Laurent-Perrier (presse, déc. 02)
A Monsieur Yves Dumont
Président du Directoire de Laurent-Perrier
Le 23 décembre 2002
Monsieur le Président,
Votre marque de prestige en aurait encore plus si elle ne tombait pas dans la facilité de la publicité porno-chic tellement à la mode, mais que nombre de femmes refusent.
Le magazine hebdomadaire, Le Vif L’Expresse, nous vend avec son supplément Week-end une publicité pour votre champagne brut qui me choque par son hypocrisie sophistiquée.
Plagier un tableau célèbre n’est pas faire de l’art, utiliser un certain talent dans une œuvre privée n’est pas ridiculiser la femme en public, ce que vous faites ici.
Une femme nue, assise en compagnie d’un homme élégant habillé dans le style du début du XIXème, sur des sièges luxueux, dans un jardin de roses, ne fait pas accepter l’insulte faite à une personne qui n’est ici admise et considérée que parce qu’elle accepte de se présenter dans une tenue non conforme aux normes sociales habituelles. Est-ce pour souligner l’exception de votre produit ? Voulez-vous comparer le champagne à une femme qui se prostitue en s’affichant aux côtés d’un homme « original » ou peu respectueux du rôle qu’il veut lui faire jouer.
La femme n’est pas un objet, ni de plaisir, ni de beauté fantasmatique, et ce n’est pas en lui mettant un verre à la main que vous lui rendrez la place qui lui convient.
Je vous demande d’arrêter cette campagne et de choisir un créateur publicitaire qui ne confonde pas luxe et luxure. Je vous demande aussi de vous engager à ne plus céder à la facilité d’une mode qui déprécie la femme en utilisant la nudité pour attirer le regard.
Lorsque j’aurai constaté que vous aurez changé votre façon de faire, j’envisagerai d’acheter vos produits.
Marie-Noelle Vroonen, 23 décembre 2002

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