Ligne Roset (presse, sept.01 + nov. 01)

Sara Mitter, Montpellier, 10 sept. 01

On se demande quel est le lien entre les mauvais traitements subis par les femmes partout dans le monde et la prolifération d'images violentes et avilissantes de femme (corps sans tête, femmes ligotées, recroquevillées, etc.) dans les médias et l'espace public.
Un exemple sidérant: le Nouvel Observateur du 10 sept.-01, pages 40-41. La pub pour Ligne Roset (slogan : "meubles,objets, textiles et délires pour la maison") va plus loin dans l'exploitation et le mépris sadique que toute autre que j'aie pu voir. Si vous êtes aussi revolté-e que moi, faites (au moins une) des choses suivantes:
1) envoyer une lettre, fax ou email à: M. Thierry Dauré, directeur général de la publicité, Le Nouvel Observateur, 10-12 pl de la Bourse, 75081 Paris 02. Fax: 01 44 88 37 09 email: direction@nouvelobs.com
2) à l'agence qui signe la pub: Agence Callegari Berville, 92 av de Ternes, 75017 Paris. Fax: 0144 09 1500.
3) protester aupres du BVP (bureau de la Vérification de la Pub), organisme soi-disant d'auto-régulation: M. Joseph Besnainou, Directeur General, BVP, 11, rue St. Florentin, 75008 Paris; email: contact@bvp.org
4) Ecrire en tant que client-e qui n'achètera jamais de ces produits.
magasins principaux: Ligne Roset, 189 bd St Germain 75007 Paris fax: 014544 0120; 5 av Matignon, 75008 Paris fax: 014563 5962
5) aller voir si l'on peut mettre des messages sur leur site: www.ligne-roset.tm.fr
6) Envoyer la copie de votre courrier à Mme Segolene Royal, ministre déléguée à la famille, et Mme Nicole Péry, secrétaire d'État aux droits des femmes, ainsi qu’à la Meute.

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Ligne Roset (LE POINT n°1517)
Slogan : Meubles, objets, textiles, délires pour la maison
Description : La publicité occupe une double page. A droite, une chaise "design", avec dossier en cuir et assise faite de lanière de cuir. En bas de la page de droite, on trouve le slogan, et au bout de la ligne, le logo de la marque "ligne roset".
Page de gauche, photo noir et blanc d'une femme nue cadrée juste au dessus du pubis et jusqu'au cou. On ne voit pas sa tête, ni ses jambes, ni ses bras, mais on voit très bien ses 2 très beaux seins. Son corps est ficelé par trois séries de 2 bandes de cuir, apparaissant en trois endroits différents de son corps : au niveau du nombril, juste sous les seins, et immédiatement au dessus des seins.
Analyse : J'ai été très choquée par cette publicité qui m'est apparue très sexiste, de manière assez flagrante. A chaque fois, j'en reste abasourdie et je me répète "non ! Ils n'ont quand même pas osé !!!".
D'abord, pourquoi toujours représenter les femmes nues dans la publicité ? Surtout pour vendre un produit n'ayant aucun rapport avec le corps des femmes. Et même, cela ne le justifie pas plus à mes yeux.
Et surtout, que signifie l'association d'idées (de fantasmes !) que le publicitaire veut nous amener à faire entre les "délires pour la maison" et cette femme attachée avec des lanières de cuir ?
Je considère carrément cette publicité comme un appel au viol et à la violence envers les femmes. C'est comme si les publicitaires et l'annonceur incitaient sa clientèle potentielle (des hommes) à considérer une fois de plus les femmes comme des "meubles", des "objets", des "textiles", voire des "délires pour la maison".
Cette représentation des fantasmes masculins stéréotypée et surtout relevant de la sphère privée m'est particulièrement odieuse. Car je n'ai pas envie, moi, de vivre ma condition de femme, objet de désir des hommes, de cette manière-là. Si j'avais un fils, je n'aurais pas envie que d'autres (les publicitaires et les annonceurs), se chargent, à sa place, de lui remplir la tête de fantasmes qui ne lui correspondent pas forcément et qu'il n'a peut-être pas envie de s'approprier. Mais surtout, de quel droit ces gens-là nous imposent-ils "leurs" fantasmes stéréotypés à pleurer ! C'est la seule valeur marchande qui justifie cela, et vraiment, j'en ai assez que la sphère intime et privée soit mêlée à cette valeur-là, qui n'est pas la mienne, dans ces domaines !
Pour réagir : ANNONCEUR : www.ligne-roset.tm.fr
SUPPORT : www.lepoint.fr

Voici la réponse que Lydia LOPES a reçue de Ligne-roset
Madame,
Votre message concernant notre récente campagne de communication a retenu notre plus sérieuse attention.
Sachez que je respecte profondément votre point de vue, si l'une de nos publicités a pu vous heurter.
Je plaide toutefois votre indulgence et votre compréhension.
L'image dont vous parlez fait partie d'un ensemble de 5 visuels différents établissant un parallèle esthétique entre la beauté féminine et certaines formes d'ornementation
corporelle actuelles et nos créations qui ont pu s'en inspirer ou les évoquer, le tout traité
avec une exigence de qualité esthétique indiscutable.Notre intention n'est en rien de choquer
gratuitement, même si je vous accorde que sur nos 5 visuels, celui auquel vous faites référence est le plus explicitement érotique.
Sachez que l'ensemble de cette campagne de publicité vient de remporter à Londres le prestigieux Prix des 15 ème Epica Awards(catégorie Maison), qui récompense chaque année
les meilleures publicités européennes pour leur inventivité et leur créativité.
Toutefois, lors de l'élaboration de futurs visuels à partir de Septembre 2002, je tiendrai compte de votre remarque et veillerai personnellement à ce que des références suggérant toute forme de soumission féminine même traitée de façon très esthétisante soit écartée de nos futures réalisations publicitaires.
Vous remerciant du temps que vous nous avez consacré et aussi de vos compliments sur notre collection de produits (un amour bien pensé n'exclut pas la critique fondée et constructive!), je vous prie d'accepter, Madame, l'expression de mes meilleurs sentiments.
Patrick SZTAJNBOK Directeur de la marque. Roset S.A.
psztajnb@roset.fr

Commentaire de Lydia LOPES, 8 janv. 02 : "selon cet homme, cette publicité est "érotique" et elle représente la SOUMISSION FEMININE mais elle est ESTHETISANTE !!!!! Je n'en reviens pas."


ET ENCORE la même image
signalée par Clara Duda, Paris, 21 mars 2002
Le Nouvel Observateur N° 1948 - Du 7 au 13 mars 2002
Agence : CALEGARI BERVILLE GREY
Slogan : Meubles,objets, délires pour la maison
Description : Sur la page de droite, une chaise design en cuir.Sur celle de gauche, un corps de femme nue sans tête ni jambes ni bras, entourée ou "ligotée" d'une lanière de cuir.
Analyse : Sexiste parce que ce corps est assimilé au texte " meubles, objets, textiles et délires pour la maison..." C'est aussi très suggestif et très nourrissant pour la fantasmagorie du "mâle" d'avoir à sa portée, juste le "tronc ligoté " et la chaise de cuir à côté. Un objet qui ne pense pas, ne voit pas, ne crie pas, ne se sauve pas, ne bouge pas, et dont on peut faire ce qu'on veut !
Téléphonez ! 01 45 45 77 70
Écrivez ! www.ligne-roset.tm.fr