Caron parfum (presse et panneaux, 02)
1. « Pour un homme »
Au premier plan, le buste d’une belle femme jeune ; elle ne porte qu'un soutien-gorge. Derrière elle, à peine visible, un homme dont la main passe devant elle et lui caresse un sein en le faisant sortir du soutien-gorge : on voit l’aréole du mamelon.

2. « Pour une femme »
Une partie d’un corps d’homme nu de dos, à la peau recouverte de gouttes d’eau, comme après une douche. On voit son dos puissant, ses petites fesses, le haut de ses cuisses poilues. Sur une fesse est posée une main de femme aux très longs doigts fins.

Il y a un parallèle entre la main de l’homme sur le sein, et la main de femme sur la fesse.Toutes deux sont posées, comme si elles prenaient possession de l’autre personne.
On nous donne à voir des morceaux de corps beaux et sensuels. Pas de tête, une façon pornographique de centrer l’image sur des parties sexuelles.
On nous donne à imaginer une scène intime. On fait de nous des voyeurs en nous imposant de voir des images de sexualité. Tout ça pour vendre du parfum !

Caron (parfum) presse, nov.déc. 01
99 rue du faubourg St-Honoré 75008 Paris tél. 015393 9900

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Réponse du PDG de Caron, Patrick Alès, à Eliane Crouzet, chefdemeute de Nîmes (extrait) : "Les visuels choisis ne possèdent pas le caractère équivoque que l'on voit actuellement, et de manière importante, dans la publicité moderne d'aujourd'hui, mais sont une illustration de la séduction d'un parfum dans un climat d'une douceur complice." (21 déc. 01)

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Décidément, ça me choque trop. Et cette fois, je n'ai pas envie de baisser les yeux, les bras, et de laisser passer encore une fois. Une fois de plus, une fois de trop.
Pourquoi?
J'aurais pu, j'aurais sans doute dû réagir déjà à cette autre publicité [pour le parfum "Opium" d'Yves Saint Laurent] qui a envahi les panneaux d'affichage l'année dernière à la même époque, juste avant Noël et son déluge de ventes orchestrées. Je ne l'ai pas fait. Essayant peut-être de taire cette réaction, de laisser passer le choc en espérant que cette image s'effacerait de la ville et des journaux, que les yeux des enfants ne la retiendraient pas, et que ceux des adultes finiraient par l'oublier... Je voulais croire que cette tendance "hard" prônée par une équipe de marketing ne serait qu'une parenthèse vite oubliée…
Peut-être aussi parce qu'elle ne mettait pas en scène la relation charnelle d'un couple mais seulement l'exhibition plus ou moins vénéneuse d'un fantasme autour de la volupté féminine.
Je réagirai donc à ces deux images sans plus attendre, dans l'ordre où elles me sont apparues. J'étais en voiture, arrêtée à un feu rouge, lorsque j'ai vu la première, sur un panneau publicitaire à un carrefour. Je ne l'ai d'abord pas bien "vue". J'ai donc mieux regardé, pour comprendre ce dont il s'agissait. D'autres amis, interrogés, m'ont dit avoir dû faire de même… Et lorsque j'ai enfin compris que cette courbe que je voyais, avec cette main de femme, était celle d'un corps masculin visiblement en plein ébat sexuel, là, froidement, en pleine rue, j'ai été saisie de colère. Je ne sais toujours pas si c'est l'image de l'homme ou celle de la femme ainsi avilie qui me touche si violemment, à moins que ce ne soit tout simplement celle du couple. Je voudrais pouvoir faire entendre cette révolte de devoir subir sans aucun recours, sans aucun droit à l'expression, une telle humiliation. C'est une forme de viol qui s'étale dans la rue, dans les journaux, dans les clips publicitaires, et que rien ni personne semble ne pouvoir empêcher.
Et quand je croyais avoir touché le fond de l'avilissement, je suis tombée sur l'autre versant de cette pub, cette fois stipulée être pour un homme… cette image d'un sein de femme possédé, actionné, par une poigne virile.
Mais quelle conception du couple et de la relation homme-femme veut-on à tout prix nous vendre? Et nous imposer, malheureusement à grands renforts d'image ?
Jusqu'où devrons-nous supporter l'agression sexuelle des publicitaires? Nous, hommes, femmes, enfants. Jeunes et vieux. Victimes condamnées au silence de cette violence qui s'affiche avec morgue dans la ville.
Annick Combier, Auteur, Formatrice et animatrice d'Atelier d'Ecritures, Aix en Provence, mars 2002

Commentaire d'un votant pour le prix Macho 2003, janvier 03
quel rapport en effet. Et puis je n'aime pas l'invasion de la sexualité partout. François Savatier