelle), à Anne Hidalgo (1ère adjointe au maire de Paris).

Bref descriptif de la publicité :
Une publicité-affiche pour une marque de lingerie (Boléro), avec une fille de dos, qui enlève son pantalon (ou sa jupe), ce qui laisse apparaître la moitié de ses fesses dans un string. Elle est retournée et dit : "Je suis vierge. Et vous ?"

Madame, Monsieur,
Publicité sexiste : que fait le Bureau de Vérification des Publicités ?
La publicité « Boléro » qui s’étale actuellement sur nos murs ne fait que renforcer les stéréotypes sexistes. Ce visuel légitime la position des femmes comme objets sexuels à consommer. Par ailleurs, cette publicité semble, comme tant d’autres, échapper à vos recommandations formulées dans le paragraphe « stéréotypes sexuels, sociaux et raciaux ». Je cite : « la publicité ne doit pas réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d’objet » ? Votre influence apparaît si limitée qu’une loi antisexiste s’impose !

adresse : contact@bvp.org

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Boléro (sous-vêtements, arrières d’autobus, fév. 02)

Lettre de Titia Houplain, conseillère municipale à Romainville (93) au PDG de la RATP et au PDG de BOLERO
Je suis indignée et attristée de constater que les esprits n'ont guère évolué quant à l'utilisation dégradante de l'image de la femme. J'ai vu hier pour la première fois à l'arrière de certains bus parisiens une immense affiche pour la marque de sous-vêtements « BOLERO » montrant la photo d'une femme en slip et soutien-gorge dans la posture d'une chatte en chaleur mettant en valeur son postérieur, le visage exprimant l'attente du désir du premier mâle qui voudra bien se laisser séduire. Des milliers d'adultes et d'enfants vont avoir encore un exemple d'image montrant la femme sous un jour avilissant .
Des publicités comme celle-ci sont légion où tantôt la femme est réduite à cet aspect bestial, tantôt on ne voit que le bas de son corps, voire ses jambes, montrant que ce n'est bien qu'un objet.
La recrudescence des violences à l'encontre des femmes n'est pas imputable à telle « frange » de la population se référant à un autre code de valeurs que celles du monde occidental. Non, c'est le monde occidental qui affirme des valeurs mais n'y croit pas en réalité, le monde « civilisé » tient un affreux double langage, affirmant d'un côté des valeurs respectueuses des droits des hommes et des femmes, respectueuses d'une société laïque et tolérante mais d'un autre côté ne met aucunement ces valeurs en application dans la réalité.
Je suis choquée que la RATP, organisation respectable, qui milite pour plus de civilité dans ses bus et ses métros, se laisse aller à accepter de placarder de telles images sur ces véhicules. Comment ne voit-elle pas que cette image est source de violence ? Pourquoi les jeunes garçons respecteraient-ils les filles puisqu'on peut les faire poser quasi nues en leur faisant prendre des airs aussi niais et que les photos qui en résultent on peut les voir absolument partout ? Comment respecter la loi alors que les pères peuvent impunément battre leur mère au foyer, et que ces comportements sont confortés par l'image totalement dégradée de la femme partout sur nos murs, sur nos autobus, dans nos journaux ?


Réponse de la RATP, 4 fév.02
Bonjour,
La RATP est tout à fait sensible à la portée morale de certaines campagnes publicitaires et elle veille, en toutes circonstances, à proscrire des espaces dont elle est responsable les affiches publicitaires véhiculant une atteinte à la morale ou faisant l'apologie de la violence.
Contrairement à ce que vous semblez penser, la censure des affiches n'est toutefois pas laissée à l'arbitraire du propriétaire ou de l'exploitant des emplacements où elles sont apposées. La RATP se conforme au principe de la liberté d'affichage, tel qu'il est défini par les dispositions légales en vigueur.
En outre, l'expérience a maintes fois prouvé qu'une censure pouvait aller à l'encontre du but recherché, en raison de la réaction qu'elle provoque dans l'ensemble des médias et de la notoriété accrue que ne manque pas d'en tirer l'affiche incriminée.
En conséquence, dès lors qu'une affiche publicitaire n'a pas fait l'objet d'une mesure d'interdiction et ne transgresse pas les règles définies par le nouveau Code Pénal, rien ni personne ne saurait s'opposer à son affichage. En cas de refus, la RATP risquerait même d'être assignée en justice pour refus de vente par les annonceurs et condamnée à verser des dommages et intérêts. C'est pour ces raisons que vous avez pu constater la présence de cette publicité sur le réseau RATP.
Cordialement,
Jocelyne Montel