hotmail (janv. 02)


Une nouvelle "trouvaille" de mail. En haut, une publicité montre le haut du buste d'une jeune femme blonde aux cheveux longs avec la bouche largement ouverte (je me demande toujours pourquoi on croit qu'une femme qui rit ouvre une énorme bouche et se tord le cou avec un air stupide...). Le texte dit quelque chose comme : "comment la combler"... Enfin, il se termine par "combler". Il s'agit de donner aux hommes des idées pour faire des cadeaux à leurs femmes.
Je sais, je sais, il y a une équivalence sperme/argent. Quand on baise mal, on paye. Ca se retrouve dans toutes sortes de stéréotypes : les "vieux" "couvrent" leurs jeunes conquêtes de cadeaux. Les "jeunes" ont autre chose à offrir...
Il y a aussi qu'avec de l'argent, on peut se dédouaner de dettes d'affection, de respect, d'amour. Quand on travaille 10 h par jour, on a maintenant une vraie solution : commander des cadeaux qu'on vous propose tout fait, sans avoir à y réfléchir, sur internet ! Le pied. J'imagine : on rentre les mensurations de sa compagne, si on les connaît, son signe du zodiaque ou je ne sais pas quoi d'aussi kitsch, et hop ! le logiciel tourne et vous propose le cadeau parfait. Un click de plus et c'est commandé. Le plus long, en fait (mais il faut bien payer un peu de culpabilité qui traînerait au fond de l'opération), c'est de taper le numéro de la carte bancaire.
Ah, si seulement les hommes n'étaient pas aussi distraits ! Heureusement que la pub est là pour leur rappeler à quel point leurs prestations peuvent être ennuyeuses, et comment ils peuvent "combler" leur compagne quand même, en "ouvrant leur bourse". Ca s'appelle de la manipulation. Ici, on manipule des hommes en les culpabilisant, et pour ça on utilise une image de femme.
Cette jeune femme fait vraiment très BCBG... Oui, oui, 10 h par jour et du pouvoir, ou la course au pouvoir, et on a épousé Marie-Chantal à Saint-François-Xavier, en grande pompe. On a 2 enfants et on est souvent en voyage... Enfin si on n'a pas cette vie là, on peut toujours "faire comme si".
Je ne suis pas allée voir plus loin, découragée par l'image, mais je ne serais pas étonnée qu'on puisse non seulement commander et payer, mais aussi faire envoyer le cadeau. Disons, depuis Seattle ou Singapour, par exemple.
Vive internet ! Ah, s'il fallait compter sur soi-même pour entretenir ses relations, où irions-nous, ma bonne dame !

Anne-Marie Gendre-Peter, 24 janv.-02