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DES NOUVELLES DE LA MEUTE n° 41 à 50

N°50 - 28 janvier 2003

Voici un message d’une membre de La Meute.
Elle vient de l’envoyer à Nestlé, à propos de la récente campagne (alerte de La Meute n°3, voir http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/acces.php3?pub=maggi) vantant un produit que je préfère appeler Imbécillibol. Deux affiches, dont l’une montrant le visage d’une femme blonde de profil, le visage couvert par ses cheveux. Dans un coin, le produit, un bol de nourriture toute prête. Slogan : « À quoi rêvent les blondes ? » Signature : « [Imbécillibol], au moins 7 mn d'intelligence par jour »


« Il y a environ un an, j'ai eu la conversation suivante avec un jeune homme (22 ans, diplômé, poli, gentil, distingué, issu d'une famille stable, bref, un jeune homme tout ce qu'il y a de plus normal).
Lui (continuant une conversation précédente): "... oui, mais les blondes sont moins intelligentes".
Moi (étonnée): "tu rigoles, j'espère"
Lui (très sérieux): "non, non, j'ai souvent constaté que les blondes étaient moins intelligentes que les autres femmes".
Moi (plus qu'étonnée): "comment? tu es persuadé qu'il y a un rapport entre la couleur des cheveux et l'intelligence?"
Lui (sérieux): "oui, il y a d'ailleurs de plus en plus de gens qui le remarquent et qui le disent".
Moi : "Je suis blonde, tu me prends pour une idiote si je comprends bien..."
Lui: "toi non. Toi, ce n'est pas pareil, je te connais bien, je sais que tu n'es pas idiote. Mais je parle des blondes en général. Encore l'autre jour, j'étais dans un magasin avec un ami et il y avait une blonde qui demandait un renseignement au vendeur. Le vendeur essayait de lui expliquer très simplement et très patiemment quelque chose. Mais elle ne comprenait vraiment rien. Et ça durait... Mon ami et moi, nous nous disions "pfff, encore une blonde!". Des exemples comme ça, j'en ai plusieurs".
Moi (sidérée): "Je n'en reviens pas ! Comment peux-tu croire qu'il y a un rapport entre l'intelligence et la couleur des cheveux. Il n'y a aucun rapport ! Il y a juste une grande quantité de blagues sur les blondes idiotes qui circulent sur internet. Et ces blagues sont récentes, elles viennent d'Amérique du nord et sont recyclées chez nous. Il y a dix ans, il n'y avait aucune blague sur les blondes !".
Lui: "oui, je sais qu'il y a plein de blagues sur les blondes. Eh bien justement, s'il y a tant de blagues qui circulent sur ce sujet, c'est qu'il y a bien un fonds de vérité !"


Durant les siècles précédents, on a justifié, autorisé, voire encouragé l'esclavage et la colonisation en se fondant sur la "supériorité de la race blanche". Il était normal de considérer les nègres comme des êtres inférieurs, bêtes, incultes. Il était de bon ton de les considérer comme des petits enfants à éduquer.
Il y a 60 ans, en Europe, on a exterminé des millions de personnes en se fondant sur « l'infériorité » des prétendues « races » juive, russe, tzigane, ainsi que des homosexuel-les. Il était de bon ton d'être antisémite. Il circulait plein de blagues sur les juifs. Il était normal de considérer les Russes comme des êtres inférieurs, brutaux, barbares... Il était bien vu de ridiculiser et d'humilier les homosexuel-les...

Je suis blonde, je commence à avoir peur.... »

Marie-Hélène Lahaye

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DES NOUVELLES de La Meute
N°49 - 24 janvier 2003

Prix de La Meute
Si vous n’avez pas encore voté pour les prix Femino (à la publicité la moins sexiste) et Macho (aux pires), je vous invite à le faire sans tarder, sur le site de La Meute http://lameute.org.free.fr/prix/
Le vote sera clos le 31 janvier à minuit.

Alerte de La Meute n°3 : Irrésistibol (Maggi)
Rappel : deux affiches montrant, l’une le visage d’une femme brune de face, l’autre une blonde de profil, le visage couvert par ses cheveux. Dans un coin, le produit, un bol de nourriture toute prête.
Slogan : « Quel est le secret des brunes ? » ou « À quoi rêvent les blondes ? » Pour les deux : « Irrésistibol, au moins 7 mn d'intelligence par jour »
Voici ce qu'un membre de La Meute a entendu à la radio (sur FUN-Radio).
Un homme questionne une femme :
-"Savez-vous ou se trouvent les toilettes?"
La femme, sur un ton idiot :
-"Non, je sais pas. C'est pour quoi faire?"
Slogan, par une voix d'homme:
-"Irrésistibol, au moins 7 minutes d'intelligence par jour.“

RÉAGISSEZ!

Beaucoup de membres de La Meute ont déjà écrit à Andreas Schläpfer, P.-D.G. de Nestlé, la maison-mère de Maggi. Aucune réponse pour l’instant.

Ecrivez, ou écrivez encore !
Nestlé France, BP 900, 7 boulevard Pierre Carle 77446 Marne La Vallée Cedex 2
courriel : Contact@endirect.nestle.fr
Vous pouvez aussi laisser un message sur le site http://www.nestle.fr/en_direct/conso.asp
ou le site de Maggi : http://www.maggi.ch/fr/aboutus/contact.asp

Voici un canevas de texte, à enrichir à votre idée !
« Monsieur,
La campagne d’affichage pour Irrésistibol me choque profondément.
Les clichés sur les femmes brunes ou blondes sont sexistes. Le slogan « Irrésistibol, au moins 7 mn d'intelligence par jour » est une insulte à toutes les femmes.
Je vous demande de cesser au plus vite cette campagne. Dans l’attente de votre réponse positive, je m’engage à n’acheter aucun produit des marques de votre groupe et à inciter mon entourage à faire de même. »

Envoyez une copie de votre message au BVP (Bureau de vérification de la publicité, contact@bvp.org).

antisexisme
Je vous recommande, sur le site de la Mutuelle des étudiants, un remarquable Manifeste antisexiste, que vous pouvez signer.
http://www.respectmutuel.com/respectmutuel/index.php3?content=manifeste

DES NOUVELLES de La Meute
N°48 - 19 janvier 2003

1. Alerte de La Meute n°3 : Irrésistibol (Maggi)
2. prix de La Meute
3. Défi lourdement condamné

Alerte de La Meute n°3 : Irrésistibol (Maggi)
Jamais des membres de La Meute n’avaient réagi en aussi grand nombre ni aussi vivement à une publicité sexiste. Vous trouverez des réactions sur le site : http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/acces.php3?pub=maggi
Il s’agit d’affiches apparues à travers toute la France (en avez-vous vu ailleurs ?) autour du 15 janvier 2003. Il y a deux modèles montrant, l’un le visage d’une femme brune de face, l’autre une blonde de profil, le visage couvert par ses cheveux. Dans un coin, le produit, un bol de nourriture toute prête.
Slogan : « Quel est le secret des brunes ? » ou « À quoi rêvent les blondes ? » Pour les deux : « Irrésistibol, au moins 7 mn d'intelligence par jour »
Les clichés sur les brunes ou sur les blondes sont sexistes. Si on remplaçait brunes par juives et blondes par Noires, le racisme paraîtrait évident et inadmissible. Pourquoi devrions-nous subir le sexisme ? La Meute demande une loi antisexiste, analogue à la loi antiraciste.
« Sept minutes d'intelligence par jour ». On peine à comprendre le raisonnement, mais le résultat est clair : cette publicité considère les femmes comme des idiotes. Est-ce intelligent de s’adresser ainsi aux éventuelles consommatrices ?
Je vous invite à écrire au plus vite à Andreas Schläpfer, P.-D.G. de Nestlé, la maison-mère de Maggi.
Voici quelques adresses trouvées sur les sites :
France
Service Consommateurs Nestlé France, BP 900, 7 boulevard Pierre Carle 77446 Marne La Vallée Cedex 2
courriel : Contact@endirect.nestle.fr
Vous pouvez aussi laisser un message sur le site http://www.nestle.fr/en_direct/conso.asp

Suisse
Nestlé Suisse SA Case postale 2222 CH 1800 Vevey
Vous pouvez laisser un message sur le site de Maggi : http://www.maggi.ch/fr/aboutus/contact.asp

Voici un canevas de texte, à enrichir et à personnaliser à votre idée !
Monsieur,
La campagne d’affichage pour Irrésistibol, visible en France depuis le 15 janvier 2003, me choque profondément.
Les clichés sur les femmes brunes ou blondes sont sexistes. Le slogan « Irrésistibol, au moins 7 mn d'intelligence par jour » est une insulte à toutes les femmes. Comment espérez-vous gagner la clientèle d’éventuelles consommatrices en vous adressant ainsi à elles ?
Je vous demande de cesser au plus vite cette campagne. Dans l’attente de votre réponse positive, je m’engage à n’acheter aucun produit des marques de votre groupe.

Envoyez une copie de votre message au BVP (Bureau de vérification de la publicité, contact@bvp.org), auquel ces affiches ont été présentées, comme l’a indiqué le Service consommateurs de Nestlé dans sa réponse à une membre de La Meute.

Prix de La Meute
Vous êtes déjà près de 200 à avoir voté pour les prix Femino (à la publicité la moins sexiste) et Macho (aux pires). Beaucoup d’entre vous ont envoyé des commentaires très intéressants, que vous pourrez lire sur le site de La Meute après la clôture du vote (le 31 janvier).
Si vous n’avez pas encore voté, je vous invite à le faire sur le site de La Meute http://lameute.org.free.fr/prix/

Défi lourdement condamné

L’association Paysages de France était poursuivie par la société Défi-France qui lui réclamait, notamment, 100 000 euros de dommages et intérêts pour avoir signalé que la société ne respectait pas les réglementations en vigueur (je vous avais envoyé un courriel à ce sujet le 16 novembre 2002, voir http://lameute.org.free.fr/reseau_archives/41a50.php3)
Voici le résultat heureux :
« Par un jugement du 6 janvier 2003, le tribunal correctionnel de Grenoble, a :
1) relaxé Paysages de France ;
2) condamné Défi à payer 8 000 euros de dommages et intérêts à l'association et 8 000 euros à Bernard Durand, directeur de la publication du journal ;
3) condamné Défi à payer 1 000 euros à l'association et la même somme à Bernard Durand aux titres des frais irrépétibles. »

N°48 - 12 janvier 2003

PRIX FEMINO ET MACHO 2003

Aux urnes ! Appel aux signataires du Manifeste "NON à la pub sexiste !"
Vous êtes invité-e à voter, jusqu’au 31 janvier 2003 :
1. pour le prix Femino 2003, qui sera décerné autour du 8 mars 2003 à la publicité la moins sexiste (presse ou affiches) diffusée en 2002 en France ou dans un pays francophone.
Après une recherche qui s’apparente à celle de l’aiguille dans la meule de foin, les responsables de La Meute ont sélectionné neuf publicités, les moins sexistes de l’année.

À vous de voter pour celle que vous souhaitez voir primée !

Attention ! Le vote est réservé aux signataires du Manifeste "Non à la pub sexiste!" Chaque personne ne peut voter qu’une fois.

Comment faire ?
Allez sur le site de La Meute http://lameute.org.free.fr/prix/
Examinez la reproduction des neuf publicités sélectionnées.
Choisissez celle que vous préférez, et votez en remplissant le bulletin prévu ! Vous pouvez ajouter des commentaires.

2. Vous pouvez aussi voter pour le prix Macho 2003, qui sera décerné à la publicité la plus sexiste (presse ou affiches) diffusée en 2002 en France ou dans un pays francophone.
Vous trouverez sur le site une sélection de vingt publicités parmi les plus sexistes. La sélection fut très difficile à réaliser, car nous avions l’embarras du choix ! Vous ne trouverez pas de photos de ces pubs, il vous faudra les imaginer (ou vous en souvenir) grâce aux commentaires qu’en ont faits des membres de La Meute. Dans cette sélection figurent toutes les pubs qui ont fait l’objet d’actions ou de manifestations de La Meute au cours de l’année 2002.
Ces vingt publicités sont classées en trois catégories, et il y aura donc trois prix :
1. Stéréotypes sur les femmes
2. Nudité ou sexualité sans rapport avec le produit.
3. Violences, Prostitution, Pornographie.
Prière d’en choisir une par catégorie ! Si vous en préférez une qui n’est pas dans la liste et qui vous semble pire, vous pouvez voter pour elle, à condition qu’elle figure dans la section du site Publicités commentées.
Ne tardez pas ! Le vote sera clos le 31 janvier 2003.

DES NOUVELLES de La Meute et de Cyril
N°47 - 28 décembre 2002


1. La Meute écrit contre Egg !
2. La Meute écrit pour Cyril.
3. Un jugement australien exemplaire (in english, with french translation)

1. La Meute écrit contre Egg !
Extrait de la revue Stratégies du 13 décembre 2002, dans un article de Pascale Caussat, à propos d’Egg (publicité raciste et sexiste, objet d’une alerte de La Meute). Cette banque avait aussi diffusé une publicité où l’on voyait un chat lancé du haut d’un immeuble. Voir sur le site : http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/acces.php3?pub=egg
Egg « a reçu une quarantaine d’e-mails de La Meute, association de lutte contre la publicité sexiste, et au moins dix fois plus des défenseurs des animaux. »

2. La Meute écrit pour Cyril
Cyril, relais de La Meute à Clermont-Ferrand, était convoqué le 27 décembre 2002 au Tribunal de grande Instance de Clermont-Ferrand en vue d’une mesure de « rappel à la loi ».
La cause : il avait exprimé une réaction par écrit sur une affiche sexiste. Voir la photo sur le site : http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/acces.php3?pub=connexion
La Meute lui a apporté son soutien solidaire. Des membres ont écrit en nombre au Président du Tribunal.

Voici le compte rendu par Cyril :
« L'entrevue au Tribunal a duré dix minutes. Sur le bureau trônait le paquet de 72 lettres de soutien venues de la France entière (chiffre fourni par le délégué du procureur), ce qui laissait entrevoir à ce dernier la force de deux réseaux, le réseau antipublicitaire d'une part et le réseau féministe d'autre part. Ce délégué m'a en revanche précisé qu'aussi justes que puissent être nos revendications (il a toutefois refusé de prendre position sur ce point), la publicité attaquée restait "légale" tant qu'un jugement n'aurait pas été rendu en notre faveur, et qu'en revanche, l'apposition d'inscriptions sur cette publicité reste illégale. Tout en admettant : "vous n'êtes pas un délinquant." Mon interlocuteur m’a par ailleurs laissé entendre qu'il serait préférable de faire pression au niveau politique pour obtenir une loi antisexiste.
Cela étant, considérer ce que j’ai fait comme un délit constitue à mes yeux une interprétation tendancieuse et abusive de l'article invoqué du Code pénal - celui-ci visant uniquement les inscriptions portées sur "les voitures, les façades, la voie publique et le mobilier urbain", pas les panneaux publicitaires. Les véritables délinquants, qui font apposer partout des affiches contraires à la dignité humaine, bien souvent en bafouant aussi les lois de protection de l'environnement, peuvent continuer à prospérer sans être inquiétés, grâce aux carences de la loi, à la démission des pouvoirs publics, au laxisme de la justice.
Je propose donc, pour prolonger cette affaire, de demander des excuses écrites à l'annonceur et à l'afficheur, ce qui n'avait pas encore été fait pour cette campagne publicitaire pourtant particulièrement insultante. Si nous recevons ces excuses écrites, nous pourrons considérer l'affaire comme classée. Dans le cas contraire, je serai près à m'investir dans une procédure contentieuse - dépôt de plainte ou citation directe...
Je me suis personnellement engagé à ne plus commettre de tels actes, sous réserve bien sûr que des mesures soient prises par ailleurs contre de telles publicités, par les pouvoirs publiques ou les publicitaires eux-mêmes. Précisons également que cet engagement... qui n'engage que moi est avant tout destiné à ne pas compromettre d'autres démarches associatives, dans le cadre légal, que je dirige par ailleurs et me laisse la liberté de remplacer la bombe de peinture par les autocollants à la colle extra-forte - effets garantis, voir photos sur le site de la Meute.
Il serait à présent souhaitable que, ici comme ailleurs en France et dans le monde, d'autres citoyen(ne)s prennent le relais et usent à leur tour du droit de "légitime réponse" contre les publicités sexistes ou discriminatoires. Seule l'action du plus grand nombre permettra à terme de faire bouger les choses. »
Cyril

Florence Montreynaud : La Meute prépare des lettres de demande d’excuses écrites à l'annonceur et à l'afficheur.
Pour les personnes qui veulent prendre le risque d’écrire sur des affiches, un conseil d’habitué-es : organisez une séance de réflexion collective pour trouver des phrases adaptées. Par exemple, en Suisse romande, nous apprend Le Matin du 17 déc. 02, des féministes ont écrit sur des affiches de la marque de sous-vêtements qui donne des « leçons de séduction » numérotées, la pertinente réplique suivante : « PROBLEME N°1 : LA DOMINATION MASCULINE ! » ; ou sur une autre affiche pour sous-vêtements, avec femme offerte, les lettres H&M ont été complétées ainsi : H&MACHO, avec une bulle sortant de la bouche du mannequin : « FAIS-MOI PLAISIR… ARRACHE CETTE AFFICHE ». Le même quotidien publie une interview du sociologue Jean-Pierre Keller qui commente le sens politique de ces slogans, et rappelle que l’écrivain français Guy Debord avait pratiqué à grande échelle ce type d’action en mai 1968, rendant ainsi les publicités ridicules.
Autre exemple, à Bruxelles. La GAF’elles (Groupe d’action féministe) réalise de savoureux détournements d’affiches. Ainsi, une affiche vantant une bière avec une belle femme et le slogan « Tout le plaisir est pour moi » a été décorée d’un vigoureux « VIVE LA MASTURBATION ! »

3. Un jugement australien exemplaire
Elspeth McOmish, membre de La Meute, communique une décision de justice prise en faveur de quatre "détourneuses de pubs anti-sexistes" par Pat O'Shane, un magistrat de Sydney, en janvier 1993.
La publicité était pour les sous-vêtements Berlei et montrait une femme en train d'être coupée en deux par un magicien, avec les mots: "You'll always feel good in Berlei" (Vous vous sentirez toujours bien en Berlei). Les femmes avaient écrit "Even if you're being mutilated" (Même si vous êtes mutilées).
Voici un extrait du jugement original (et ci-dessous sa traduction française)
“Let me say this. Women are subjected to violence daily, if not hourly, if not by the minute. It is no accident in a society dominated by males that we get this kind of advertising ... It is no accident that we do not see similar depictions of men being disembodied, dismembered and it is no accident, therefore, in fact it flows indeed, that we have laws ... to protect the property of a male-dominated society. The real crime in this matter was the erection of these extremely offensive advertisements. Let nobody be under any misapprehension about it. And what redress does 51% of the population have? Absolutely none. Not only because of that male dominance ... but also because of the massive power that is exercised through huge financial resources. It is an absolute outrage and I am enraged to find myself in a position where I have to deal with four women who have taken the action they did ... which they felt justified in taking and I don't for one moment accept that they were engaged in some kind of idealistic prank. We have a very, very sorry society indeed when these women can be brought before this court for this sort of thing in the light of the depictions which I find in the photograph of that particular advertisement. We live in a society in which at least one, and possibly more judicial officers can state to the world that the law will condone violence towards women. What sort of world are we creating for ourselves? Ladies, you are excused.”

« Laissez-moi vous dire ceci : les femmes subissent la violence tous les jours, si ce n'est toutes les heures, toutes les minutes. Ce n'est pas un hasard si dans une société dominée par le sexe masculin, on a ce genre de publicités... Ce n'est pas un hasard si on n'y voit pas de représentations d'hommes désincarnés, démembrés, et ce n'est pas un hasard, en conséquence -- en fait, cela en découle directement -- si l'on a des lois... pour protéger la propriété d'une société dominée par le sexe masculin. Que personne ici ne se méprenne : le véritable crime en cette affaire a été de mettre en place des publicités extrêmement insultantes. Et que reçoit en contrepartie 51% de la population ? Absolument rien. Non seulement à cause de la domination masculine, mais aussi à cause d'un pouvoir qui s'exerce massivement par de gigantesques moyens financiers. C'est un outrage absolu, et j'enrage de me trouver en position de juger quatre femmes qui ont agi comme elles l'ont fait, et qui l'ont fait en toute connaissance de cause. Pas une seconde je n'accepte l'idée qu'elles aient commis une espèce d'incartade idéaliste. A la lumière de ce que je vois représenté dans la photographie de cette publicité-là, c'est une bien triste société vraiment que celle où des femmes doivent comparaître devant cette cour pour un pareil motif. Nous vivons dans une société où au moins un officier judiciaire, et probablement plus, peut déclarer au monde entier que la loi condamnera la violence vis-à-vis des femmes. Quelle sorte de monde sommes-nous en train de créer pour nous-mêmes ? Mesdames, vous êtes relaxées. » (traduction par Annick Boisset)

Voir aussi le rapport d'un comité parlementaire de Victoria (un État de l'Australie) sur la représentation des femmes sur les panneaux publicitaires : http://www.women.vic.gov.au/owa/owaimages.nsf/Images/women/$File/women.pdf
et un article d'un quotidien de Melbourne expliquant le rapport : http://www.theage.com.au/articles/2002/06/18/1023864428666.html

À bientôt !
Florence Montreynaud

DES NOUVELLES de La Meute
N°46 - 20 décembre 2002


Cyril, membre dynamique de La Meute et relais à Clermont-Ferrand, est convoqué le 27 décembre 2002 au tribunal en vue d’une mesure de « rappel à la loi ».
La cause : il a exprimé une réaction par écrit sur une affiche sexiste. Voir la photo sur le site de La Meute : http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/acces.php3?pub=connexion
La Meute lui apporte son soutien solidaire.
Voici la lettre que nous vous proposons, comme aux autres signataires du Manifeste "NON à la pub sexiste !", d’envoyer au plus vite par la poste au président du tribunal, afin qu’elle lui parvienne avant le 27 décembre. Vous pouvez la copier ou l’adapter.

« (Prénom, nom, adresse)

à Monsieur le Procureur de la République
près le Tribunal de Grande Instance de Clermont-Ferrand
16, place de l'Étoile
63033 CLERMONT-FERRAND cedex 1

Monsieur le Procureur,

J’apprends que M. Cyril, membre comme moi du réseau La Meute contre la publicité sexiste, est convoqué au Tribunal de Grande Instance de Clermont-Ferrand le 27 décembre 2002 en vue d'une "mesure de rappel à la loi", suite aux "dégradations volontaires" qu’il a commises sur un panneau publicitaire le 21 septembre 2002.
Cette convocation m’étonne.
En effet, comme vous pouvez le constater sur la photo en votre possession, la publicité de la marque Connexion visée par son action était sexiste, c’est-à-dire dans ce cas discriminatoire à l'encontre des femmes en général, ainsi que des rousses en particulier.
La publicité montre le buste d’une jeune femme rousse, dont le visage est parsemé de taches de rousseur. Le slogan est : "J'ai pas choisi mes taches, je veux choisir mon lave-linge."
Assimilant la rousseur à un défaut physique dont la femme serait affligée, cette campagne met sur le même plan les taches du linge, liées à la saleté ou à la souillure, et ce qu’on appelle des « taches de rousseur », qui sont propres à certains types de peaux.
En outre, c’est un cliché sexiste que d’assigner la femme à la lessive, comme si elle était seule concernée par l’achat d’un lave-linge.
Enfin, le slogan comprend une faute de français grossière.

Selon moi, c’est plutôt cette affiche, avec sa discrimination sexiste, qui constitue un trouble à l'ordre public, d’autant qu’elle a été exposée sur de nombreux panneaux de 12 m2 à travers toute la France.

M. Cyril s’est contenté d’écrire sur cette affiche « DÉGRADANT - CONNEXION LES PUBS LES PLUS BÊTES »
Selon moi, il a fait preuve d'une grande modération.
Par cette action, M. Cyril a appliqué le principe de la "légitime réponse", à savoir la légitime défense face à une agression publicitaire, doublée du droit de réponse et de critique dont dispose le public face aux œuvres qui lui sont livrées. Son action s'inscrit dans le cadre de la liberté d'expression dont disposent tous les citoyens français, liberté reconnue d'une part par la loi du 29 juillet 1881 et d'autre part par l'article 10 de la Convention Européenne de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales.
La protection des affiches publicitaires en tant que propriété privée n'entre pas dans le cadre de l'article 322-1 du Code pénal que vous invoquez ; en outre, il n’est résulté de l’action qu'un « dommage léger », comme mentionné dans cet article.
Par ces motifs, je vous demande :
1° d'abandonner toutes les poursuites qui pourraient être menées à l'encontre de M. Cyril
2° de convoquer en vue d'une mesure de rappel à la loi les auteurs du trouble à l’ordre public :
a) la S.A.R.L. GPA TECH, sise 140, boulevard Gustave-Flaubert, 63000 CLERMONT-FERRAND, prise en la personne de son représentant légal, domicilié ès-qualité au siège de cette société, attendu que la publicité en question était réalisée au bénéfice du magasin à l'enseigne Connexion exploité par cette société ;
b) la société par actions simplifiées CLEAR CHANNEL FRANCE, sise 21, boulevard de la Madeleine, 75001 PARIS, prise en la personne de son président, monsieur Jacques MACHUROT, domicilié ès-qualité au siège de cette société, attendu que ladite société est le propriétaire et l'exploitant du panneau de marque Dauphin sur lequel était apposée la publicité en question.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le Procureur, en l'expression de ma considération respectueuse.
[signature]»

à bientôt !
Florence Montreynaud

DES NOUVELLES de La Meute et des publicités sexistes !
N°45 - 4 décembre 2002


Les récentes alertes de La Meute ont suscité de nombreuses réactions de signataires du Manifeste "NON à la pub sexiste !" Leurs lettres figurent sur le site http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/ (puis cliquez sur le nom de l’annonceur).
Certains des annonceurs que nous avons interpellés ont répondu. Je vous ai transmis la réponse de Havas (satisfaisante) et de Rossignol (pas assez précise), ainsi que la nouvelle lettre envoyée par La Meute.
Pour Intermarché d’une part, et pour Egg d’autre part, vous trouverez sur le site le nouvel échange entre La Meute et ces annonceurs. Dans les deux cas, les réponses sont insatisfaisantes et nous avons demandé un engagement plus précis dans un délai de deux semaines.

Un seul annonceur n’a pas répondu au message de La Meute envoyé par lettre et par courriel.
Il s’agit d’une affiche pour des lunettes jouant sur la proximité avec une image de pornographie. Elle est parue sur des affiches dans la rue, en septembre, et dans Le Monde du 27 septembre 2002.
Slogan : "Mikli habille les yeux"
L’écrivaine Danielle Sallenave l’a ainsi commentée dans Libération, 5 oct.-02 : « (…) un sexe féminin en très gros plan ? Je ne peux pas le croire, je m’arrête un instant : confusion volontaire, c’est un œil photographié verticalement, trou noir entre les plis des paupières. (…) »

Voici la nouvelle lettre de La Meute.. Je vous invite à écrire vous aussi au PDG. Vous pouvez vous inspirer de cette lettre ou la recopier, en transformant le « nous » en « je ».
« Monsieur,
La Meute vous a écrit le 26 octobre dernier à propos de votre campagne de publicité que nous jugeons sexiste (voir message ci-dessous) et nous n’avons rien reçu de vous à ce jour.
Sans réponse de votre part avant le 18 décembre, nous envisagerons d’autres formes d’action.

Nous répétons notre message :
Nous protestons contre votre campagne d’affiches dans la rue, en septembre dernier, jouant sur la proximité avec une image de pornographie.
Cette immense fente verticale avec de part et d’autre des sortes de lèvres et quelques poils, fait d’abord penser à un gros plan de vulve rasée, comme on en voit dans la pornographie. Puis on découvre qu’il s’agit d’un œil.
Nous nous élevons contre cette provocation sexiste, contre cette exhibition de l’intime, contre ce viol de notre sensibilité. Vous voulez nous faire acheter vos lunettes, vous nous transformez en voyeurs.
Nous sommes des millions à avoir besoin de lunettes. Nous vous invitons à prendre l’engagement public que vos nouvelles campagnes ne seront pas sexistes. Tant que nous n’aurons pas reçu cette assurance, nous n’achèterons pas de lunettes de votre marque et nous inviterons notre entourage à faire de même. »
Pour écrire au PDG : siège social de Mikli 30 rue Campo Formio 75013 Paris.
Mél : contact@mikli.fr

À bientôt !
Florence Montreynaud

N°44 - 25 novembre 2002

HAVAS et ROSSIGNOL


Les récentes alertes de La Meute ont suscité de nombreuses réactions de signataires du Manifeste "NON à la pub sexiste !" Leurs lettres figurent sur le site http://lameute.org.free.fr.
Certains des annonceurs que nous avons interpellés ont répondu.
Voici un premier courriel avec deux réponses, et la réaction collective signée par des responsables de La Meute. La première réponse (Havas Voyages) est plus satisfaisante que la seconde (Rossignol).

1. Havas Voyages
Un visage de vieille femme acariâtre et le slogan « Débarrassez-vous de votre belle-mère ! »

Voici la réponse d’un responsable reçue le 12 novembre 2002
« Madame,
J'ai lu votre courrier avec la plus grande attention et tiens à vous assurer personnellement de notre plus grand respect.
Je regrette très sincèrement que notre dernière campagne de communication www.havasvoyages.fr vous ait offensé, voire blessé. Ce n'était pas notre intention.
Nous avons choisi un axe créatif "humoristique" en ces temps moroses. Mais l'exercice est difficile et n'est pas humoriste qui veut. Le message signifiait "prenez un peu de temps pour vous, faîtes un break, etc."
Espérant que vous ne nous tiendrez pas rigueur trop longtemps de notre choix, je vous assure tenir compte de vos remarques pour nos prochaines campagnes.
Dans cette attente et formulant le souhait d'avoir très bientôt le plaisir de vous servir à nouveau, je vous prie de bien vouloir agréer l'expression de mes respectueuses salutations.
Jean-Marie Guivarc'h Délégué Général Havas Voyages en ligne »

et voici la réponse collective de La Meute
« Monsieur,
Nous prenons acte des regrets que vous exprimez au sujet de votre publicité « Débarrassez-vous de votre belle-mère ! » dont nous avons dénoncé le caractère sexiste et âgiste.
Votre argument au sujet de l’humour nous semble inacceptable. « On peut rire de tout, disait Pierre Desproges, mais pas avec n’importe qui. » Comme vous avez pu en juger par les courriels que vous avez reçus de membres de La Meute, nous sommes un grand nombre qui ne voyons rien d’humoristique dans votre image déplaisante de belle-mère.
Nous prenons bonne note de votre engagement de tenir compte de nos remarques pour vos prochaines campagnes. Croyez bien que La Meute y sera très attentive ! »

2. skis Rossignol
Publicité illustrant un cliché sexiste, le couple du macho paresseux et de la femme faisant des tâches ménagères.
Voici la réponse de deux responsables reçue le 4 novembre 2002
« Madame,
Le contexte général a conduit la marque Rossignol à adopter un ton décalé et humoristique pour certaines actions de communication produits.
C’est ainsi que pour communiquer sur notre matériel de ski spécialement adapté aux femmes, notre agence de publicité a imaginé tourner en dérision un poncif sexiste.
Il est clair que notre volonté a été de dénoncer par l’humour le comportement sexiste en général et celui qui vise en particulier certains actes de la vie courante.
En aucun cas, il n'a donc été dans notre intention de heurter la sensibilité de tel ou telle. Si tel a néanmoins été le cas, nous en sommes profondément désolés et nous vous exprimons nos regrets.
Nous nous faisons naturellement votre interprète auprès de notre agence de communication. En espérant vous avoir rassuré sur nos intentions, nous vous prions de croire, Madame, en l'expression de nos salutations distinguées.
Eric Leboucher Responsable de la communication
Claudia Stern Responsable projet femmes »

et voici la réponse collective de La Meute

« Monsieur et Madame,
Votre réponse à la lettre par laquelle La Meute mettait en cause la dernière publicité des skis Rossignol ne nous a pas convaincu-es, et nous persistons à la considérer comme sexiste.
Quand vous illustrez un cliché sexiste, même pour le dénoncer, vous lui donnez de la force, et certains peuvent le prendre au premier degré.
Vous n’auriez pas choisi un cliché raciste ou antisémite. Pourquoi utiliser un cliché sexiste ?
Si vous trouvez drôle de montrer une femme en train de repasser ou de râper des carottes en se servant d’un ski, admettez que votre humour puisse ne pas être partagé par des femmes dont vous espérez la clientèle ! Par exemple, celles qui en ont assez d’assurer 90 % des tâches domestiques : pour elles, le spectacle d’un homme bedonnant, installé dans son canapé pendant que sa femme repasse ou cuisine, n’est que trop familier.
Nous prenons acte que vous ne vouliez pas heurter leur sensibilité, et que vous exprimez des regrets. Néanmoins, nous attendions de votre part, comme nous vous l’avions demandé, un engagement plus précis sur le caractère non-sexiste de votre prochaine campagne. En l’attendant, nous persévérons dans notre intention, déclarée publiquement, de ne pas acheter vos skis et nous découragerons notre entourage de le faire. »

À bientôt, pour des nouvelles au sujet des autres alertes !

Florence Montreynaud

N°43
- ALERTE N°2 lancée par courriel le 4 novembre 2002

RACISTE, SEXISTE, ET QUOI ENCORE ?

Des publicités pour une banque en ligne ont été publiées dans des quotidiens français depuis le 3 nov. 02 (Le Monde, Libération, 20 minutes), ainsi qu’à la télévision.
1° publicité.
Image : Un corps d’homme noir musclé, dont la tête n’est pas visible, est couché sur un fauteuil de plage ; il ne porte qu’un string orangé. Le renflement à l’entrejambes est tout petit, comme si la verge de l’homme avait la taille de celle d’un garçonnet.
Message : Idée reçue n° 9 : « Les blacks ont un grand sexe ».
Idée reçue n° 1 : « Ce n’est pas en dépensant de l’argent qu’on en gagne. »
+ des explications sur une carte bancaire
Cette publicité est raciste et sexiste : l’annonceur utilise un corps masculin et un préjugé raciste pour vanter un service sans aucun rapport avec l’image montrée.

2° publicité.
Image : Une femme mince, blonde, de dos, contemple un tableau abstrait. Une autre femme, mince, brune, de dos, contemple un panneau indiquant la sortie.
Au-dessus de la première, se détachant nettement dans la moitié supérieure de la page, le slogan : « Idée reçue n°21 : Les blondes n’ont rien dans la tête. » À côté de la seconde, explications sur la carte bancaire.
Cette publicité est sexiste. Montrer une femme brune, par opposition à une femme blonde, dans une attitude présumée stupide met en image une généralité sexiste.

Je vous invite à écrire à l’annonceur, la banque Egg, qui est une filiale de Prudential, premier assureur britannique.
Adresse en France : 44 rue Louis-Blanc 75010 Paris.
Voici la lettre que je lui ai envoyée. Vous pouvez vous en inspirer, ou la reprendre.

« Monsieur,
Je désapprouve vos deux publicités parues dans Le Monde, 3 et 5 nov. 02, Libération et 20 minutes, 4 nov. 02), l’une avec un homme noir vêtu d’un string, l’autre avec deux femmes vues de dos.
La première est raciste et sexiste, la seconde est sexiste. Vous prétendez dénoncer des idées reçues grâce à des images illustrant le cliché inverse : c’est tout aussi méprisant pour les personnes représentées et pour la clientèle que vous visez. En outre, les images montrées n’ont aucun rapport avec le service que vous vantez.
Je vous demande de cesser de diffuser ces publicités et de veiller à l’image non sexiste de vos prochaines campagnes. Faute de réponse satisfaisante de votre part, je m’engage à ne jamais avoir recours à vos services. Je fais part de mon indignation à mon entourage en l’invitant à faire de même. »

Nouvelles publicités dans la même série
A la télévision, autre « idée reçue ». Image : un nain, à qui l’on fait absorber un bol de soupe. Slogan: « Idée reçue : manger de la soupe fait grandir. » Une autre : un chat qu'on jette d'un immeuble. Idée reçue : les chats retombent toujours sur leurs pieds.
Et encore une dans Le Monde et Libération du 6, avec un étron de chien sur un canapé. Idée reçue: le chien est le meilleur ami de l'homme.

Bonne écriture ! Et rappelez-vous : une protestation exprimée par une personne correspond à la colère de mille personnes furieuses et n'ayant pas écrit.

Voici ce qui est paru dans Le Monde du 8 novembre 2002, p. 22 :
« De leur côté, les anti-publicitaires poursuivent leurs actions pour obliger certains annonceurs à abandonner des campagnes qui "vont trop loin". L'association La Meute a dénoncé, le 5 novembre, la campagne de la banque en ligne britannique Egg. "Sous prétexte de dénoncer des idées reçues, comme les "blacks ont un gros sexe" ou "les blondes n'ont rien dans la tête", cette publicité est raciste et sexiste", fustige Florence Montreynaud, cheftaine de file de La Meute. »

De nombreuses personnes de La Meute ont écrit au PDG.
J’attends sa réponse.
(à suivre)

À bientôt !
Florence Montreynaud

DES NOUVELLES de La Meute et des publicités sexistes !
N°42 - 29 octobre 2002 ALERTE N°1

De nouvelles publicités sexistes !

Peut-être n’avez-vous pas pris connaissance des dernières publicités sexistes commentées sur le site de La Meute (page : http://lameute.org.free.fr/publicites/pubcomm/). En voici quatre, avec l’adresse de l’annonceur.
Et si vous écriviez… L'argument qu'emploient les annonceurs pour se défendre est qu'ils ne reçoivent aucune protestation de féministes. Donc, écrivez, c'est utile ! On estime qu'une protestation exprimée par une personne correspond à la colère de mille personnes furieuses et n'ayant pas écrit. Les publicitaires savent bien que les annonceurs tiennent compte des lettres de critiques.
Pour écrire, commencez par indiquer précisément de quelle publicité vous traitez ; ensuite, vous expliquez pourquoi elle vous semble sexiste ; vous pouvez préciser que, pour cette raison, vous n’achetez pas son produit ou service et que vous diffusez largement autour de vous cette information ; enfin, vous demandez que l’annonceur cesse de la diffuser et que pour sa prochaine campagne il veille à donner de lui une image non sexiste.

Je joins le courriel que j’ai envoyé ; vous pouvez vous en inspirer. Envoyez-moi votre courriel que je pourrais mettre sur le site de La Meute, avec votre nom.

Voici donc l’ALERTE N°1

1. Havas voyages : publicité illustrant un cliché sexiste, la belle-mère acariâtre (parue dans Le Monde, 3 oct 02 ; Libération 5 oct 02 )
Vous pouvez la voir sur le site http://www.havasvoyages.fr/pub.htm
Photo : Tête d’une femme d’une soixantaine d’années, au cou plein de rides, au visage marqué ; elle ne sourit pas, et son regard est sévère ; ses cheveux sont blancs et deux énormes bigoudis lui hérissent le crâne.
Slogan : « Débarrassez-vous de votre belle-mère ! » ; au-dessous, l’adresse internet : www.havasvoyages.fr, et l’ordre « Cliquez et partez ! »
Il s’agit de la publicité pour un week-end bon marché à Bruxelles.
Les clichés sur les belles-mères autoritaires et emmerdeuses sont fréquents dans la culture machiste.
Ce cliché est sexiste, et il relève aussi de l’âgisme (le racisme anti-vieux).
Les femmes, qu’elles soient ou non belles-mères, voyagent. Elles pourraient bien se passer des services d’une agence qui les méprise ainsi !
Adresse du siège social de Havas Voyages : 6-8 place Jean Zay 92594 Levallois-Perret
Adresse mél : callcenter@havasvoyages.fr
agence : Jump France 6 cours André Philip 69626 Villeurbanne Cedex tél.04 37 47 36 36 ; télécopie : 04 37 47 36 46 Adresse mél : info@jumpfrance.com

« Votre publicité avec une belle-mère acariâtre parue dans Le Monde du 3 oct. dernier et Libération du 5 oct. illustre un cliché sexiste et âgiste.
Je suis une belle-mère, je voyage et désormais je me passerai d’une entreprise qui méprise ainsi sa clientèle. J’invite mon entourage à faire de même.
Je vous demande de cesser de diffuser cette publicité et de veiller à l’image non sexiste de vos prochaines campagnes.
»


2. Skis Rossignol
publicité illustrant un cliché sexiste, le couple du macho paresseux et de la femme faisant des tâches ménagères.
Cette publicité n’est pas encore sortie, elle sera diffusée en novembre dans la presse féminine des pays de l’arc alpin. Voici comment elle était présentée par Toutsurlacom.com (3 octobre 2002)
« Rossignol chante pour les femmes : Rossignol lance cet hiver une gamme complète de skis et de chaussures entièrement dédiée aux femmes. L'événement est couvert par Desdoigts&Associés côté design et par Louis XIV DDB côté campagne de lancement.
Affalé dans son canapé, un homme ringard et bedonnant se dit que "le ski est enfin adapté aux femmes" en regardant sa dulcinée s'évertuer à repasser ou à râper des carottes avec l'un des nouveaux skis très colorés et très "mode" de la nouvelle gamme Saphir! »
Cette même marque de skis avait déjà choisi pour sa campagne précédente une publicité sexiste (visible sur le site http://www.skifamilles.com/rossignol/), avec un dos nu de femme allongée : sur une couche de crème solaire représentant de la neige, une main d’homme dessinait des traces de skis.

Skis Rossignol, rue du Docteur Butterlin 38500 Voiron Tél.: 04 76 66 65 65 Fax. 04 76 05 90 85 Site internet : www.rossignol.com
Président: M. Laurent BOIX VIVES
adresse mél : bernardc@skisrossignol.fr

« Votre publicité, annoncée par Toutsurlacom.com (3 octobre 2002) illustre un cliché sexiste, le couple du macho paresseux et de la femme faisant des tâches ménagères.
En tant que femme et skieuse, je me sens insultée par cette publicité : vous prenez vos futures clientes pour des idiotes.
Je n’achèterai pas de skis de votre marque, et j’invite mon entourage à faire de même.
Je vous demande de cesser de diffuser cette publicité et de veiller à l’image non sexiste de vos prochaines campagnes. »


3. Mikli : publicité jouant sur la proximité avec une image de pornographie (affiches dans la rue, sept.-02 + Le Monde, 27 septembre 2002)
Slogan : "Mikli habille les yeux"
De loin, on croit voir une image de film porno : une immense fente verticale avec de part et d’autre des sortes de lèvres et quelques poils. De près, ça paraît bizarre, puis on identifie : c’est un œil, aux paupières à peine ouvertes. Les poils sont des cils et les lèvres sont les paupières. Mon tout est une publicité sexiste, faite par un marchand de lunettes qui est prêt à tout pour se faire remarquer, y compris à jouer sur une connivence entre amateurs de porno.
L’écrivaine Danielle Sallenave l’a ainsi commentée dans Libération, 5 oct.-02 : « (…) un sexe féminin en très gros plan ? Je ne peux pas le croire, je m’arrête un instant : confusion volontaire, c’est un œil photographié verticalement, trou noir entre les plis des paupières. (…) »
agence : devarrieuxvillaret
photographe : Cleo Sullivan
adresse du siège social de Mikli : 30 rue Campo Formio 75013 Paris. Mél : contact@mikli.fr

« Je proteste contre votre campagne d’affiches dans la rue, en septembre dernier, qui jouent sur la proximité avec une image de pornographie.
Cette immense fente verticale avec de part et d’autre des sortes de lèvres et quelques poils, fait d’abord penser à un gros plan de vulve rasée, comme on en voit dans la pornographie, avant qu’on découvre qu’il s’agit d’un œil.
La correspondance entre la vulve et l’œil est l’un des symboles les plus anciens de l’humanité. Vous la reprenez dans le but de choquer, et c’est bien ce qu’a aussi ressenti l’écrivaine Danielle Sallenave (voir Libération du 5 octobre).
Je m’élève contre cette provocation sexiste, contre cette exhibition de l’intime, contre ce viol de notre sensibilité.
Nous sommes des millions dans ce pays à avoir besoin de lunettes. Soyez assurés que jamais de ma vie je n’achèterai de lunettes de votre marque et que j’invite mon entourage à faire de même.
Je vous demande de veiller à l’image non sexiste de vos prochaines campagnes.
»


4. Intermarché : clichés sexistes à la pelle dans une série d’affiches dans la rue et de publicités publiées dans la presse depuis juillet 2002.
Je vous invite à aller lire sur le site de La Meute les lettres fermes et souvent pleines d’humour adressées par des signataires du Manifeste "NON à la pub sexiste !"
adresse Siège social d’Intermarché 37 allée des Mousquetaires 91070 Bondoufle
mél : intermarche@mousquetaires.com

« Votre série d’affiches et de publicités publiées dans la presse depuis juillet 2002 me choque par ses clichés sexistes. Je suis une acheteuse (éventuelle) et non une « maman ». Vos slogans, notamment celui sur la « fidélité » des mamans qui « rassure les papas », me déplaisent à cause de la confusion que vous entretenez avec le domaine sexuel.
Je ne donnerai pas d’argent à une entreprise qui méprise ainsi sa clientèle, et j’invite mon entourage à faire de même.
Je vous demande de cesser de diffuser vos publicités et de veiller à l’image non sexiste de vos prochaines campagnes
. »

Bonne écriture ! Et rappelez-vous : une protestation exprimée par une personne correspond à la colère de mille personnes furieuses et n'ayant pas écrit.
À bientôt !
Florence Montreynaud

N°41 - 21 octobre 2002

VOUS AVEZ DEMANDÉ LA MEUTE ?


« C’est scandaleux », s’exclame Pierre Georges dans Le Monde (19 oct. 02) en commentant le lancement d’une publicité pour un parfum, qui représente un homme nu, à la verge bien visible, un homme « très nu, très beau, très viril, très velu ». Il y voit une « atteinte à l’image de l’homme. Enfin, pas de celui-là (…) mais de tous les autres, les pauvres, les humbles, les pas très, les tordus, les pas beaux, les pas jeunes, les pas sveltes ». Il imagine les « ravages dans les ménages », car les femmes pourraient bien lancer : « Dégage, Léon, je veux le même à la maison ! »
Il appelle à l’aide : « Chiens de garde, meute, meute, meute ! »

Vous avez demandé La Meute, mouvement féministe contre la publicité sexiste ? Nous voici !
Merci à ces vendeurs de parfum qui permettent enfin à certains hommes, et peut-être même à vous, Pierre Georges, malgré votre goût pour la provocation, de comprendre l’effet produit sur tant de femmes par cette violence : être l’objet d’une exhibition, voir des images de nudité féminine destinées à des millions de personnes de tous âges, dans les rues, dans le métro, dans des journaux et à la télévision, voir exposée cette nudité qui, dans la réalité, est réservée par la culture à l’intimité.
Un corps nu, offert aux regards, un corps destiné à susciter le désir pour une marchandise, un corps lui-même marchandise. Un corps parfait, et comme ce n’est jamais le cas, même pour des mannequins, un corps qui a été modifié par des ordinateurs pour gommer un défaut, lisser une courbe, allonger des jambes. Un corps semblable à tant d’autres corps des images publicitaires : magnifique, idéal, irréel. Violent.
Violent par sa perfection inhumaine. Violent par son exhibition massive. Violent parce qu’il impose dans notre vie, dans notre esprit, sa norme, toujours la même : jeunesse, beauté, santé. Violent parce qu’il propage dans le monde entier une norme occidentale : le visage et le corps de Blancs.
Oui, la publicité sexiste fait des ravages. Elle nie les différences. Elle sape l’estime de soi. Elle manipule nos désirs, elle joue de nos frustrations, elle aggrave notre mal-être.
NON à la publicité sexiste ! OUI au respect ! La Meute demande une loi antisexiste, afin de défendre les femmes comme les hommes.

Cette lettre a été publiée dans le Courrier des lecteurs du Monde du 23 octobre 2002, sous le titre « La Meute et la pub »

Janine Perrimond a consacré à cette affaire sa chronique sur RTL le 23 octobre 2002
«(…) Oui, et pas le nu sportif , entrevu de dos avant de passer à la douche.. non, le nu sexy, et dans des poses torrides. Bref, du très nu. Franchement pas vilain - Car il s'agit de jeunes gens vraiment bien, sous tous les angles! Une pub Yves Saint Laurent présente même un homme avec tous ses attributs. Pour déclencher un acte d'achat. c'est une première. Enfin c'est seulement dans les magazines de luxe que cette image-là sera produite. Dans les journaux plus bas de gamme, on ne verra que le haut cet Apollon, pas le reste, faudra se contenter de ses aisselles. Normal, puisque nous l'oublions pas, il s'agit de faire vendre un déodorant sans alcool, et un gel-douche corps/ cheveux. Ce qui est rigolo, c'est qu'on a lu à ce sujet dans une gazette -sous la plume d'un homme spirituel : Au secours ! cet homme il est trop beau, à côté, de quoi ai-je l'air ? Et si ma femme disait : je veux le même à la maison ? Eh bien un groupe de féministes, qui répond au doux nom de la Meute, a volé au secours du camp masculin. Elle demande qu'on mette fin à ces pubs sexistes,- qu'on y voie des hommes, ou des femmes. Au passage, la Meute ne se prive pas d'une petite leçon, à l'égard de nos compagnons. Qui dans l'ensemble, ne sont pas atrocement gênés par la vue des filles très déshabillées, dans les publicités. Vous voyez l'effet que ça fait, dit-elle, de voir le corps de l'un des vôtres, exposé à des millions de regards, comme une marchandise. Et surtout, d'avoir à se comparer à une image d'une beauté sublime, presque irréelle. Il y a des jours où ça choque, d'autres, où l'on ressent ça comme une violence.

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Commentaires de signataires du Manifeste "NON à la pub sexiste !"
Francine Comte « Ce n'est pas tellement la beauté de ces corps qui est violente, mais le fait même de se servir du corps dans sa nudité, dans son aspect "objet désirable" comme produit pour faire vendre quelque chose. Vendre le corps est le message qui passe. Je pense que l'obscur désir qu'ont les gens de ce qui est hors d'atteinte est efficace sur certains : on vole les objets qu'on ne peut se procurer, eh bien on peut de même voler, violer les corps, ou les acheter : le pas peut être franchi. »

Tristan Klein « Je suis d'accord, à un bémol près. Il me semble qu'il y a une différence majeure entre les hommes et les femmes et donc entre les représentations publicitaires concernant les hommes et les femmes : si les femmes sont encore dominées dans la société (et la publicité sexiste en est une manifestation), il n'en est pas de même pour la position masculine, qui anime cette domination (si les femmes ont en moyenne et toutes choses égales par ailleurs des salaires inférieurs de 20% aux hommes c'est bien parce qu'il y a des employeurs hommes (il y a encore moins de femmes chez les patrons) pour ne pas leur accorder une juste rémunération (ils trouvent toujours des excuses, de moins en moins valables)). Voilà pourquoi, si le ton de la réponse est juste car il est bon de convaincre d'autres hommes de rejoindre le manifeste contre la pub sexiste, le combat des femmes est d'abord un combat contre la domination masculine, et la situation ne peut être symétrique. C'est pourquoi par delà une réaction isolée, les pubs visiblement destinées à une "cible" féminine n'ont pas le même caractère que les pubs sexistes qui visent à perpétuer par l'image la domination des hommes sur la société (à travers l'écrasement ou l'humiliation des femmes). D'une certaine manière, bien qu'il soit souhaitable qu'aucun être humain ne soit avili dans sa représentation, compte tenu du poids des siècles passés, une petite humiliation de l'image masculine ne peut guère faire de mal. Et puis, il s'agit bien là de remettre en cause le schéma traditionnel masculin, alors ça a un côté rigolo (les hommes doivent apprendre l'autodérision). »


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Elle l'avait annoncé!
"Et y a qu'à voir les murs en ville et les pubs dans les journaux, la prochaine grosse tendance, visiblement, ça sera les hommes objets, sublimement jeunes, sublimement beaux, offerts et prêts à jouir... qu'est-ce qu'on va se faire chier..."
Virginie Despentes, Le Figaro, 8 octobre 2002