Vichy, crème anticellulite (Affiche, Mai 2001 + avril 2002

Depuis quelques jours, les devantures des pharmacies arborent un tronçon de femme nue, de dos. Cette publicité pour des produits corporels du groupe Vichy découpe un corps de femme afin de n'en montrer que la partie allant du bas des reins jusqu'à la moitié de la cuisse. Trois pinces à linge sont plantées dans la cuisse gauche accentuant ainsi la cellulite de cette femme pourtant retouchée à l'ordinateur et donc aux mensurations idéales - selon le modèle que nous imposent à longueur de journée les affiches publicitaires et la mode.
Le produit que l'on tente ainsi de nous vendre est une sorte de crème magique, raboteuse de cellulite et de peau d'orange. Que les laboratoires Vichy n'hésitent pas à découper le corps d'une femme, à le triturer et ainsi à perpétrer, envers les femmes, une violence physique - par les pinces à linge cruellement fixées sur cette cuisse -, et psychologique - par l'image prétendue laide et donc honteuse du corps féminin -, est symptomatique de cette société patriarcale qui apprend aux femmes, dès leur enfance, à rougir de leur corps, à le cacher et enfin à le modeler selon les désirs de ces messieurs à qui elles appartiennent sexuellement. Comment en effet mieux contrôler la sexualité des femmes qu'en leur inculquant la honte de leur propre corps ? Comment mieux limiter et réprimer notre plaisir qu'en nous éloignant de ce qui nous est si intime : notre corps, qu'en en faisant un objet laid, sale, répugnant, qu'en nous en dégoûtant ?
Les laboratoires Vichy ne font certes qu'utiliser, pour des raisons purement commerciales, des représentations que le système patriarcal soutient, lui, pour des raisons idéologiques : la soumission et le contrôle des femmes. Il n'en demeure pas moins que, ce faisant, ils se posent en collaborateurs de ce système de domination masculine, et ainsi le renforcent.
Soyons fières de nos peaux d'orange et de notre cellulite : n'achetons pas les produits Vichy !
Clara Dominguez, 11 avril 2002

Au sujet de la pub de Vichy (avec les pinces à linge pinçant le côté de la cuisse), une histoire véridique et édifiante : une femme achète cette crème et l'utilise chez elle. Sa fille de sept ans s'empare de l'emballage, regarde à l'intérieur et déclare à sa mère : "hé maman, ils n'ont pas tout mis dans la boîte ! Il manque les pinces à linge !" C'est dire à quel point les enfants prennent parfois la pub au premier degré et, en ce qui concerne l'image de la femme, c’est bien la preuve qu’ils gobent tout crus les stéréotypes qu'on leur met sous le nez !

Communiqué par Antoinette Brouyaux, 12 mai 01


LA VIOLENCE DE L’ÉTÉ

Avec l’été qui revient, la honte et les complexes des femmes et des filles devraient s’accroître. De multiples publicités les culpabilisent pour qu’elles achètent des produits présentés comme amincissants.
Les laboratoires Vichy invitent les femmes à s’attaquer enfin sérieusement à leurs HORRIBLES bourrelets, qui pourraient disparaître en un mois si elles étaient sérieuses. Pour bien insister sur leur AFFREUSE cellulite, certaines pharmacies exposent dans leur vitrine une affiche avec un morceau de femme blanche vue de dos, de la taille aux cuisses, un morceau jeune, très mince, et nu : sur la hanche gauche, le TERRIBLE défaut est indiqué par trois pinces à linge pinçant une fine couche de graisse, ce qui souligne les ABOMINABLES traces de cette maladie féminine typiquement française qu’est la cellulite.
Bien sûr, c’est ÇA qui empêche cette pauvre femme, et les autres aussi, d’être aimées, heureuses et bien dans leur peau.
Pourquoi les poignées d'amour, si charmantes chez les hommes, se transforment-elles en bourrelets de graisse disgracieux chez les femmes ?

NON À LA VIOLENCE COMME ARGUMENT COMMERCIAL ! Avoir la cuisse pincée par trois pinces à linge, ça fait mal !
Les femmes ne sont pas de la viande sur pied. Elles ne sont pas un morceau de viande à équarrir aux normes des fantasmes publicitaires.
NON À LA VIOLENCE PUBLICITAIRE !
Les images de femmes de ces publicités, avec leurs longues jambes fines, leur ventre plat et leurs gros seins, sont presque toujours retouchées par ordinateur. Ces poupées-mannequins ne correspondent pas aux réalités de la féminité biologique. Ces images rendent malheureuses des femmes dotées de rondeurs ou des filles qui refusent de manger parce que leur corps les dégoûte ou que la graisse leur fait peur.

VIVENT LES POIGNÉES D'AMOUR,
POUR LES DEUX SEXES !

Pour réagir : Vichy France 11 avenue Dubonnet 92400 Courbevoie
Relations publiques : Virginie Naigeon tél. 01 49 04 44 24 - Fax : 01 49 04 45 04. Courriel : vnaigeon@fr.loreal.com

Commentaires de votant-es pour le prix Macho 2003, janvier 03
Dénoncer les violences que les femmes s´infligent elles-mêmes avant même de laisser les autres leur infliger. Geneviève Hesse

Vichy : à mon sens la pire, car la plus intelligente et insidieuse : elle manipule en associant l'autorité de la science à un problème qui n'en est pas un. Les formes des femmes au niveau des cuisses sont non seulement délicieuses, mais elles sont aussi une précaution prise par la nature pour que les mères puissent quand même allaiter leur enfants. Ce sont donc des formes nobles et qui devraient être valorisées tant qu'elles ne sont pas excessivement surchargées. François Savatier