YSL parfum (panneaux de rue, oct. 03)
C'est la saison des marrons et des citrouilles. Halloween, halloween ! Du coup, on nous ressert la baby-doll rousse qu'on avait déjà subie cambrée sur fond noir. Cette fois-ci, nous avons en pleine face son visage, lèvres entrouvertes, quenottes de porcelaine et sourcils épilés : quelque chose qui rappelle le bébé, pimenté d’une bonne dose de perversité, genre « on va lui faire la peau, au bébé phoque ».
Notre rouquine est toujours aussi remarquablement fardée, retouchée, refaite, repeinte. La femme, décidément, n'est pas acceptable en l'état. Il faut la grimer pour qu'elle soit belle. L'effet produit me rappelle un passage de Devereux où il explique que le vêtement moulant est l'antithèse de l'érotisme, parce qu'il montre des formes mais interdit l'accès à la peau. Ici, pareil. Bien sûr, je suis une femme, mais je suis bien certaine que les hommes comprennent ce que je vais écrire : à voir ces visages couverts de fond de teint, ces lèvres couvertes de rouge à lèvres, ces cheveux collants de laque, ces sourcils quasi disparus, je sens sous mes doigts le cosmétique épais, un peu collant, avec son odeur qui vire à la vieille poudre de riz. Pas de doute : je me regarde et je regarde les autres femmes : nous ne sommes pas comme ça. Et si autant de diktats nous transforment en image, c’est le mouvement, la pulsion, la dynamique, le désir-qui-fait-désordre qui fout le camp. Le narcissisme, c’est un remède-à-l’amour.
Last but not least, cette créature est suspendue à un vieux téléphone blanc-ivoire. Je me demande si les jeunes femmes en ont jamais vu un pareil ailleurs qu’à la télévision parce que j’ai 45 ans et que ça fait bien 25 ans qu’ils ont disparu des maisons de nos grands-mères ! Que fait-elle, notre roussette, bouche bée, avec une langue un peu épaisse rose qui sort à peine ? Elle ne parle pas. Essayez donc de parler en mettant votre langue en boule juste derrière vos dents. Essayez. Ce n’est pas non plus un appel au baiser.
Non, ça évoque l’addiction, la drogue (Opium). D’ailleurs elle a déjà l’air complètement « partie » et elle s’apprête à s’enfiler un autre petit cachet (d’ecstasy ?). A-t-elle un amant au bout du fil, est-ce une communion dans la drogue ou une rupture avec tentative de suicide en direct ? On en apprend un peu plus dans le deuxième épisode qui nous guette un peu plus loin dans la même rue. Le voici donc, le mâle-mâle, au téléphone. Le téléphone est noir (la violence, le mal, l’obscur, Halloween, Halloween, la sorcière et Belzébuth). Lui, personne ne l'a momifié, il se suffit à lui-même. Comme un certain café, « pas la peine d’en rajouter » ! Il n'est même pas rasé. Il a l'air d'un guerrillero mexicain, un homme d’action, une brute devant qui tout doit plier, un héros à la ville (et au lit ?). Sauf qu’il a tout d’un guerrillero de Francis Lopez.

Enfin, en deux images, on a le noir, le blanc. L’insuffisante, l’autosuffisant. La passivité, l’action. L'homme est acceptable en l’état alors que la femme doit être, pour lui plaire, et même en son absence, entièrement refaite.
Dans d'autres cultures on impose des voiles. On en parle beaucoup, beaucoup de ce qui se passe chez les autres, des codes qui ne sont pas les nôtres et qui nous sautent « au visage ». La poutre dans l’œil du voisin. Bien sûr, c’est important, mais les messages plus ou moins subliminaux véhiculés par nos publicitaires sont du même ressort, se nourrissent à la même veine. Ils sont simplement aménagés à notre sauce, de sorte que nous ne savons plus les dénoncer. Aux femmes, insuffisantes, à réparer, on a imposé des pieds petits, des corsets, des kimonos, des fards de toutes les couleurs, des teintures de peau, de cheveux... Ailleurs. Avant. Vraiment ailleurs ? Dans cet ailleurs, dans cet avant, ces rites n’étaient jamais dénués de sens. La publicité, elle, nous prive de « tous les sens ». Elle nous mène par le bout de l’œil.
En regardant consternée la nouvelle mouture d'YSL, je me demande si nous, en Occident, si fiers de nos droits de l'homme, nous avons vraiment progressé.
A. Gendre-Peter, 20 octobre 2003

La pub pour un produit Yves Saint Laurent, vue aux abribus, où l'on voit une jeune femme alanguie évidement, téléphonant avec la langue sortant légèrement de la bouche (ridicule) a donné lieu à des commentaires amusants de passantes avec lesquelles j'ai pu discuter, comme quoi personne ne pouvait parler au téléphone avec la langue ainsi positionnée
Nathalie Raphanel, 22 octobre 2003

YVES SAINT LAURENT eau de toilette pour homme "NU" (panneaux rue, avril 03)
Description : on voit un homme et une femme totalement nus la femme étreint l'homme entre ses jambes et sa poitrine laissant supposer une scène d'acte sexuel
Analyse : relation sexuelle en pleine rue, c'est ce que voulaient les publicitaires non ? cela me révolte d'autant plus que c'est pour faire vendre un produit de consommation courante, un parfum... Consommer le parfum et consommer la femme pendant que vous y êtes !
InfosAnnonceur : Yves St Laurent Parfums
28 bd Parc 92521 Neuilly sur Seine Cedex

Service Clientèle YSL Conseils
92200 Neuilly sur Seine
N° à tarif spécial : 0 820 80 70 60
Patricia PACITTI, 29 avril 03

Yves Saint Laurent
(parfum Paris), Elle, 5 nov. 01

Dans un décor de luxe bon genre, une femme est assise sur une chaise, nue, avec des chaussures à très hauts talons ; son corps est à peine recouvert, sur le côté droit, par la veste d'un homme. Cet homme est à genoux, aux pieds de la femme, vêtu d’une chemise et d’un pantalon, aec une cravate. Son visage est livide.
L’atmosphère est morbide.
En haut à gauche : un bouquet de roses. Au bout de la diagonale, le flacon de parfum.
Cette publicité est construite sur le même modèle et avec la même ambiance que leur dernière publicité (avec une femme nue et deux hommes homme habillés, devant un miroir).
Isabelle Cabat, 8 nov. 01

Marie-Claire, déc. 01
Une femme assise sur une chaise nue, pâle, le teint livide, squelettique, elle porte des chaussures à talons hauts, une veste longue noire recouvre une partie de son sein gauche. Un homme habillé portant une cravate se tient auprès d'elle, à ses genoux, accroupi comme un chien, voulant porter un baiser sur le genou de cette femme. L'homme est en position de soumission auprès de cette femme. Il faut être nue et porter le parfum d'Yves Saint Laurent pour avoir tous les hommes à ses pieds ?!


Marie-Claire, janv. 02
Une autre pub pour le nouveau parfum pour femme d'Yves Saint Laurent "NU"
Un morceau de corps de femme est représenté à gauche (hanche, cuisse, bras) et un morceau de corps d'homme à droite (hanche, cuisse, bras). Les deux corps semblent vouloir s'étreindre, un énorme rond noir/gris est représenté au niveau du sexe de l'homme. Ce rond représenterait-il le vagin de la femme ?
Patricia Pacitti, 28 fév. 02

e-mail : ysl@ysl-hautecouture.com
Yves Saint Laurent Haute Couture 5, avenue Marceau 75116 PARIS