L'ACTION DE LA MEUTE

Que vendez-vous chez Surcouf ? Des slips ou des ordinateurs ?

21 octobre 2008
La Meute des Chiennes de garde
6500 personnes et associations dans 58 pays

« Êtes-vous proxénète ou spécialiste d'informatique ? »
LETTRE OUVERTE à M. Yves Lagier, PDG de Surcouf

Monsieur,

Vous avez choisi d'illustrer par une image de prostitution votre offre de 10 % de remise grâce à la carte « @vantages ».
Dans les vitrines de votre magasin parisien 139 avenue Daumesnil, vous exposez des affiches avec deux « blondes » en soutien-gorge, slip et bas noirs, déhanchées et cambrées, qui regardent les passants - clients potentiels - par en dessous avec un sourire d'invite. Elles encadrent un adolescent en bermuda, l'air niais. Lui posant la main sur l'épaule, elles s'apprêtent à l'embarquer, comme en témoigne le slogan : « Résisterez-vous à autant d'@vantages ? »

Oui, nous résistons à vos « @vantages » !

Dans le magasin, sur le site et sur un dépliant, figurent aussi d'autres images des deux femmes, ou d'une seule, dans la même tenue, avec en travers du corps la mention : - 10 %.

Que vendez-vous chez Surcouf ? Des slips ou des ordinateurs ?

Nous vous demandons
- de retirer ces images sexistes de vos vitrines
- de prendre l'engagement de cesser ce type de campagne.
Faute de quoi, les membres de notre réseau s'abstiendront désormais d'acheter quoi que ce soit dans vos magasins.

Nous déposons à la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité une plainte contre votre campagne publicitaire sexiste.

Des Chiennes de garde manifesteront devant votre magasin 139 avenue Daumesnil samedi 25 octobre entre 16h et 17h. Nous vous demanderons des comptes sur cette utilisation de corps féminins comme appât pour vendre des marchandises, et sur cette représentation tout aussi dégradante de vos clients.

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LETTRES DE MEMBRES DE LA MEUTE

Je désapprouve totalement votre dernière campagne publicitaire très dégradante pour les femmes, non seulement parce qu'elle présente deux jeunes femmes comme des objets sexuels exposées sur votre vitrine, mais aussi parce que l'allusion à la prostitution est très explicite ...
Or on ne peut banaliser ainsi cette activité, qui vous le savez sans doute est dans la grande majorité des cas subie par les femmes et soumise à la domination et à la violence des hommes qui en tirent le plus de profit (on parle quand même aujourd'hui d'"esclavage sexuel" !). C'est révoltant de voir votre société adresser un message qui encourage à cela !
Le sexisme était-il vraiment utile pour faire la promotion de votre société ?
En espérant de tout coeur que vous utiliserez d'autres ressorts dans vos prochaines campagnes ... je vous adresse, Monsieur, mes salutations affligées.
Carole Ledoux

Je vous demande
- de retirer ces images sexistes de vos vitrines
- de prendre l'engagement de cesser ce type de campagne.
Faute de quoi, comme vous en êtes déjà informé, non seulement les membres du réseau s'abstiendront désormais d'acheter quoi que ce soit dans vos magasins, mais en outre, je ferais personnellement mon maximum pour convaincre mes collègues responsables des achats dans les collèges et lycées de l'académie où je travaille, qui sont majoritairement des femmes -éduquées et conscientes- de ne plus faire aucun achat dans vos magasins désormais, mais de nous fournir chez ceux de vos concurrents qui ne contribuent pas à véhiculer l'idée que les femmes sont une marchandise.
Juliette Doroy

Votre récente campagne publicitaire se veut provocante et de mauvais goût. Elle constitue une insulte et une humiliation à l'encontre de toutes les femmes.
Partout dans la rue et dans les médias s'affichent des messages douteux réduisant la femme à une marchandise qu'on peut s'offrir (avec un rabais de 10% dans votre cas).
Pourquoi témoignez-vous d'un tel mépris à l'égard de la gent féminine ?
Notre époque est significative d'une régression des valeurs de notre société, qui ne peut conduire qu'à un appauvrissement généralisé dans tous domaines, de notre pays.
Pour information, ma jeunesse m'a permis hélas d'entendre quotidiennement des insultes sexistes dont « salopes » et « les blondes sont toutes des salopes »…, insultes que vous encouragez.
Ayant par le passé acheté mon matériel informatique dans votre entreprise, je fais donc serment de ne plus jamais me rendre dans votre magasin ni d'acheter sur votre site.
Autour de moi, j'informerai quant à votre attitude méprisante à l'égard des femmes.
Annie Morel

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RÉPONSE-TYPE

Je suis désolé que notre campagne publicitaire ait pu vous choquer voire vous offenser.
Notre objectif n'était pas d'offusquer bien sûr, mais simplement de faire la promotion de notre carte de fidélité par un regard décalé.
Surcouf a toujours eu l'habitude de communiquer de façon ludique mais sans jamais vouloir blesser qui que ce soit et si tel est le cas, comme vous nous l'exprimez dans votre courrier, je tiens clairement à vous présenter toutes nos excuses au nom de la présidence de Surcouf.
Sachez que nous avons pris en compte vos remarques et que nous avons réduit fortement la visibilité de cette campagne et modifié les éléments
publicitaires qui étaient modifiables rapidement (web, publicités
magasins.).
Encore une fois nous vous prions d'accepter toutes nos excuses et vous remercions pour avoir attiré notre vigilance sur notre façon de communiquer vers nos clientes et nos clients.
Je vous prie d'agréer Madame l'expression de ma considération distinguée.
La direction SURCOUF
MR BEAULIEU

RÉPONSE DE LA MEUTE
Ces arguments sont d'une banalité affligeante : « regard décalé », « communiquer de façon ludique » : il s'agit de deux blondes en soutien-gorge, slip et bas noirs, déhanchées et cambrées, encadrant un adolescent en bermuda, l'air niais, et s'apprêtant à l'embarquer.
Surcouf associe à cette image les mots décalé et ludique. Pour nous, il est sexiste et ringard d'utiliser des corps de femmes dénudés pour vendre des marchandises ; en outre, cela semble peu commercial de mépriser ainsi les clients potentiels, qui ne sont pas seulement des hommes.

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RÉACTION TRÈS RAPIDE

Le 21 octobre à 16h, La Meute des Chiennes de garde diffuse la lettre ouverte à Yves Lagier, PDG de Surcouf, lui demandant de retirer ces images sexistes des vitrines et de prendre l'engagement de cesser ce type de campagne. Les Chiennes de garde le préviennent qu'elles vont aboyer auprès de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité en déposant une plainte pour sexisme.
En outre, elles appellent à un rassemblement devant le magasin Surcouf le 25 octobre afin de demander des comptes au PDG sur cette utilisation de corps féminins comme appât pour vendre des marchandises, et sur cette représentation tout aussi dégradante des clients.

Le 22 octobre dès l'ouverture du magasin, SURPRISE : dans les vitrines, les affiches incriminées (qui devaient rester jusqu'au 31 octobre, date de la fin de l'offre promotionnelle) sont masquées !

Satisfaites de cet empressement, les Chiennes de garde annulent le rassemblement du 25, mais elles attendent de patte ferme que le PDG de Surcouf prenne l'engagement de cesser ce type de campagne publicitaire sexiste, sinon… ! À bon entendeur, salut !

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à propos de la réponse de Surcouf
Chaque fois que l'on vous fera ce genre de réponse ("c'est un jeu", "on n'est pas sexistes"), demandez-leur donc combien de fois ils voient l'inverse.
A savoir: puisqu'il est normal de montrer du sexe pour vendre (il est bien connu des publicitaires que le sexe fait plus vendre que s'il n'y en a pas), pourquoi ne montrez-vous pas aussi 2 hommes très dénudés encadrant une adolescente (habillée) avec les mêmes slogans ?
Demandez-leur pourquoi on voit toujours des publicités montrant des femmes déshabillées entourant un homme et jamais l'inverse.
Cela seul suffit à prouver l'aspect sexiste de ce genre de publicité. Car ce n'est pas le sexe seul qui fait vendre, mais le sexe féminin !

La publicité utilise les instincts primitifs de l'homme pour vendre, elle s'adresse à son cerveau reptilien mais de manière "civilisée", et voici ce que j'aurais dit à l'auteur de la réponse si je l'avais eu en face:
- Ces publicités sont sexistes parce qu'elles s'adressent à un public masculin. Seul l'homme est considéré comme ayant une valeur intellectuelle, et c'est à lui seul que l'on propose d'acheter un ordinateur (ou une "grosse" voiture ou n'importe quoi d'autre).
- Du reste si ce responsable me disait que non, et que ces publicités sont destinées aussi à des femmes, je lui répondrais que je ne suis pas lesbienne
- Mais son but n'est pas de rendre les femmes lesbiennes, répondra-t-il. En effet. Son but est d'envoyer aux femmes en particulier, et aux petites filles qui regardent ça, un message destiné à leur annoncer que, quoi qu'il arrive, elles seront toujours considérées d'abord comme des putains et qu'il faut qu'elles s'y fassent. Peu importent leurs autres qualités. Elles trouvent cela naturel: moi qui suis féministe depuis l'enfance, je me rappelle avoir regardé pendant longtemps ces publicités d'un oeil indifférent car le déshabillage s'est fait progressivement et j'étais conditionnée pour ne pas y faire attention
Le message envoyé aux petits garçons n'est-il pas que les femmes sont des objets facilement disponibles (et éventuellement violables pour ceux d'entre eux qui présenteront des tendances psychotiques plus tard) et dans tous les cas indignes d'être respectées ?
- L'homme (mâle) a toujours besoin de batailler pour se mettre en valeur, et l'ordinateur (la voiture, etc.) sont aussi les "armes" modernes de notre société, laquelle lorsqu'elle est en temps de paix continue de faire la guerre mais en utilisant d'autres moyens: des matches de foot pour les plus sportifs, des jeux violents sur playstation ou sur PC pour les autres... et dans ce contexte, on est aussi en droit de se dire qu'une femme déshabillée posant sur ce genre de publicité constitue le classique "repos du guerrier" de triste réputation.
- Et pour finir, concernant cette publicité en particulier mais j'en vois très souvent ailleurs, 2 femmes sont proposées à 1 homme. Encouragement à la polygamie masculine ?
A travers tous ces messages subliminaux, le caractère sexiste de cette publicité est bien plus étendu qu'on ne le croirait au premier abord. Les procédés que je viens de décrire, je les vois et revois dans toutes les publicités mettant en oeuvre des corps féminins dénudés. Encore une fois, c'est le sexe - féminin - qui fait vendre, et ce à travers tous ces types de messages.
CB, membre de La Meute

De passage à Paris le week-end dernier, je suis passée devant votre magasin et ai été écoeurée par les publicités exposées (deux femmes en sous-vêtements posant de façon suggestive autour d’un homme assis, et plus loin dans le magasin, des femmes nues dont la poitrine est cachée par des étiquettes « -10% »).
J’aurais pu rentrer dans votre magasin et me laisser tenter par quelque
chose, j’ai passé mon chemin. Je ne rentre pas dans les magasins qui m’insultent en m’assimilant à une strip-teaseuse ou à une prostituée, et j’ai bon espoir que ce soit le cas de la plupart des femmes.
Je ne comprends pas comment vous pouvez autoriser une publicité aussi dégradante pour l’image de la femme et aussi sexiste. C’est consternant.
Inutile de faire perdre du temps à votre service communication si c’est pour qu’il me parle d’ « humour », de « liberté de ton » et/ou de « registre décalé » : il n’y a aucune excuse à ce type de discrimination.
La moindre des choses quand on est commerçant, c’est de respecter les clients. Et les clientes aussi. En attendant que vous compreniez, viveNT vos concurrents !
Alice RALLIER

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LA MEUTE S'ASSOCIE À LA DEMANDE SUIVANTE, ET PARTAGE CETTE ANALYSE.

Communiqué - 29 décembre 2008
Tjenbé Rèd regrette les aspects sexistes, racistes et homophobes d'une campagne publicitaire de Surcouf
(L'association noire et métisse homosexuelle
demande à la RATP de retirer cette campagne de ses murs)
Les couloirs du métro parisien affichent actuellement une campagne publicitaire où l'on voit un jeune homme de couleur déballer ses cadeaux de fin d'année et montrer sa déception en découvrant une paire de pointes (de chaussons de danse). L'antidote à une telle déception est proposé par la société Surcouf, qui vend du matériel informatique et avance le slogan suivant : «Faites lui plaisir...» (et il est vrai qu'on
aimerait bien lui faire plaisir). Surcouf (et la RATP) relaient ainsi plusieurs clichés sexistes, racistes et homophobes :

1°) La danse, c'est pour les filles ;
2°) Les garçons qui dansent, c'est des pédés ;
3°) Les nègres, ça connaît rien à la culture et encore moins à la danse ou à l'opéra.

Conclusion : pour faire plaisir à un garçon, il faut lui offrir du matériel informatique, du vrai matos de mec, pas des trucs de pédé. Le site Internet de Surcouf prévoit une exception mais c'est une exception qui confirme la règle ! En effet, il décline le slogan «Faites lui plaisir !» en distinguant deux catégories de produits, ceux destinés à «L'Homme» et ceux destinés à «La Femme», tant il semble évident que Le-Homme et La-Femme ont des besoins différents en la matière : le premier a besoin d'un matériel fonctionnel (parce qu'il est sérieux) et robuste (car il est viril) alors que la seconde a besoin d'un matériel simple (parce qu'elle est un peu conne) et joli (car elle est futile).

Tjenbé Rèd, association noire et métisse homosexuelle, a notamment pour objet de dénoncer de tels clichés qui légitiment et appellent les propos et les actes sexistes, racistes et homophobes. C'est pourquoi nous demandons à Surcouf et à la RATP de retirer cette campagne de leurs murs et de leurs sites Internet.

Pour Tjenbé Rèd !
Mouvement civique pour l'action & la réflexion
sur les questions noires, métisses & LGBT
en France ultramarine & hexagonale
Le président, David Auerbach Chiffrin

LE FEUILLETON DE LA HALDE