18 juin 2003
Quand l’humour féministe répond à « l’élégance » publicitaire

Après une semaine de diffusion massive dans le métro, les dernières productions du « génie créatif français » sont apparues dans les rues de Paris, apportant aux habitants et aux touristes de nouveaux exemples du vrai « chic parisien ».
Il s’agit d’une campagne publicitaire pour des réductions sur des séjours de vacances.

Première affiche. Un homme de 50 ans, casquette de marin sur la tête, avec deux femmes de 35 ans, une dans chaque bras. Slogan : « Je n'en paie qu'une des deux. »
Deuxième affiche. Un jeune homme à l'air méprisant dominant une jeune femme à l'air stupide. Slogan : « Ma copine ne vaut rien. »

Réduites au statut de marchandises ou de faire-valoir, les femmes de ces affiches se sont révoltées. Des inscriptions féministes sont apparues dans des dizaines de stations de métro.
Sur l’affiche de l’homme avec les deux femmes, l’une rétorque : « Je pars sans lui », et l’autre : « moi aussi ».
Quant à la « copine », elle proteste : « Plutôt rester travailler que partir avec lui », ou « Je pars, mais avec des copines ».

La Meute, qui organise régulièrement dans le métro des actions de dialogue avec des voyageurs et voyageuses au sujet de publicités sexistes, remercie l’annonceur lastminute.com, et l’agence Hémisphère droit : grâce à ces éminents représentants du « raffinement français », elle a reçu en une semaine 42 adhésions, et elle ne compte plus les innombrables réactions de touristes et de voyageurs bien décidés à ne jamais utiliser les services d’un annonceur qui méprise ainsi ses clientes et clients potentiels.

Libération du 20 juin 2003
Lastminute.com traqué par La Meute
A l'ombre des pubs qui sentent la guimauve, la dernière campagne du voyagiste lastminute. com suscite l'ire de la Meute. Le réseau féministe appelle le public à réagir directement dans les stations du métro parisien, où sont placardées les pubs. Depuis une semaine, des graffitis vengeurs sont ainsi venus s'apposer sur les affiches. Sur celle qui présente un quinquagénaire flanqué de deux jeunes femmes et affirmant «Je n'en paie qu'une des deux» (comprendre une semaine de séjour sur deux), deux bulles sont apparues : l'une des filles disant «Je pars sans lui» et l'autre «Moi aussi». Sur l'autre affiche, où un jeune homme à l'air hautain clame «Ma copine ne vaut rien» (entendre, elle ne paie pas son séjour avec moi), on peut désormais lire : «Moi, je pars avec mes copines» ou «Plutôt rester travailler que partir avec lui». La Meute, qui organise des actions pour dialoguer avec les usagers du métro devant ces affiches, dit avoir reçu «d'innombrables réactions de voyageurs décidés à ne pas utiliser les services d'un annonceur méprisant ses clientes et clients potentiels», ainsi que «42 nouvelles adhésions en une semaine».

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Une campagne pour La Meute ?

« Je n'en paie qu'une des deux », dit l’homme de l’affiche.
« J’offre une campagne à La Meute », dit le publicitaire.

Dans un texte publié le 27 juin 2003 sur le site tourismexpress.info, Frank Tapiro, coprésident de l’agence de publicité Hémisphère droit, revient sur la campagne de son agence pour le voyagiste Lastminute.com, et il s’indigne des réactions de La Meute.
Il propose de « concevoir gratuitement une campagne d’adhésion pour la meute », et il ajoute : « Même si nous ne sommes pas d’accord avec vous sur le fond de votre message (…) »

Voir http://www.tourismexpress.info/article.php?id_article=3790

Voici la réponse de La Meute :

Monsieur,

Vous proposez de « concevoir gratuitement une campagne d’adhésion pour la meute », et vous ajoutez : « Même si nous ne sommes pas d’accord avec vous sur le fond de votre message (…) ».

Quel métier que le vôtre ! Chercher des slogans chocs et des images frappantes, vous donner tout ce mal pour faire avancer des causes auxquelles vous ne croyez pas !

C’est ce qui nous différencie de vous. Nous, nous croyons à ce que nous faisons.

Pour nous, il est évident que la publicité sexiste nuit au respect, à la dignité humaine, à l’égalité entre femmes et hommes.

Nos méthodes aussi diffèrent des vôtres. Quand nous dialoguons avec des voyageurs, au cours de nos actions dans le métro, nous ne cherchons ni à les choquer avec des images, ni à les assommer avec des slogans.

Nous avons parlé avec des dizaines de personnes devant votre affiche représentant un homme de 50 ans, avec deux jeunes femmes, une dans chaque bras. Slogan : « Je n'en paie qu'une des deux. » La majorité nous ont dit que votre affiche les avait choquées, car elle banalise une situation de prostitution.

Depuis près de trois ans, La Meute mène des actions de dialogue dans la rue ou dans le métro, au sujet de publicités sexistes.
Plutôt que de choquer ou de provoquer, nous faisons appel à l’intelligence et à la conscience. Les personnes qui adhèrent à La Meute en signant le Manifeste "NON à la pub sexiste !" savent que nous les respectons. Elles ne sont pas soumises à une propagande, elles prennent leur décision librement.

Vous proposez de concevoir une campagne d’adhésion pour La Meute. Non merci, monsieur ! Nous préférons nos méthodes aux vôtres !

Les responsables de La Meute,

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lastminute.com (affiches dans le métro parisien et dans la rue, juin 03)
(voir ci-dessous action dans le métro)


Agence : Hémisphère droit

Il y a trois affiches.
Un jeune homme, l'air méprisant, avec une jeune femme, l'air un peu bête. Slogan : "ma copine ne vaut rien"
Une femme de 50 ans et un homme de 30 ans. Slogan : "notre fils ne compte pas"
Un homme de 50 ans, casquette de marin sur la tête, avec une femme de 35-40 ans dans chaque bras. Slogan : "je n'en paie qu'une des deux"
Analyse : Ces trois publicités sont outrageantes. Les messages appliqués aux images provoquent un choc. La plus choquante étant certainement celle concernant le marin avec les deux femmes dans les bras : cette publicité encourage directement la prostitution et le proxenétisme en faisant de la femme un objet à posséder. C'est scandaleux ! Comment peut-on laisser faire ça ?
Samuel Landon, 11 juin 2003

InfosAnnonceur : 0892 70 5000 (numéro payant).
http://www.lastminute.com (offre les gratuits de l'été). Le groupe est http://www.degriftour.com
bonjour@lastminute.com
ou
suggestions@lastminute.com
adresse postale
12 avenue Béguines, 95800 Cergy St-Christophe
54 boulevard Victor Hugo, 93400 St-Ouen

Agence de publicité Hémisphère droit
Les Hémisphères
23-25 rue Ferdinand Buisson
92110 Clichy
Tel: 01-58-740-740
Fax: 01-58-740-741
site internet: www.leshemispheres.com


1° affiche
La photo montre un homme qui, en toute objectivité, n'est vraiment pas à son avantage. Il regarde d'un air condescendant une jeune femme fixant le spectateur d'un air stupide. Une phrase au-dessus semble lui être adressée: "Ma copine ne vaut rien"
Analyse : Tout ça pour dire que si vous décidez de partir à deux, la deuxième personne ne paie pas. Pourquoi prendre une femme pour cible? On voit bien le publicitaire avec ses gros sabots venir et dire que c'est de l'humour au deuxième degré, qu'il faut comprendre que c'est le voyage de la jeune femme qui ne vaut rien et patati et patata... N'empêche, c'est le premier message qu'on retient: ma copine ne vaut rien. Martelé en gros sur les couloirs du métro, je trouve ça un peu trop. Pourquoi la femme doit-elle être prise pour une idiote qui ne paye pas ses vacances? Pourquoi serait-ce à l'homme de lui faire la grâce de l'emmener avec lui? Pourquoi ne pas considérer que les femmes peuvent aussi offrir des séjours à leurs chéris? Par un slogan choc, l'annonceur veut attirer l'attention.
Autre précision: le même annonceur fait le même genre de publicité avec une famille, le père tient un enfant dans ses bras et affirme "Mon fils (et pas notre fils bien sûr malgré la présence de la femme sur la photo) ne compte pas"... No comment
Emilie-Anne JODIER


Vu sur le site www.aufeminin.com, le 10/06/2003 à 23h00
Slogan : "Ma copine ne vaut rien"
Description : Un bandeau publicitaire est visible sur certaines pages du site. Le bandeau est rose (aux couleurs de la marque).
Première scène : on y voit la tête d'un homme légèrement penchée vers la droite, et il fait visiblement la tronche. A droite, on y voit une citation, visiblement venant de ce même homme "ma copine ne vaut rien".
Deuxième scène : on voit la copine apparaitre, souriante, nous regardant bien en face et la suite du texte "Partez à 2, le 2ème est gratuit".
Analyse : En fait, le texte veut simplement dire qu'il y a une promo pour la 2ème personne qui passe par le site pour acheter un voyage.
Je trouve cette publicité abominable, qui souligne simplement que les femmes ne valent rien. Tellement rien qu'on peut se permettre de partir avec elles en vacances, elles ne coûteront pas plus cher.
D'ailleurs, je suis allée sur le site lastminute.com où la publicité en question est plus "riche" que la première.
En effet, on voit donc le fameux couple avec "la copine gratuite", mais on y voit aussi une famille avec "votre enfant est gratuit" et enfin, comble du sexisme, une homme assez âgé entouré de 2 femmes plutôt sexy avec la mention "la 2ème est gratuite" ...
C'est extrêment choquant et dégradant pour la femme, et encore plus pour les enfants.
Pas mal pour un site de tourisme, de faire l'apologie de l'enfant gratuit (cf. tourisme sexuel et enfants violés dans certains pays)!
anabreizh

12 juin 2003 : quelques contre- slogans relevés dans le métro parisien

sur l’affiche du vieux à casquette avec une femme dans chaque bras
(slogan : « je n’en paie qu’une des deux)
(bulle pour la 1° femme) « je pars sans lui »
(bulle pour la 2° femme) « moi aussi »
(sur la figure de l’homme) « viandard » (= client de la prostitution)
(en bas) « les femmes ne sont pas des marchandises »

sur l’affiche du jeune disant de sa copine « ma copine ne vaut rien »
(bulle pour la femme) « plutôt rester travailler que partir avec lui »
« et toi, tu vaux combien ? »
« je pars sans lui »

sur le couple avec slogan « notre fils ne compte pas »
« le nôtre, si »
« nos enfants comptent pour nous »

Grrrrrrrrrrrr !