Mikli (affiches, sept.-02)
Slogan : "Mikli habille les yeux"
De loin, on croit voir une image de film porno : une immense fente verticale avec de part et d’autre des sortes de lèvres et quelques poils. De près, ça paraît bizarre, puis on identifie : c’est un œil, aux paupières à peine ouvertes. Les poils sont des cils et les lèvres sont les paupières. Mon tout est une publicité sexiste, faite par un marchand de lunettes qui est prêt à tout pour se faire remarquer, y compris à jouer sur une connivence entre amateurs de porno.
Anne Dubois, 18 septembre 2002

Commentaire de l'écrivaine Danielle Sallenave, Libération, 5 oct.-02
« (…) Dans la rue de Bagnolet, en montant, une publicité me frappe : un sexe féminin en très gros plan ? Je ne peux pas le croire, je m’arrête un instant : confusion volontaire, c’est un œil photographié verticalement, trou noir entre les plis des paupières. Voilà ce qu’il est advenu du prodigieux mouvement de libération qui, il y a bientôt quarante ans, nous avait arrachés au confessionnal et à la répression sexuelle : viols collectifs, partouzes pédophiles, échangisme chic. La mort est partout (…) »

agence : devarrieuxvillaret
photographe : Cleo Sullivan
écrivez : adresse du siège social de Mikli : 30 rue Campo Formio 75013 Paris. Mél : contact@mikli.fr
ou allez sur le site de Mikli et envoyez un message de protestation : http://www.mikli.fr/fr/mikli.php?chapitre=contact

Je proteste contre votre campagne d’affiches dans la rue, en septembre dernier, qui jouent sur la proximité avec une image de pornographie.
Cette immense fente verticale avec de part et d’autre des sortes de lèvres et quelques poils, fait d’abord penser à un gros plan de vulve rasée, comme on en voit dans la pornographie, avant qu’on découvre qu’il s’agit d’un œil.
La correspondance entre la vulve et l’œil est l’un des symboles les plus anciens de l’humanité. Vous la reprenez dans le but de choquer, et c’est bien ce qu’a aussi ressenti l’écrivaine Danielle Sallenave (voir Libération du 5 octobre).
Je m’élève contre cette provocation sexiste, contre cette exhibition de l’intime, contre ce viol de notre sensibilité.
Nous sommes des millions dans ce pays à avoir besoin de lunettes. Soyez assurés que jamais de ma vie je n’achèterai de lunettes de votre marque et que j’invite mon entourage à faire de même.
Je vous demande de veiller à l’image non sexiste de vos prochaines campagnes.
Florence Montreynaud, 26 octobre 2002

Bonjour,
Votre pub joue sur l'ambigüité avec une image porno et étant donné le contexte actuel et les débats en cours, je pense que cela portera préjudice à votre chiffre d'affaires.
Certes, vous êtes remarqué mais pour être boycotté par beaucoup : est-ce vraiment le but d'une pub ? si oui soyez assuré, en ce qui nous concerne, que notre famille n'achètera jamais vos produits .
Eliane Estève, 30 octobre 2002

Monsieur, votre publicité est par trop sexiste, vous méprisez vos clients potentiels, ils et elles vous rendront votre mépris.
Pour ma part, je n'achéterai jamais vos produits, et je le ferai savoir autour de moi.
Recevez l'expression de mon manque de considération.
Annick Boisset, 28 octobre 2002

Bien avant que le concepteur de votre campagne d'affichage ne naisse, on appelait déjà "sourire vertical" le sexe de la femme. De plus la provocation, demande un talent d'artiste, et votre publicitaire, qui n'en a pas, ne réussit qu'à vous donner une image sexiste et ringarde, celle des tenants de l'équation : un produit + une allusion au sexe = ventes en hausse. Et dire que vous avez payé pour cela !
Je ne suis pas sûr que faire parler de soi à tout prix soit un bon calcul. Le sexe est un art, un jeu, une liberté première : respectez-le en n'y associant pas ce qui relève de l'épicerie ; le corps des femmes est beau : respectez-le en n'y associant pas ce qui relève de la boucherie.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire.
Bruno Francomme, 1° nov 02

5 décembre 2002
Je proteste avec beaucoup d'énergie contre votre campagne d'affiches dans la rue, en septembre dernier, jouant sur la proximité avec une image de pornographie.
Cette immense fente verticale avec de part et d'autre des sortes de lèvres et quelques poils, fait d'abord penser à un gros plan de vulve rasée, comme on en voit dans la pornographie. Puis on découvre qu'il s'agit d'un oeil.Quel besoin de jouer sur cette analogie morphologique pour attirer l'attention du public !!! N'y aurait-il pas d'autres sources d'inspiration pour les affichistes contemporains que le corps de la femme dans ce qu'il a de plus intime ?
Je m'élève contre cette publicité qui est une rélle provocation sexiste, une intolérable exhibition, une insulte à toutes les femmes. Si vous voulez nous faire acheter vos lunettes, ne transformez pas vos acheteurs potentiels en voyeurs.
Nous sommes des millions à avoir besoin de lunettes. Nous vous invitons à prendre l'engagement public que vos nouvelles campagnes ne seront plus sexistes.
Tant que nous n'aurons pas reçu cette assurance, nous n'achèterons pas de lunettes de votre marque et nous inviterons notre entourage à faire de même.
Dans l'attente d'une réponse positive à notre demande, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes meilleures salutations.
Annie Becquer
Ingénieure de recherche au CNRS
Past-Gouverneure du Zonta International
Chevalière des Arts et des Lettres


7 décembre 2002
Réaction à la dernière publicité où un oeil à peine ouvert est photographié verticalement et suggère de loin les lèvres d'un vagin en très gros plan.
Je constate que les progrès de la technique, et particulièrement de l'image dans votre domaine, vont de pair avec ceux de la vulgarité. Malgré le langage et la culture qui distinguent l'homme (au sens strict) de l'animal, l'intelligence n'arrive décidément pas à se développer comme il se devrait chez le premier (c'est tout à l'honneur de l'animal). Vos publicitaires ont le vice bien fertile et l'esprit bien tordu, s'ils en ont un.
Petit rappel : les lunettes sont destinées à une paire d'yeux sauf pour les handicapés, les yeux sont placés horizontalement sur le visage, sauf pour les extra-terrestres et pour voir, les yeux doivent être ouverts. Votre jeu sur la myopie est grotesque car les objets que l'on distingue mal de loin ne sont certainement pas des vagins, là nous sommes en pleine science-fiction perverse masculine. Je ne m'étendrai pas sur le terme "habille" qui évoque son contraire. Bref, votre seul but est de salir la femme et de l'humilier en la réduisant à un trou. Paradoxalement, vous n'avez pas une bonne image de vos produits puisque vous les assimilez à une culotte ! Ça en serait presque comique si ce n'était à ce point violent par le sexisme scandaleux que vous affichez. Il faudrait maintenant réadapter votre marque à votre message et changer le Mikli en Monk(l)u.
Avec mon dégoût le plus total,
Sabine Belle

Autres lettres avec le message de La Meute :
Denise Guiramand
Christiane FRIBOURG
Jean-Marie GLÄNTZLEN
Marie-Noëlle Bas
Deborah Rosenblum
Christine Delphy
Christine Seghin
Marie AZNAR

Commentaires de votant-es pour le prix Macho 2003, janvier 03
Mikli devrait emporter le prix porno. Christine Seghin

Le choix était difficile. Dans la catégorie C, j'ai hésité avec les Galeries Lafayette qui semblent indiquer que les femmes aiment la violence, puisque la femme sourit. Mais la pub Mikli avec une fente féminine, volontairement ambiguë, c'est encore pire. Tout est répugnant d'ailleurs. Cela finit par rendre les femmes agressives, à force d'être agressées dans ces représentations sexistes. Claudie de Rauglaudre