SISLEY (affiche, Bruxelles, mars 03)
PRODUIT: Hot Couture
une immense photographie du bassin d'une jeune fille mince et rasée, qui tend à dévoiler son pubis rasé en abaissant son slip d’où sortent des flammes.
Je proteste contre cette campagne d'affiches dans la rue, en mars 2003, qui jouent sur la proximité avec une image de pornographie. Cette photographie montre le bassin d'une jeune fille mince et rasée, qui tend à dévoiler son pubis en abaissant son slip, comme on en voit dans la pornographie. Cette image joue sur le préjugé sexiste qui consiste à penser qu'une jeune fille est une aguicheuse et qu'elle est par conséquent méprisable. Elle est reprise dans le but de choquer. De plus, en ne montrant que le bassin de la jeune fille, cette dernière est morcelée et de ce fait déshumanisée.
Je m'élève contre cette provocation sexiste, contre cette exhibition de l'intime, contre ce viol de notre sensibilité.
Aussi je m'insurge contre l'inefficacité du jury d'éthique publicitaire contre le sexisme et l'agressivité des campagnes publicitaires.
Par ce mail, j’exprime mon mécontentement concernant le caractère sexiste et dégradant de la campagne publicitaire de Sisley diffusée en mars-avril 2003. Dorénavant et dans le futur, je décide de ne plus acheter les produits de cette marque et j’invite quiconque dans mon entourage et dans mes connaissances à en faire de même.
Laurence Ngosso pour Malvira, Bruxelles, Belgique, 8 avril 2003

visible sur le site de Sisley : www.sisley.com

PRODUIT: Hot Couture
Madame, Monsieur,
Tous les matins, je suis de mauvaise humeur. Vous savez pourquoi ? Parce que tous les matins, pour me rendre au travail, au premier feu rouge, bloquée dans les files, j’ai droit à un spectacle insultant, sexiste et humiliant pour n’importe quelle jeune femme de mon âge et pour tout autre femme par ailleurs. Je ne vous fais pas de dessin, il s’agit d’une affiche publique de votre publicité Sisley qui montre le bassin d’une jeune (très jeune ???) femme qui a le slip, qu’elle abaisse, « en feu ».

Entre la représentation de la femme dans le porno et votre pub, il n’y a pas de différence. La limite a été franchie et ça suffit. Ce n’est pas la première fois que les pubs Sisley utilisent ce genre de représentation de la femme mais je peux vous garantir 1. qu’ayant été une consommatrice des produits Sisley vous ne m’y reprendrez mais alors plus jamais à acheter le moindre bout de tissu de votre marque 2. que je me fais fort de convaincre mon entourage de prendre la même décision que moi 3. que je suis sûre que cette dernière campagne vous portera préjudice tellement l’opinion publique en est écoeurée

Je vous demande de retirer toutes vos affiches publiques qui heurtent une grande part de la population belge et qui en plus est sous les yeux de jeunes enfants (filles et garçons) à qui nous voudrions transmettre le respect des droits humains parmi lesquels ceux de la femme, dont un des premiers est la dignité et l’intégrité du corps, que votre publicité bafoue en montrant une jeune femme –c’est-à-dire un morceau de femme mais lequel :son bassin et son pubis !- qui, par la suggestion de la représentation, suppose qu’elle est aguicheuse et même plus, prête au rapport sexuel. Vous n’ignorez sûrement pas que de telles représentations concourent au climat général de violence dont sont victimes les jeunes filles. Vous pouvez encore dormir convenablement la nuit en sachant cela ?
Maïté ABRAM, 8 avril 2003

réponse du JEP
Bruxelles, le 11 avril 2003.
Madame,

Nous avons bien reçu votre e-mail du 8 avril dernier concernant la publicité pour SISLEY et nous vous en remercions.

Cette publicité a déjà fait objet d’un examen par le Jury.

L’annonceur a fait état de sa surprise devant les réactions considérant que la publicité ne montre pas d’images insultantes ou se référant à l’exploitation sexuelle. Il s’agit donc d’interprétations personnelles. La publicité joue sur l’exhibitionnisme des modèles et se réfère de manière ironique à l’érotisme et ceci pour une marque ayant un look trendy. Il a souligné qu’il s’agit clairement de sensualité et l’image qui ne montre pas les organes génitaux n’est pas pornographique. Les flammes dessinées ont une signification allégorique se référant à la passion et à la sensualité.

Le Jury a estimé que l’illustration dont question, en particulier le geste de la personne, peut être perçue comme étant indécente et heurtante. Pareille forme de communication pouvant provoquer des réactions négatives et ne témoignant pas de bon goût, il a estimé devoir formuler un avis de réserve conformément à l’article 4 de son règlement.

L’avis du Jury ne concerne que la publicité en question et non les produits et/ou services offerts. Il ne peut constituer en aucun cas une garantie de sa part, l'appréciation des Tribunaux restant souveraine en cas de litige. Il ne peut en être fait état publiquement.

En vous remerciant de nous avoir soumis votre réaction, nous vous prions de croire, Madame, à l'assurance de nos sentiments distingués.
J.-Cl. DASTOT, Directeur.


***************

Sisley vêtements (Le Soir, Belgique, avril 02)
Une femme assise, vêtue d’un haut sans manches, tête baissée, bouche ouverte ; elle nous regarde par en-dessous ; ses cheveux cachent en partie son visage et un œil. Sur ses cuisses nues, est étendu un corps d’homme nu, pantalon baissé jusqu’aux genoux ; il est sur le ventre, fesses levées. La femme tient d’une main le torse de l’homme, et de l’autre elle s’apprête à frapper ses fesses avec une grosse chaussure noire.
Pour vendre des vêtements, on nous donne à voir une scène pornographique. La tête de l’homme n’est pas visible, et son corps est offert comme un morceau de viande. La femme est présentée comme la dominatrice donnant une fessée, en une mise en scène d'un fantasme masculin.
Aucune explication sur ce qui est à vendre. Une adresse : Bruxelles, rue Neuve 39, et un site : SISLEY.COM

Sisley (catalogue proposé par le magazine Cosmopolitan, n° d'oct. 02)à la rédaction du magazine Cosmopolitan France cosmoredaction@gmc.tm.fr
Mesdames,
Tombée par hasard sur votre magazine du mois d’octobre, je n’en suis pas encore revenue…
Comment osez-vous insulter pareillement vos lectrices - et les femmes en général - en offrant le catalogue du photographe Terry Richardson regroupant les publicités "white trash glamour" de Sisley des 5 dernières années aux 50 premières lectrices qui en feront la demande ?
Les publicités Sisley ont à chaque fois provoqué chez moi un sentiment de malaise, un écoeurement certain, voire parfois de dégoût devant ces photos qui ne considèrent les femmes que comme de vulgaires objets. Sisley n’a certainement pas comme priorité principale le respect des femmes et introduit à peu près systématiquement dans ses messages visuels une connotation sexuelle, souvent dégradante et avilissante envers les femmes.
Alors je vous le demande, jusqu’à quand allons-nous devoir supporter le manque d’imagination flagrant des publicitaires en panne d’inspiration et jusqu’à quand allez-vous, vous magazine féminin, cautionner ces « créateurs » et encenser des photographes qui n’ont que leurs pauvres fantasmes machistes à proposer à vos lectrices ? Croyez-vous vraiment que cela soit le rôle d’un journal féminin ? Prenez-vous vraiment toutes les femmes et vos lectrices pour de ravissantes écervelées et pensez-vous que celles-ci se reconnaissent dans ces images ? Montrer une femme nue ou suggérer des fantasmes sexuels n’est à mon avis certainement pas indispensable pour vendre des vêtements et croyez bien que nous sommes de plus en plus nombreuses à le penser. Les vrais créateurs publicitaires n’ont pas besoin d’être vulgaires pour avoir du succès et, à voir le nombre de publicités tendancieuses, il semble qu’ils ne soient hélas plus très nombreux…
Je n’achèterai donc pas votre magazine, ni les vêtements de la marque Sisley, pour les raisons exposées ci-dessus et vous invite à être un peu plus à l’écoute des femmes, à les respecter et pourquoi pas faire une réflexion sur le sujet des publicités sexistes dans un prochain article de votre magazine, ce qui serait faire preuve d'un peu plus de respect à l’égard de vos lectrices que de leur offrir si généreusement des images très tendancieuses, discutables et dégradantes.
Francine Poncet, Suisse, 29 sept. 02

Commentaire de votante pour le prix Macho 2003, janvier 03
Les pubs Sisley ont envahi les panneaux en Belgique, toujours violentes, avilissantes, à caractère porno. Maïté Abram

La goutte qui a fait déborder le vase, ce fut la campagne Sisley dans la presse écrite il y a quelques mois. La tendance « porno soft » m’insupportait déjà, mais quand j’ai vu ces photos, non seulement j’ai été choqué par leur caractère dégradant et humiliant, mais je n’ai franchement pas compris la logique.
Si j’étais une femme, aurais-je envie d’acheter les vêtements d’une marque qui associe à son nom des filles qui non seulement sont soumises, objets, avilies, perverses, mais ont en plus l’air sales (sans métaphore, elles avaient réellement l’air d’avoir dormi dans une poubelle) ? Tout ce que la pub peut avoir de pire en matière de sexisme s’y trouvait poussé jusqu’à la caricature, par le maquillage, les poses outrancières, l’allusion sexuelle perverse, tendance maître-esclave (avec vous savez qui en esclave, comme il se doit.). Je me suis dit que si j’étais une femme, ça m’aurait plutôt dégoûté de même toucher un vêtement Sisley… Je ne voyais que deux explications possibles : une volonté de choquer et de provoquer une controverse dans laquelle le nom Sisley serait évidemment dit et entendu des centaines de fois, ou alors la preuve par l’absurde que le monde de la pub est à ce point déconnecté du réel que les « créateurs » de cette chose n’ont pas saisi la portée de ce qu’ils faisaient. Je me demande encore maintenant quelle réponse me fait le plus peur.
Laurent Leemans Bruxelles, Belgique, 30 avril 2003